Soucoupes (Récit complet)

Publié le 07 avril 2015 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique : « Soucoupes »

Rencontre du troisième « Bip »

scénario de Arnaud Le Gouëfflec, dessin de Obion

Public conseillé : tout public

Style : conte contemporain
Paru aux éditions « Glénat », le 1er avril 2015, 88 pages couleurs, 20.5 euros
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L’Histoire

Christian, quinquagénaire blasé et grincheux vient de l’apprendre à la télé : les extraterrestres ont débarqué ! Comble de l’idiotie, ils sont amicaux. Tandis que le monde s’extasie devant cette nouveauté, porteuse d’espoirs, Christian s’occupe de sa vielle mère. C’est vrai, ça. Ils ressemblent à rien, ces aliens. Pas de petits hommes verts, ni de ventouses avec des yeux partout ! Décidément, les étoiles c’est fait pour les gogos !
Le lendemain, Christian se rend à son magasin de disques. Après avoir bradé une vieillerie (ça n’intéresse plus personne les vinyls), il reçoit une visite incongrue : Un extra-terrestre vient d’entrer dans la boutique…

Ce que j’en pense


Et si les Aliens avaient débarqué dans les années 60 ? C’est le postulat de base d’Obion (dessinateur) et d’Arnaud Le Gouëfflec (au scénario), auquel les deux compères ont choisi… de ne pas vraiment répondre. Plutôt que de s’intéresser aux potentiels échanges/conflits entre extra-terrestres et terriens, ils suivent (de très prêt) Christian, un vieux disquaire blasé de tout. Malheureux en mariage, en travail, en relations humaines, Christian n’a pas la patate. C’est même tout le contraire. Agacé, irrité, Énervé par tout et tout le monde, le jour où un de ces fichus Aliens pousse la porte de sa boutique, son univers bascule…

Vous l’aurez compris, dans “Soucoupes”, à l’inverse de ce à quoi on pourrait s’attendre, tout le récit est centré sur Christian et sa vie. Petit à petit, Arnaud Le Gouëfflec compose la relation qui s’engage entre le disquaire et la boite-de-conserve curieux et intéressé par l’espèce humaine… Plus que de la simple curiosité, cette relation se transforme lentement en complicité et même en amitié, en partageant secrets, joies, peines et même l’amour de l’Art.
Grâce à ce changement profond, Arnaud Le Gouëfflec finit par rendre Christian sympathique et touchant sous ces airs de blasé, brut de décoffrage…
Touchant, émouvant, c’est aussi ce que j’ai ressenti envers l’extra-terrestre. Sans dire un seul mot de tous l’album, il fait preuve d’une belle empathie envers l’espèce humaine… De là à dire qu’il est plus humain, que les terriens, il n’y a qu’un pas…


Ne voyez pas pour autant dans “Soucoupes”, une étude sociale et chiante sur “l’avancée de L’art dans l’humanité”. Tout au contraire, cet album est d’une poésie et d’une drôlerie épatante.
Dans un registre proche du merveilleux “un Océan d’amour”, Obion et Arnaud Le Gouëfflec nous offrent un petit bijou d’humour de situation, poétique et décalé, véritable déclaration d’amour à l’Art et aux rapports humains !

Coté dessin, ce n’est pas mal non plus. Obion change son fusil d’épaule et concocte un dessin caricatural très “oldies, but goodies”, qui fait penser aux affichistes publicitaires des années 60 (C.F. Cassandre). Sans contours (ou presque), les masses de couleurs sont habillées par des matières et lumières subtiles. Les grandes cases et la composition sage permettent de profiter pleinement du style rétro.
Le dessin accompagne étonnamment (et merveilleusement) bien l’histoire. Les couleurs et le ambiances chaleureuses forment un petit cocon où se développent une palette d’émotions. Bravo !