- que l’homme lambda qui cherche son style pour plaire aux femmes pourrait être tenté, par réflexe primitif, liminaire et primaire, de savoir quel style plaît aux femmes. Ne sachant par ailleurs pas où la vie le mènera, il puisera ses renseignements à des sources d’informations aux quatre coins du monde. Au Brésil, des traits germaniques associés à une peau bronzée sont considérés comme un must. Au Nigeria, l'homme idéal est robuste et fort. En Italie, il n’aura pas peur de porter des couleurs et de s’épiler les sourcils, épilation qui est en vogue chez l'homme turc, plus apprécié sensible et romantique, tandis qu’aux Etats-Unis, le lumbersexuel, barbe et chemise à carreaux, a la côte. Si bien que ? Si bien que l’homme lambda risque d’être encore plus perdu quand on lui dira que tout ça peut certainement changer l’année prochaine. Antiphrase ironique ? Hyperbole ironique ? Ou litote ironique ? Peu importe la façon dont on concocte l’ironie pourvu qu’elle ait le goût d’ironie.
- que des chercheurs de l’Académie chinoise des Sciences affirment, dans une étude sérieuse publiée dans une revue sérieuse, avoir créé un système d’imagerie 3D permettant de déterminer l’âge biologique d’une personne grâce à un scanner de son visage. L’équipe de scientifiques espère utiliser leur trouvaille pour améliorer les thérapies de lutte contre le vieillissement. C’est excessivement important. Mais il faudrait plutôt inventer des machines scanneuses, scannantes, scannistes portatives qu’on distribuerait à l’entrée des boites de nuit, le Kit de Drague Facilitée, avec une machine ciblant les sourcils pour connaître le prénom de l’être convoité, une autre scannant le menton pour identifier la profession, le lobe d'oreille droit pour mesurer le degré de sociabilité, et le gauche la propension à sortir les poubelles en temps et en heure. Antiphrase ironique ? Hyperbole ironique ? Ou litote ironique ? Peu importe la façon dont on concocte l’ironie pourvu qu’elle ait le goût d’ironie.
- que les moteurs de recherche nous font croire que l'on est plus intelligent que ce qu'on est. C’est important de le savoir pour ne pas se tromper à l’excès quand on se ment à soi-même. D’après des études certainement complexes mais au résultat édifiant, l'accès à un moteur de recherche favorise un excès de confiance dans ses capacités intellectuelles, grâce à l’effet étayant de la source externe qu’est internet, sans que l’individu en soit totalement conscient. Quel mal à ça ? Descartes, il y a un petit moment, ne disait-il pas, déjà, que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée, car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. Et donc Google et ses confrères renforcent la chose ? Admettons-le. Mais est-ce grave ? C’est sans doute là que le bât blesse. L’étude ne le dit pas. Il faudrait sans doute chercher sur un moteur de recherche pour savoir. Antiphrase ironique ? Hyperbole ironique ? Ou litote ironique ? Peu importe la façon dont on concocte l’ironie pourvu qu’elle ait le goût d’ironie.
Magazine Humeur
mardi 7 avril 2015