Les jours avec elle me sont comptés, j’en parle assez souvent, comme s’il me fallait m’en souvenir régulièrement pour mieux les apprécier. Il me reste six mois à la croiser dans le miroir de la salle de bains, ma Méduse échevelée, à porter sur elle chaque jour un regard tendre et agacé, fier et consterné, mélange de sentiments qui doivent certainement se bousculer dans sa tête à mon égard également.
Bien sûr elle ne s’en ira pas vraiment tout de suite, bien sûr les paniers de linge (presque) sale se rempliront toujours aussi vite que se vident les paquets de cookies, les briques de lait ou la réserve de thé. Mais comme la maison depuis toujours me semble vide lorsque mon âme jumelle déserte, pour quelques heures ou quelques jours.
J’ai beau dire qu’elle m’exaspère, si je suis honnête avec moi-même je sais très bien que je l’envie. J’envie sa jeunesse insolente, sa beauté saisissante, sa bande de potes toujours disponible pour un fou-rire inexplicable. Son assurance. Son flegme. Je lui en veux d’avoir – et de perdre – ce qui me manque le plus cruellement: du temps. Celui de ne rien faire d’utile, de productif, de rentable.
Si l’adolescence n’a qu’une évidence, c’est celle de ne jamais s’inquiéter du lendemain. Parce que tout ira bien, évidemment.
Carpe Diem, aujourd’hui encore tout comme il y a vingt ans, est écrit en lettres fleuries sur les livres d’école.
Cueille le jour, ma fille, il est à toi.
Ce joli bracelet jonc ethnique en argent lui a été offert par Bijoux Chérie.