C'est très tôt, et au son d'une musique d'abord religieuse puis très profane que j'ai été réveillé ce matin. "L'ospitaleros" du refuge pèlerin d'Irun procède ainsi. Le vieil homme est au demeurant très accueillant.
Je me retrouve ainsi très tôt à reprendre mon chemin dans les rues d'Irun, puis très vite sur le sentier qui monte à l'Ermitage de Guadalupe. Une belle journée de soleil s'annonce mais pour l'heure il fait frais. Mon pas est bon, plus ferme qu'hier. La campagne est paisible. Je longe quelques étangs, dérange deux ou trois canards. Belle lumière.
Le chemin s'étire sur les collines, avant de redescendre aux abords de San Sebastian. La mer se dresse devant moi. Je dois d'abord prendre un petit bateau pour traverser la baie, juste après ma première petite pause du jour.
Ensuite, c'est le clou de la journée : un sentier côtier vraiment superbe, en surplomb de la baie, des phares et des falaises. Le spectacle est splendide, la météo aussi. Ça monte sec parfois.
Et ça descend aussi, avec un panorama là aussi bien beau sur San Sebastian. Je marche allègrement. La ville est là.
Une pause déjeuner tout de même méritée et une balade dans les rues du centre. L'architecture est souvent massive mais l'ensemble me fait bonne impression. Les plages, que je longe en reprenant ma marche, ont belles allures aussi.
Une autre colline. Je quitte la ville en melevant au dessus d'elle.
La suite est bucolique. De calmes bords de mer, des sous-bois, des hameaux. Dans les prairies en pente, des chats qui chassent, des moutons bien laineux et même quelques lamas. Une petite pause eau-chocolat en compagnie d'un rouge-gorge pas farouche. Un peu quand même lorsque deux coureurs passent sur le sentier.
Je les rattrape un peu plus loin et nous faisons un petit chassé croisé sur quelques kilomètres. Je ne dois pas aller si lentement que ça, même en marchant. Ça doit les énerver un peu, dans une descente en bitume, ils me repassent et je ne les vois plus.
Les derniers kilomètres me font longer une autre baie, après Orio, puis grimper une autre colline. Je m'arrête au camping de Zarautz , qui accueille les pèlerins dans un dortoir où je suis seul. Bien marché aujourd'hui : 50 kilomètres vallonnés et sans fatigue. Dans ce très beau décor et sous une météo clémente, on est porté. Et je suis plus en forme que je ne le pensais.
Des pensées, une foule m'accompagne bien sûr durant ces journées de marche solitaires. Des pensées pour mon frère. D'autres vers ma nouvelle vie, parisienne et surtout remplie d'amour et de joie. Magie de la belle rencontre. Je ne marche pas du tout dans le même état d'esprit qu'il y a un an, sur la Via de la Plata. Partir n'a pas la même signification, et revenir sera tout autre, surtout. Mais j'aime cependant toujours marcher sur ces beaux chemins, et même si ce voyage reste solitaire, je ne me sens pas seul sur ce Camino d'El Norte!