L'extrême droite qui concourait face au Front National peut être divisée en trois catégories : les listes des identitaires et de leurs alliés ex-FN rassemblés autour des Ligues ; les listes du Parti de la France et de ses alliés encore plus groupusculaires que lui ; les listes " Non aux minarets " parfois soutenues, parfois non, par les précédentes !
Jacques Bompard est le dernier rescapé des quatre maires Front National élus en 1995 et 1997 à Toulon, Marignane, Orange et Vitrolles. Bompard est donc toujours maire d'Orange, mais il n'est plus FN ! Il a quitté le paquebot lepéniste pour rejoindre le Mouvement Pour la France (MPF) de Philippe de Villiers ; mais il n'est plus MPF non plus ! Le voilà désormais " identitaire ". Il mène ainsi la Ligue du Sud, rassemblement hétéroclite qui va du Mouvement National Républicain (MNR) de feu Bruno Mégret (qui n'est pas mort, n'est-ce pas, il s'est juste retiré de la vie politique) au Parti de la France (PDF) de Carl Lang en passant par le Bloc Identitaire et ses mouvements affiliés (Recounquista contre l'islamisation et Nissa Rebela). Un bien bel attelage, donc, qui espérait faire de l'ombre à un Jean-Marie Le Pen menant là son dernier combat régional sur " sa " terre provençale. Résultat :
Dernière région où le Bloc Identitaire présente et soutient des listes : l'Alsace. La liste identitaire est ici rassemblée autour d'Alsace D'abord, mouvement longtemps incarné par un vieux de la vieille du régionalisme d'extrême droite, Robert Spieler. Ancien du Parti des Forces Nouvelles, groupuscule issu des néo-nazis d'Ordre Nouveau, puis passé par le FN, qu'il quitte en 1992 pour fonder Alsace d'Abord, Robert Spieler poursuit son voyage intersidéral dans les trous noirs de l'extrême droite en participant à la création, en 2008, de la NDP, la Nouvelle Droite Populaire, dont une scission interviendra à peine six mois plus tard sous l'égide de Jean-François Touzé qui, estimant avoir lui aussi le droit d'être chef, après tout, s'en alla porter la Nouvelle Droite Républicaine (NDR) sur les fonts baptismaux. Ça va, on suit, derrière ? Bien. La liste régionaliste Alsace d'Abord qui rassemble donc le Bloc Identitaire et des déçus du Front National et du MNR est conduite par Jacques Cordonnier. Son score est deux fois moins important que celui obtenu par Robert Spieler en 2004.
Venons-en à présent au Parti de la France (PDF) de Carl Lang. Très fâché que Marine lui ait piqué sa place dans le Nord-Pas-de-Calais, l'ancien délégué général du FN s'en est ouvert au Parrain qui, ingrat, l'a suspendu du Bureau politique en novembre 2008 ! Qu'à cela ne tienne : le voilà maintenant président du PDF. Na ! Ça en jette, président ! Outre, donc, le cas particulier du Languedoc-Roussillon, le Parti de la France s'est jeté dans la bataille des régionales sous ses propres couleurs dans quatre régions : la Haute-Normandie, la Basse-Normandie, la Picardie et le Centre. Il agglomère autour de lui tous les autres résidus de l'extrême droite périphérique et des électrons libres orphelins de Le Pen et de Mégret. En Haute-Normandie, Carl Lang prend lui-même la tête de liste. Un peu à contrecœur, il faut bien l'avouer, puisque la situation financière de son grand parti ne lui a pas permis de constituer une liste dans son fief nordiste, pour grappiller quelques voix qui auraient bien fait chier Marine... On rêve les revanches qu'on peut... En Basse-Normandie, la liste PDF est conduite par Fernand Le Rachinel, bailleur de fonds historique du FN, passé lui aussi à la félonie. La Nouvelle Droite Populaire (NDP) qui s'ennuyait sur son blog est de la partie. En Picardie, un troisième larron est venu faire la queue leu leu avec le PDF et la NDP, le MNR. Enfin, dans la région Centre, c'est Jean Verdon qui mène le bal. Résultat des courses : le pauvre Carl Lang réalise le score le moins important des quatre listes, alors que c'est quand même lui, le Führer, non ? La vie est vraiment injuste...
En Franche-Comté, le PDF a donc fait liste commune avec le Mouvement National Républicain (MNR) et la NDP sous les couleurs de la " Ligue Comtoise - Non aux minarets ", menée par les identitaires du Front Comtois de Christophe Devillers. Mais attention, subtilité : la Ligue Comtoise ne saurait être confondue avec la Ligue du Sud ou la Ligue du Midi, non non non. Le Front Comtois n'est pas soutenu par le Bloc Identitaire, qui juge la liste " Non aux minarets " " opportuniste et de circonstance, et ne représente pas la vision régionaliste du Bloc Identitaire ". Est-ce la présence du MNR sur leur liste ? Le MNR fait pourtant partie de l'attelage de la Ligue du Sud de Bompard. On en est réduit à penser que le Bloc Identitaire est quand même un peu intégriste ! Pourquoi diable les identitaires cancoillotte n'ont-ils pas la même saveur que les identitaires pastis ?
Au plan national, d'après les résultats officiels du Ministère de l'Intérieur, l'ensemble des listes d'extrême droite - PDF, MNR, NDP, Ligues diverses, Bloc Identitaire et tutti quanti - réalise le score mirifique de 1,49% des voix ! Pas de doute : la résistance est en marche. Nous espérons que ce petit voyage dans la galaxie de l'extrême droite alternative et identitaire vous a plu ! Rendez-vous dans six ans avec, promis, plein de nouvelles structures (d'ici là le groupuscule PDF se sera sans doute éclaté en 4 résidus de groupuscule) plein de nouveaux petits chefs (conséquence des nouvelles structures !), plein de retours aussi au FN sans doute, bref, largement de quoi s'amuser.
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