Página/12 a titré avec cette onomatopée qu'aimait tant Juan Carlos
Tangó tangó....
L'imitation primaire du tambour du candombe noir dans les rues de Buenos Aires
Elle rappelle sa passion pour la négritude du tango et son style qu'elle situe avec grâce entre le voyou et le sophistiqué, le faubourien (canyengue) et l'exquis, le jazz et la murga... Elle a raison.
Elle rappelle aussi l'hommage que lui avait rendu mercredi dernier Ariel Prat entouré d'un grand nombre d'amis et d'admirateurs de sa musique à l'Auditorium de Radio Nacional, dont l'orchestre féminin China Cruel, les chanteurs Nicolás Choco Ciocchini et Juan Seren, le compositeur et pianiste Julián Peralta (fondateur et directeur musical de Astillero Tango, une des rares formations contemporaines qui trouvait grâce aux yeux de Juan Carlos), la murga Garufa de Constitución, etc... La journaliste y reprend les quelques mots émus de Ariel Prat qui considère Juan Carlos Cáceres comme "son maître musical".
L'affiche du concert de Radio Nacional
Cáceres mon amour, signé par Alicia Zadán, l'épouse de Juan Carlos
Página/12 a fait de cet hommage l'article phare de ses pages culturelles, avec, comme illustration, une excellente photo de l'artiste, peut-être la préféré de la rédaction car je l'y ai vue plus d'une fois, où il a ce regard et ce sourire légèrement narquois d'allure bonhomme et joviale.
Pour aller plus loin : lire l'article de Página/12 lire la présentation du concert du 1er avril à Radio Nacional (visiblement rédigé par Ariel Prat et qu'a illustré Alicia Zadán, l'épouse de Cáceres, elle-même peintre de talent). (1) Les musiciens argentins restés vivre au pays n'apprécient que fort peu qu'on débarque à Ezeiza d'un avion Air France ou Iberia pour leur expliquer doctement ce qu'est le tango ou leur culture. Après tout, ce sont bien eux qui se retroussent les manches pour construire le pays et non pas ceux qui se sont exilés ailleurs, surtout si cet ailleurs est un pays développé de l'hémisphère nord, et ce quelle qu'en soit la raison. En l'occurrence, Juan Carlos avait choisi de quitter l'Argentine sans y être contraint par la situation politique. Il n'était pas persécuté au contraire de personnalités comme Susana Rinaldi, Alfredo Arias, Mercedes Sosa ou Atahualpa Yupanqui, dont la vie ou la liberté auraient été menacées s'ils étaient restés en Argentine. Pour parler de l'Argentine aux Argentins quand on vient d'Europe, il faut y mettre certaines formes que Juan Carlos évitait délibérément avec ce sens de la provocation qui était le sien et qui explique qu'aujourd'hui, en dépit de son talent, sa mort passe tant inaperçue. Je trouve cela infiniment triste...