L’histoire : Iggy, de son vrai nom Ignatius (Daniel Radcliffe), se réveille un matin et paf ! voilà qu’on lui apprend que sa copine est morte ! Tout le monde dans le bled paumé où il vit, le croit coupable (à part son avocat, joué par Max The Social Network Minghella). Et comme si cela ne suffisait pas, des cornes commencent à lui pousser. Ces cornes ont pour faculté de forcer toutes les personnes qu’Iggy rencontre à avouer leurs plus sombres desseins, leurs secrets les plus enfouis et à débrailler leurs pulsions les plus noires. C’est ainsi que notre ami se met à la recherche de l’assassin de sa bien-aimée…
La critique : Réalisé par Alexandre Aja, capable du meilleur (La Colline a des yeux) comme du pire (tout le reste), Horns est sorti chez nous en salles à l’hiver dernier, le 1er octobre pour être précis, après avoir été un flop aux USA. En France, il atteint péniblement les 190 000 entrées, soit trois fois moins que son remake de La Colline a des yeux et que (comble de la honte) son effroyablement nul Mirrors.
Les raisons d’un tel échec ? Peuh, pas besoin d’aller les chercher loin !
En effet, ça me fait plus de mal qu’à vous de le dire, mais si Horns est un tel flop, c’est parce que ce film est assez mauvais ! En tout cas à mes yeux c’est un tout petit peu le pire film avec Radcliffe depuis Harry Potter 6, ce qui lui fait une belle jambe (ou de belles cornes ! D’accord elle était facile celle-là !).
Commençons par les points positifs de ce Horns, pas pour être gentil mais parce que c’est le plus rapide. Il faut dire que le grand atout de ce petit flip, qui le tire sans arrêt vers le haut (alors que le reste semble vouloir l’attirer avec acharnement dans les méandres de la nullité absconse) est tout simplement son interprète principal : Radcliffe ! C’est un peu la première fois que je le vois jouer autre chose qu’Harry Potter, comme beaucoup d’autres l’ont dit.
Attention, je dis bien « jouer autre chose qu’Harry Potter », et pas jouer « dans autre chose que dans Harry Potter » (puisque je l’avais déjà vu dans le moyen mais potable La Dame en noir). C’est-à-dire que pour la première fois, je le vois utiliser dans son registre de jeu autre chose que les expressions faciales répétitives et neuneus qu’il rééditait à qui mieux mieux. Bref, pour la première fois, il ne joue pas un ado excité de la baguette magique mais un adulte qui a des responsabilités ! Et contrairement à ce que les mauvaises langues ont pu dire, il est, dans ce rôle, très convaincant.
Autre point (et, pas de chance, c’est le dernier) qui joue en faveur du film, ce sont les très jolis effets spéciaux, très réussis pour un film à petit budget. Le numérique est bien utilisé, les maquillages impeccables, en particulier dans les excès gores (car il y en a : c’est Aja tout de même !). De ce point de vue là, encore, je n’ai que des compliments à faire !
Mais ça s’arrête là ! Et à part un beau flip over en guise de transition dans le premier plan du film, qui illustre bien le bad trip d’Iggy, le reste du film est effarant d’imbécillité !!! À commencer par le scénario : que d’incohérences ! C’en est lassant ! Par exemple : dans une scène, le héros qui vient de se faire brûler vif et jeter dans la flotte, revient parce qu’il a la tête dure voir celui qui vient d’essayer de le tuer (et qui a presque réussi). Et que lui propose-t-il ? Vous ne devinerez jamais : une ballade !! Dans les bois mais oui mais oui !
Autre exemple : dans une autre scène, par ailleurs très laidement photographiée (je dis ça mais ça vaut pour tout le reste du film soit dit en passant), on voit des serpents faire ami ami avec Iggy ! Pourquoi ? Rien dans le film n’apporte ne serait-ce qu’une ébauche de réponse, d’autant que ces serpents mordent sans être venimeux ce qui, vous en conviendrez, est assez rare ! À moins que la Puissance Divine ait retiré tout venin aux bestioles ! Bien évidemment…
Ensuite, l’autre problème majeur du scénario, il vient tout bonnement du postulat de départ : des cornes qui révèlent la bestialité humaine ?? Sérieusement ?? Déjà que je ne suis pas du tout convaincu que, pour reprendre le mot de Kubrick, « dans son inconscient, chacun de nous tue et viole », alors en plus si c’est montré de manière aussi farfelue !! Parce qu’honnêtement, on se rend très vite compte que cette idée de cornes est doublement débile : d’abord parce que cela rend l’intrigue hyper superficielle (puisque du coup, Iggy va forcément trouver le coupable) mais en plus parce que cela donne lieu à toute une succession de scènes soit pseudo-tragiques (la pathétique scène de la mère), soit d’un comique potache qui, je suis désolé, ne m’arrache pas le moindre fou rire, sachant que, comme le dit Desproges, face à ce genre de blagues, j’ai peu tendance à « inciter mes zygomatiques à la tétanisation crispée ».
Ajoutez à ce scénario déjà moisi toute une avalanche de personnages complètement sans intérêt (le frère par exemple, qui est l’objet d’une autre incohérence majeure du film : on le voit tout d’abord à l’hosto dans un piètre état et quelques scènes plus tard, il est dans la forêt, il a suivi son frère Iggy alors que lui est bien portant et semble vouloir l’aider à taper sur l’assassin véritable de la moitié du petit Ignatus) voire clairement emmerdants (je pense surtout à la caissière et à la copine obèse) et vous obtenez l’un des pitchs les plus foirés qu’il m’ait été donné de voir au cinéma ces dix-huit derniers mois. Et même plus !
Et ne croyez pas que l’hécatombe s’arrête là !!! Non, non, ce serait trop facile ! Parce qu’il me reste encore tout un aspect sur la symbolique ratée du film à aborder. En effet, avec ses cornes et son allure de Minotaure du pauvre à qui les gens avouent leurs pulsions, Iggy semble être une sorte d’incarnation moderne de l’Antéchrist, mais perd toute crédibilité au vu des desseins pourris et pitoyables qu’on lui avoue (ça joue entre un type qui a toujours voulu exposer son entrejambe à la cantonale et une autre qui voudrait manger le plus de beignets possibles en même temps pour devenir obèse parce que personne ne l’aime. J’ai pas vu plus insensé de connerie depuis que j’ai arrêté Les Feux de l’amour à cinq ans), en particulier au sujet des deux flics dont on se rend vite compte qu’ils sont homos, ce qui ajoute à la mixture une potacherie ridicule et inintéressante de plus.
Bref, comme vous le voyez, Horns est un ratage sur toute la ligne, moche, bête et con. Un peu comme tous les autres films d’Aja quoi ! (1).
« C’est de la lave liquide. C’est insensé, noir et dévorant. » (Léon Bloy, Le Désespéré, IX)
Côte: Navet
(1) Sauf La Colline a des yeux, encore une fois. Le reste, c’est de la giclée de poubelle.