- Les Sages-femmes ont les compétences nécessaires à la prise en charge des avortements incomplets et des fausses couches,
- Un home-test suffit à confirmer l’efficacité d‘une IVG médicamenteuse.
Conclusions dans le Lancet.
Les 20 millions d’avortements effectués illégalement chaque année dans le monde, souvent dans des conditions dangereuses, en raison de politiques parfois très restrictives, entrainent environ 50.000 décès et restent ainsi, encore aujourd’hui, l’une des causes les plus fréquentes de décès chez les femmes en âge de procréer. Parmi les causes d’échec, l’avortement incomplet, un avortement médicamenteux ou une fausse couche à l’issue desquels on constate des tissus résiduels dans l’utérus. L’avortement incomplet peut entraîner des saignements et une infection mortelle. Pourtant, il peut tout à fait être traité (par le misoprostol, un médicament analogue de la prostaglandine qui induit l’utérus à se contracter et à se vider totalement de son contenu).
Les sages-femmes compétentes pour gérer l’avortement incomplet : Les chercheurs de l’Institut Karolinska avec des collègues de l’Université de Makerere (Ouganda) ont mené cette étude auprès d’environ 1.000 femmes habitant des zones rurales de l’Ouganda et victimes de complications après un avortement ou une fausse couche. Ces participantes, recrutées en centres de santé ont été réparties pour suivre un traitement par misoprostol prescrit et suivi soit par une sage-femme soit par un médecin. Au centre de santé, les participantes ont reçu une dose du médicament sous forme de comprimés, puis au bout de quelques heures, ont été renvoyés chez elles avec un traitement par antibiotiques et analgésiques tout en étant invitées à consulter un médecin en cas de symptômes de complications (fièvre, douleur ou pertes). 2 semaines plus tard, lors d’un nouvel examen, les chercheurs constatent que,
· 95% des traitements ont été observés et donc efficaces,
· Mais que ce taux d’observance et de succès est plus élevé pour les patientes des sages-femmes que celles des médecins.
· Enfin, les femmes ayant toujours des tissus résiduels dans l’utérus ont subi une chirurgie.
Cette étude démontre ainsi la capacité des sages-femmes à gérer en toute sécurité les suites d’un avortement incomplet ou d’une fausse couche (et ici en Ouganda).
L’auteur principal, le Dr Kristina Gemzell Danielsson, professeur au Département de la femme et la santé des enfants au Karolinska Institutet insiste sur les implications de cette étude dans les pays à faibles revenus où les sages-femmes sont plus nombreuses que les médecins et où le taux de décès lié à ces avortements et fausses-couches reste une cause majeure de décès. Des conclusions importantes donc qui seront prises en compte dans les prochaines lignes directrices de l’Organisation mondiale de la Santé.
L’IVG confirmée par home-test : La seconde étude a été menée sur 900 femmes de Finlande, de Norvège, de Suède et d’Autriche, en demande d’IVG médicamenteuse avant 9 semaines de grossesse, réparties soit pour un rendez-vous de suivi dans les 3 semaines, soit pour effectuer un test de grossesse à domicile afin de mesurer les niveaux de hCG, toujours dans les 3 semaines de l’IVG. Les 2 modes de suivi, consultation médicale ou home test n’entrainent aucune différence en termes d’efficacité ou de la sécurité. Ces résultats montrent qu’il est donc possible de simplifier les routines de suivi de l’IVG médicamenteuse en permettant aux femmes de vérifier chez elles, l’efficacité de l’IVG. C’est aussi une solution de » sécurité » alors que de nombreuses femmes ne vont pas se rendre à la visite de suivi. Là encore, ces données vont constituer la base de nouvelles recommandations de l’OMS et donc permettre d’instaurer une pratique clinique plus légère de suivi des IVG médicamenteuses.
Sources: The Lancet
27 March 2015 10.1016/S0140-6736(14)61935-8 Comparison of treatment of incomplete abortion with misoprostol by physicians and midwives at district level in Uganda: a randomised controlled equivalence trial
2015 Feb 2015 doi: 10.1016/S0140-6736(14)61054-0 Clinical follow-up compared with self-assessment of outcome after medical abortion: a multicentre, non-inferiority, randomised, controlled trial