Suite de la première partie : l'Affaire Karpinski et le rapport Fay/Jones
Les jours suivants, une enquête interne menée par le général Antonio M. Taquba, arrive à la conclusion que " la chaîne de commandement " sur les prisons a connu de graves " dysfonctionnements ". Le général en chef Ricardo Sanchez convoque le général Janis Karpinski à son Q.G. Voilà ce qu'elle en dit... Sanchez lui tend une note administrative qui accuse la 800e Military Police Brigade et son général de n'avoir pas " respecté les standards de l'Armée Américaine ". Elle lit : les " abus sur les détenus " survenus à Abu Ghraib " en constituent le plus récent exemple ". Janis Karpinski répond : " Sir, quand j'ai découvert les photos, cela m'a rendu malade. J'ai cru que j'allais vomir ". Le général Sanchez l'arrête : " Avez-vous une idée de ce que cette affaire va causer à mon armée ? ".
666 Broadway, New York, dans les bureaux du Center For Constitutional Rights (CCR), l'association internationale qui défend les droits des prisonniers. Son président, le juriste Michael Ratner, a obtenu en juin 2004 de la Cour Suprême des Etats-Unis que les détenus de Guantanamo rejoignent le système judiciaire américain - sortent du non-droit. Que pense Michael Ratner de la version du général Janis Karpinski sur l'affaire d'Abu Ghraib ? Au début de l'enquête du CCR, il la tenait en partie pour responsable. Elle devait savoir quelque chose, vu ses fonctions. Puis la position de Ratner a évolué : " Elle est le seul gradé sanctionné par la hiérarchie militaire, sans être du renseignement, c'est difficile à croire. Elle a été mise à l'écart ". Selon lui, elle n'a pas " les mains sales ", elle n'a pas torturé. " Elle a été le fusible. Après la mise en circulation des photos, la publication des " torture memos " dans le New York Times, le Pentagone ne pouvait plus nier l'évidence. L'armée américaine torture à Guantanamo, en Irak. Alors ils ont désigné huit coupables, des lampistes. Seuls les soldats photographiés ont été inculpés, et un officier de la police militaire, Janis Karpinski. Elle a été sanctionnée parce que la situation lui a échappé. Elle a été rétrogradée au rang de colonelle. Aucun officier du renseignement, aucun responsable du Pentagone ayant rédigé les mémos n'a été impliqué. Ensuite, le président Georges W. Bush a pu déclarer : " Nous ne torturons pas ", " nous avons affaire à quelques pommes pourries ".
Au cours des auditions devant la cour martiale, les soldats d'Abu Ghraib ont tenté de se retourner contre les officiers du renseignement. Toutes leurs démarches ont été rejetées. Janis Karpinski n'a pas cédé. Sanctionnée, elle a pris sa retraite pour conserver son " droit de parole ". Elle donne des interviews, va à des meetings. Elle s'est associée le 25 octobre dernier à la demande d'ouverture d'une information judiciaire pour " torture " déposée depuis Paris contre l'ancien Secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, par la FIDH et le CCR. La plainte a été rejetée en novembre par le Tribunal de Paris. Qu'importe. Les associations des droits de l'Homme ont décidé de porter la plainte depuis l'Espagne.
Aux Etats-Unis, où la campagne présidentielle commence, la torture fait régulièrement la Une des journaux depuis que Georges W. Bush a nommé Michael Mukasey au poste de ministre de la Justice. Suspecté de favoriser les méthodes d'interrogatoire en usage à Guantanamo et les lieux de détention de l'armée américaine, pressé par la presse, le nouveau ministre a refusé de reconnaître que le " waterboarding " (le supplice de la noyade) est une torture. Il s'est défendu en disant n'être " pas informé " sur cette technique, tout en reconnaissant qu'il craignait de " mettre en péril légal " certains officiers au Moyen-Orient. La candidate démocrate Hilary Clinton a aussitôt dénoncé une " justification de la torture ". Son adversaire John McCain (certainement le candidat républicain le plus crédible), longtemps emprisonné au Vietnam, a déclaré de son côté : " Le waterboarding n'est pas une procédure compliquée. C'est de la torture. On l'utilisait pendant le génocide de Pol Pot au Cambodge ". Les paras l'utilisaient aussi pendant la guerre d'Algérie, comme l'a révélé l'opposant de l'époque, Henri Alleg, dans son livre " La question " (Editions de Minuit, préfacé par Jean-Paul Sartre). Je lui ai demandé ce qu'il pensait des réticences du ministre de la justice américain à reconnaître que la noyade est une torture. Il s'est montré " offusqué ". Henri Alleg a connu le supplice dit de la " baignoire ". Il le décrit comme l'un des pires sévices qui soit, car dit-il, " on y éprouve une sensation de mort imminente ". Que dit l'historien Alfred McCoy de ce retour de la torture dans l'armée américaine, lui qui a écrit un des ouvrages de références sur ces pratiques, notamment par la CIA : " A question of torture " (Owl books, 2006) ? Il a écrit au Monde un long mail :
" Pendant un quart de siècle, de 1966 à 1991, le "Projet X" du Pentagone consistait à exporter des méthodes d'interrogatoires tout à fait illégales du Vietnam vers l'Amérique Latine. Ce système passait avec l'aide d'équipe mobiles d'entraînement à la torture, l'envoi de manuels et de programmes d'apprentissage détaillés. Nous les connaissons depuis la découverte d'un programme complet du gouvernement du Honduras qui avait été supervisé par la CIA, appelé le " Human Resources Exploitation Manual ". Il contient des techniques de tortures explicites. Très clairement, on retrouve le même système de diffusion depuis le camp de Guantanamo, qui a servi de laboratoire ad hoc pour perfectionner le nouveau programme de torture des Etats-Unis. On y retrouve les techniques d'agression des récepteurs nerveux qui formait le système de base de la CIA pendant la guerre froide. Mais les expériences menées à Guantanamo ont permis d'ajouter la dégradation de l'identité culturelle et l'exploitation des peurs individuelles et des phobies. Sous le règne du général Miller et de Donald Rumsfeld, le camp de Guantanamo a contribué à perfectionner le paradigme de la torture psychologique, pour en faire une méthode totale. Un système d'agression des trois niveaux existentiels de l'identité humaine : les récepteurs nerveux, la sensibilité culturelle et religieuse, la psyché individuelle ".
Que pense le général Janis Karpinski de l'usage de la torture par l'armée américaine ? " En perpétrant la torture, nous sommes descendus au même niveau que Saddam Hussein. Il existe une tradition de dictature et de cruauté au Moyen-Orient, que la population connaît. Mais elle ne comprend pas que nous, les Occidentaux, devenions des tortionnaires. En le faisant, nous trahissons les démocrates de ces pays, nous justifions tous les dictateurs qui emprisonnent torturent au nom de la sécurité nationale, nous bafouons toutes nos valeurs ". Elle se tient droite, martiale.
Que s'est-il passé en France, suite à la plainte déposée contre Donald Rumsfeld ? Elle a été déboutée le 21 novembre par Jean-Claude Marin, procureur de la République auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris. S'appuyant sur " les indications " du Quai d'Orsay, le classement de l'affaire est justifié par " l'immunité de juridiction pénale des chefs d'Etat, de gouvernement et des ministres des affaires étrangères (...) pour les actes accomplis à titre officiel ". Cette immunité relèverait " des règles du droit international coutumier consacrés par la Cour internationale de Justice ".
Cette décision a " stupéfié " l'ancien président de la Ligue Internationale des Droits de l'Homme, Maître Patrick Baudouin. Il ne comprend pas comment le Quai d'Orsay de Bernard Kouchner, le fondateur de Médecins du Monde, le théoricien du " droit d'ingérence ", peuvent justifier une telle décision. Cela revient de facto à accorder l'impunité en France à tous les anciens dirigeants responsables de crimes internationaux. Par ailleurs, depuis les exactions commises par les milices ethniques dans les Balkans, les avocats du droit international tentent désormais de lever l'immunité des dirigeants, même ceux en fonction, dès qu'il s'agit d'actes terrifiants comme le génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et les actes de torture. En cela, ils respectent les statuts de la Cour Pénale Internationale.
Fin 2007, les associations de Droits de l'Homme ont indiqué qu'elles allaient faire appel et " interpeller les rapporteurs spéciaux de l'ONU sur la torture et sur l'indépendance des juges afin qu'ils saisissent les autorités françaises sur cette décision ".
Le rapport d'enquête interne de la 205e brigade de service de renseignement militaire daté du 9 août 2004, dit " rapport Fay/Jones ", a été mené par le " Major General " George R. Fay et le " Lieutenant General " Anthony R. Jones à la demande du général en chef Sanchez, responsable des armées coalisées d'Irak. Il a été décidé suite à la publication dans la presse des photos d'effroyables scènes de torture, toutes exercées par des soldats américains dans les cellules 1A et 1B de la prison d'Abu Ghraib, sur des détenus irakiens. Les deux militaires ont commencé leurs investigations respectivement le 31 mars 2004 et le 24 juin 2004. Au départ, ils ont enquêté sur les agissements de la 205ème brigade de renseignement militaire, mais ensuite également sur ceux d'autres unités. Le rapport Fay/Jones est basé sur les rapports écrits des commandants des différentes unités impliquées, et sur 170 auditions. Dans le cadre de ce rapport, les différents incidents de torture et de sévices sur les prisonniers sont décrits en détail sous le titre " Liste des abus à Abu Ghraib ", les noms des personnes impliquées sont nommés et codifiés par des chiffres comme prisonniers ou comme soldats. En voici une synthèse détaillée.
Le 20 septembre 2003, les soldats de la " Internal Reaction Force " (IRF) ont été témoins de sévices (coups, cris et prisonnier battu) sur un détenu prétendument impliqué dans l'attaque au mortier d'Abu Ghraib perpétrés par deux soldats de la Military Intelligence (Renseignement militaire, ci-après MI).
Le 7 octobre 2003, une agression sexuelle a été commise sur une détenue (détenue 29), par trois soldats de la MI (identifiés ensuite comme étant soldats 33, 32, 31 A/519 MI BN) (Rapport Fay/Jones p. 73).
Détenu 08 a été victime de plusieurs abus par la " Military Police " (police militaire, ci-après MP). En premier lieu, au début de sa détention le 27 octobre 2003, il a été laissé nu en isolation pendant 9 jours. Par la suite, il a été battu de manière répétée, non seulement à main nue mais aussi avec une chaise et étranglé jusqu'à perte de connaissance (Rapport Fay/Jones p. 74).
Depuis le début de sa détention en octobre 2003, le détenu 07 a été terrorisé de diverses manières brutales et humiliantes. Par exemple : battu et frappé pendant les interrogatoires, laissé nu dans sa cellule pendant des périodes prolongées, tête recouverte et ligoté dans des positions pénibles et néfastes. Il a été sodomisé avec une matraque par une femme MP, pendant cet abus sexuel on lui a uriné dessus et des photos ont été prises au cours des sévices. À une reprise, son oreille a été coupée à tel point que des points de suture ont été nécessaires (Rapport Fay/Jones p. 75).
Détenus 10 et 12 ont déclaré qu'ils ont été, ainsi que quatre autres anciens généraux irakiens et des gradés des services de renseignement irakien (détenus 19 à 22), maltraités physiquement et gravement blessés. Détenu 10 a été lacéré sur 4 cm au menton, ce qui a également été retranscrit dans les registres de la police militaire. Détenu 12 a été frappé de coups de poing, battu et forcé à ramper nu (Rapport Fay/Jones p. 75).
Le 4 octobre 2003, un détenu a été amené à Abu Ghraib par la CIA et a été retrouvé mort après avoir été emmené à la salle des douches où avait eu lieu l'interrogatoire. " LTC " Jordan déclara que le détenu 28 était dans le compartiment de douche, visage contre le sol, menotté dans le dos. Le corps a été secrètement transporté afin d'être autopsié. L'autopsie conclut que la mort du détenu 28 était due à un caillot de sang dans la tête, probable résultat des blessures provoquées pendant qu'il résistait aux tentatives de maîtrise (Rapport Fay/Jones p. 76).
Détenu 03 est resté dévêtu dans sa cellule pendant six jours et a été immergé dans l'eau froide et dans de l'urine. Un balai était tenu contre son anus et quelqu'un lui crachait dessus pendant qu'il était battu avec le balai (Rapport Fay/Jones p. 77).
Le détenu 15 a été forcé de se tenir debout sur une boîte, des fils attachés à ses mains et à son pénis. On lui a dit que s'il tombait il recevrait des décharges électriques. Six photos furent prises de cet incident (Rapport Fay/Jones p. 77).
Sept détenus ont subi des sévices physiques les 7 et 8 novembre 2002, un sac placé sur leur tête, on les a entassés et forcés à se masturber. Pendant cet événement, l'un des détenus a été cogné jusqu'à ce qu'il perde connaissance, un autre a été frappé à coups de poing si fort sur ses joues qu'il avait des difficultés à respirer par la suite (Rapport Fay/Jones p. 78).
On a tiré sur le détenu 14 dans les fesses avec un pistolet (Rapport Fay/Jones p. 78).
Un détenu non identifié a été forcé à se tenir plié en deux, en sous-vêtements, avec chaque pied posé sur une boîte différente (Rapport Fay/Jones p. 78-79).
Le détenu 25 a été photographié avec une banane enfoncée dans son anus, couvert d'excréments, ligoté sur un matelas en mousse entre deux brancards. Le détenu souffre de sévères problèmes mentaux et troubles psychologiques (Rapport Fay/Jones p. 79).
Les 26 et 27 novembre, un policier irakien a été interrogé par un contractuel civil de la société de sécurité privée CACI, on l'a empêché de respirer pendant plusieurs secondes et utilisé une matraque pour pousser ou peut-être pour lui tordre les bras, provoquant des souffrances (Rapport Fay/Jones p. 79).
Un contractuel fit tomber un détenu d'un camion et l'a tiré jusqu'à la salle d'interrogatoire (Rapport Fay/Jones p. 79).
Le 30 novembre 2003, un détenu qui avait été amené en cellule d'isolement et qui avait été attaché, a été trouvé par les gardes des heures plus tard " couvert de sang " (Rapport Fay/Jones p. 79).
Le détenu 06 avait été blessé par un coup de pistolet et conduit à l'hôpital où il a été menacé de torture et de mort par des soldats. Il a affirmé qu'après être revenu de l'hôpital il avait été forcé à manger du porc, on lui a introduit de l'alcool dans sa bouche et des substances " très chaudes " dans son nez et sur son front, les gardes ont frappé ses jambes " cassées " plusieurs fois avec un gourdin en plastique, il a été forcé à " insulter " sa religion, on lui a uriné dessus, il a été menotté à la porte de sa cellule pendant plusieurs heures, il a été giflé à l'arrière de la tête et on a " autorisé des chiens à essayer de le mordre ". Il a affirmé avoir souffert de privation de sommeil et de menaces de viol (Rapport Fay/Jones p.80).
Détenu 06 a été trouvé dans sa cellule saignant en raison d'un traitement médical, de vêtements et d'une literie inappropriés (Rapport Fay/Jones p. 81).
En automne 2003, le détenu 09 a été menotté à la porte de sa cellule et laissé là, la moitié de la journée sans eau ni nourriture, forcé à se tenir en équilibre sur des boîtes tout en recevant des coups de poing dans ses parties génitales (Rapport Fay/Jones p. 81).
Un détenu a été poussé contre un mur provoquant une lésion de plus de 6 cm. Il a également vu un détenu blessé se faire battre (Rapport Fay/Jones p. 81).
Un détenu âgé entre 15 et 18 ans a été violé par le " Civilian-01 ". La scène a été photographiée par un soldat de sexe féminin (Rapport Fay/Jones p. 82).
Le 24 novembre 2003, un détenu a été frappé contre un mur et battu. Le détenu était couché sur le ventre, les mains menottées dans le dos avec un sac sur la tête. Un soldat se tenait à côté de lui avec le canon d'une arme braqué sur sa tête. Un autre soldat était agenouillé à côté du détenu et lui administrait des coups de poing dans le dos (Rapport Fay/Jones p. 82).
Décembre 2003 : une photo montre un détenu accroupi sur une chaise pendant l'interrogatoire (Rapport Fay/Jones p. 83 et 84).
Le 24 novembre 2003, deux jours après l'arrivée d'un groupe de chiens à Abu Ghraib, destiné initialement à rechercher des armes à feu, plusieurs détenus ont été menacés par des chiens extrêmement agités (Rapport Fay/Jones p. 85).
Des gardes de la police militaire ont effrayé deux jeunes détenus avec un chien (Rapport Fay/Jones p. 85).
En décembre 2003, le détenu 11 a été mordu par un chien à la cuisse (Rapport Fay/Jones p. 86).
Une photo prise aux alentours du 18 décembre 2003 montre le détenu 14, de nationalité syrienne, agenouillé sur le sol avec les mains liées dans le dos face à face avec un chien noir en laisse mais dépourvu de muselière (Rapport Fay/Jones p. 86).
" SPC " Aston fait état de chiens présents lors des interrogatoires de son équipe le 14 décembre 2003 mais prétend que les chiens étaient muselés et tenus en laisse en permanence et ne s'approchait qu'à une distance de 13 cm (Rapport Fay/Jones p. 86).
Le soldat 26 rapporte que seuls les interrogatoires avec présence de chiens muselés ont causé des peurs extrêmes pour les détenus (Rapport Fay/Jones p. 87).
Le rapport fait également état d'exemples d'interrogatoires où la présence de chiens n'a provoqué aucune réaction de la part des détenus (Rapport Fay/Jones p. 87).
Deux soldats ont été témoins de la manière dont un détenu, nu, a reçu un prétendu traitement plus " doux " consistant à placer un chien en train d'aboyer sur son dos.
Une forme courante d'humiliation sexuelle infligée à plusieurs détenus consistait à leur faire porter des sous-vêtements féminins, également sur leur tête. Une forme plus sérieuse consistait à raser la zone des parties génitales des détenus pour les " préparer ".
Le premier incident de nudité forcée connu est intervenu le 16 septembre 2003, lorsqu'un détenu a été déshabillé par un interrogateur et laissé nu dans sa cellule jusqu'au lendemain.
Le 19 septembre 2003, un détenu âgé de 17 ans a été interrogé toute la nuit, nu, avec seulement un sac sur ses parties génitales ; pendant la cession, il lui était ordonné de lever les mains, l'obligeant ainsi à découvrir ses parties génitales.
En octobre 2003, pendant un interrogatoire, un soldat a ordonné à un détenu de rouler sa combinaison jusqu'à la taille, faisant comprendre au détenu qu'il serait déshabillé s'il ne coopérait pas. Bien que la scène ait été observée par un supérieur, il n'a pas pris de mesure pour intervenir (Rapport Fay/Jones p. 90).
Des photos, prises en octobre 2003, montrent des prisonniers nus et enchaînés, soit à la porte de leur cellule, soit à leur lit, cagoulés ou portant des sous-vêtements féminins sur leur tête (Rapport Fay/Jones p. 91).
Détenues montrant leurs seins nus étaient photographiées au moins onze fois ((Rapport Fay/Jones p. 91).
Un détenu était déshabillé pour " comportement non coopératif " le 16 novembre 2003, et a dû marcher à travers tout le camp en sous-vêtements (Rapport Fay/Jones p. 91).
Après que le détenu 06 a été abattu, 11 gardes irakiens ont été placés en détention et des mesures sévères, interdites, ont été employées, comme l'utilisation de chiens et la nudité forcée (Rapport Fay/Jones p. 91).
Des cellules d'isolement ou de séparation étaient utilisées à Abu Ghraib, ce qui était connu des hauts dirigeants militaires comme " LTC " Jordan et " LTC " Phillabaum (Rapport Fay/Jones p. 93).
Le 15 septembre 2003, l'isolement et des mesures de privations sensorielles ont été infligés à un détenu de la cellule 9 (Rapport Fay/Jones p. 93).
En octobre 2003, un détenu a été menacé de la cellule d'isolement, il s'est ensuite trouvé dans cette cellule couché sur le sol, complètement nu et la tête couverte jusqu'à la lèvre supérieure (Rapport Fay/Jones p. 94).
Le 8 décembre 2003, les interrogateurs ont dit à un détenu qu'il était " prévu qu'il soit transféré en isolement et au trou ". Aux alentours de ce moment, plusieurs événements ont eu lieu : " la police militaire utilisait les détenus comme mannequin d'entraînement. Ils frappaient les détenus pour s'entraîner. Ils leur administraient des coups dans le cou et les assommaient. Un détenu était tellement effrayé ; le policier militaire lui tenait la tête et lui dit que tout allait bien se passer, il l'a ensuite frappé. Le détenu demandait pitié et le policier militaire trouvait ça amusant " (Rapport Fay/Jones p. 95).