[Critique] LES ENQUÊTES DU DÉPARTEMENT V : MISÉRICORDE
Titre original : Kvinden i buret
Note:
Origines : Danemark/Allemagne/Suède
Réalisateur : Mikkel Norgaard
Distribution : Nikolaj Lie Kaas, Fares Fares, Sonja Richter, Mikkel Boe Folsgaard, Troels Lyby…
Genre : Thriller/Adaptation
Date de sortie : 27 mars 2015 (VOD)
Le Pitch :
Après une bavure, qui coûta la vie à un de ses collègues et qui en laissa un autre paralysé, l’inspecteur Carl Mørck est au fond du trou. Lâché par ses supérieurs, il est affecté au Département V, où son archivées de vieilles affaires. Obligé de faire équipe avec un homme avec lequel il n’a rien en commun, Mørck décide malgré tout de rouvrir une enquête jamais résolue, sur la disparition d’une jeune femme plusieurs années auparavant…
La Critique :
Adaptation du premier tome de la saga littéraire du romancier danois Jussi Adler-Olsen, Les Enquêtes du Département V : Miséricorde, inaugure une série de films de la plus curieuse des façons. Pourquoi en effet, avoir sorti ce premier volet en VOD si c’est pour continuer en salle (Profanation sort en salle le 8 avril 2015) ? Aucune raison à priori de cantonner Miséricorde au marché de la VOD si ce n’est pour booster ce mode de visionnage, et donc priver ce qui demeure un très bon thriller d’une projection en bonne et due forme dans les cinémas. Bref… Les voies du marketing sont parfois plus qu’impénétrables…
Sorte de bubby movie venu du froid, vendu comme un ersatz de Millenium, Miséricorde vaut plus que sa campagne promo opportuniste et un peu à la ramasse. Certes plutôt classique dans sa mise en place, le film de Mikkel Norgaard organise la rencontre d’un inspecteur de police mis au ban de sa propre hiérarchie à la suite d’une bavure, et d’une sorte de geek des archives, lui aussi un peu marginal. Largement tenus à l’écart, dans les sous-sols où dorment de vieux dossiers correspondant à des affaires classées, mais pas forcément résolues, les deux hommes vont devoir apprendre à s’entendre pour justement mettre de bons vieux coups de pied dans la fourmilière.
Voir ces deux types déterrer de vieux dossiers, évoque bien sûr la série Cold Case, mais la comparaison s’arrête vite, tandis que le long-métrage adopte une rythmique et un style propres aux productions suédoises, justement dans la veine de la saga Millenium, sans pour autant se contenter d’en calquer paresseusement les codes.
Rapidement, Mikkel Norgaard arrive à faire la différence. En acceptant le caractère balisé et classique de son intrigue, il s’applique par contre à instaurer une ambiance tangible et construit un suspense en forme de montée en puissance inexorable, qui éclate lors d’un climax plutôt glaçant. Sa technique, qui consiste à jouer sur les différences entre ses deux protagonistes, en prenant soin d’illustrer la naissance d’une amitié naissante, tout en faisant de réguliers allers-retours du côté de la victime que tout le monde croit perdue depuis des lustres, fonctionne à plein régime. Idem en ce qui concerne sa faculté à ne pas dévoiler l’identité du tueur.
Cette première enquête du Département V prend son temps pour construire les bases d’une intrigue tentaculaire, mais ne se perd jamais véritablement en chemin.
Illuminé par une photographie crépusculaire de toute beauté, exploitant les obscurs de lieux souvent oubliés de tous, à l’instar de la planque des héros ou de la prison de la victime, qui se répondent étrangement, ce film plutôt stimulant ne va certes pas révolutionner le genre. Il gagne ses galons, sagement, grâce à une exécution studieuse et à une rythmique sans accros. Les acteurs, Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares en tête, font excellente figure et, tels leurs personnages à l’écran, se complètent à merveille, sans tomber dans un quelconque excès.
Parfois un poil anecdotique, mais rudement efficace, Les Enquêtes du Département V : Miséricorde fait donc office de luxueuse mise en bouche, tandis que se préparent les volets suivants. Des films que l’on espère sinon plus ambitieux, au moins aussi bons.
@ Gilles Rolland