Un calvaire aux allures baroques a également été érigé à l'endroit même de l'accident, devenu un lieu de pèlerinage pour les extrémistes d'Europe. Trois biographies du défunt sont sur le point de paraître en librairie, tandis que les calendriers et DVD à l'effigie de Haider se sont vendus comme des petits pains. Un site Internet suggère même très sérieusement la béatification de Jörg Haider, bien que celui-ci n'ait jamais vraiment fait étalage d'un quelconque engagement chrétien.
Ce culte de la personnalité semble donner des ailes à l'extrême droite autrichienne qui, lors de récents scrutins régionaux, a renoué avec des scores rappelant sa spectaculaire ascension au pouvoir en février 2000. Les 20 et 27 septembre, le FPÖ a remporté respectivement 25,2% et 15,3% des suffrages dans le Vorarlberg (ouest) et en Haute-Autriche (nord), au point que Vienne, vieux fief social-démocrate, est désormais ouvertement convoitée par Heinz-Christian Strache, leader du FPÖ et héritier spirituel de Jörg Haider, lors des élections prévues à l'automne 2010. Fustigée par les éditorialistes de la presse autrichienne, la " haiderisation " des esprits semble gagner lentement du terrain. Cette dérive coïncide avec une multiplication des incidents à caractère xénophobe et antisémite. En avril 2009, des classes de lycéens viennois ont été expulsées du camp d'extermination d'Auschwitz après des remarques antisémites proférées par certains élèves. Lors de la cérémonie de commémoration de la libération du camp de Mauthausen (Haute-Autriche), quelques jours plus tard, d'anciens déportés français et italiens ont été agressés par des adolescents défilant au pas de l'oie et imitant le salut hitlérien. Ces événements préoccupants constituent " de simples blagues de potaches " pour Heinz-Christian Strache.
La semaine passée, la chaîne de télévision allemande ZDF diffusait l'interview de Pet Suntinger, maire d'une charmante petite bourgade de l'ouest de la Carinthie, Grosskirchheim. " Nous empêchons les musulmans d'acheter des terres dans la commune ", affirmait Suntinger, ajoutant qu'il s'efforçait de tolérer " le moins possible d'étrangers dans le village ", situé au cœur du très touristique parc national des Hohe Tauern.