Le serment de Pontida est une cérémonie qui s’est tenue le 7 avril 1167 dans la petite ville de Pontida, près de Bergame, lors de laquelle les villes lombardes se sont alliées contre l’empereur germanique Frédéric Ier Barberousse qui tentait d’exercer, depuis la Diète de Roncaglia en 1158, une influence impériale sur l’Italie septentrionale.
La coalition fut appelée la Lombardorum Societas (Ligue lombarde) et rassemblait, entre autres, Crema, Cremona, Mantoue, Piacenza, Bergame, Brescia, Milan, Gênes, Bologne, Padoue, Modène, Reggio Emilia, Trevise, Venise, Vercelli, Vicenza, Verona, Lodi et Parme.
En 1168, la ville d’Alessandria fut fondée par la Ligue sur les terres du marquis de Montferrat, un allié de Barberousse, pour servir de bastion contre les forces de l’empereur. Elle fut nommée en l’honneur du pape Alexandre III, chassé de Rome en 1166 par l’antipape Pascal III. La ville eut à tenir un très long siège pendant l’hiver 1174-75. La légende dit qu’alors qu’il ne restait plus que quelques grains de blé pour nourrir les assiégés, un paysan ingénieux en nourrit sa vache, puis sortit de la ville et se fit prendre par l’armée de l’empereur. Lorsque les Impériaux eurent tué la vache et découvert son estomac rempli de grains, ils se découragèrent et abandonnèrent le siège. Ce fut la première victoire des forces de la Ligue.
Le 29 mai 1176 eut lieu la terrible bataille de Legnano. Chacune des deux armées croyaient l’autre plus éloignée qu’en réalité et leurs avant-gardes se rencontrèrent par hasard. Les Lombards n’étaient pas préparés et, surtout, leurs forces étaient principalement composées de fantassins, alors que les Impériaux se battaient à cheval. Malgré tout, et c’est un rare exemple dans l’histoire de la guerre médiévale, l’infanterie lombarde réussit à mettre la cavalerie impériale en déroute. L’empereur dut s’enfuir en direction de Pavie, puis se rendit à Venise pour signer un traité de paix par lequel il reconnaissait Alexandre III comme pape.
Pendant ce temps, Ulric, patriarche d’Aquilée, héritier de la haine de tous ses prédécesseurs contre l’église de Grado, haine qui durait déjà depuis six ou sept cent ans, fit, avec tous des chanoines une nouvelle expédition sur cette île, pilla jusqu’à la nécropole et se préparait à rembarquer avec son butin lorsqu’il se vit encerclé par des vaisseaux vénitiens.
Fait prisonnier, pour racheter sa liberté il fut obligé de se soumettre à un tribut qui devint un éternel objet de dérision.
Politiquement, cette humiliation servait aussi, pour le gouvernement de la Sérénissime, à entretenir dans le peuple la haine pour le patriarche d’Aquilée.
Tous les ans, le patriarche d’Aquilée devait envoyer à Venise, pour le jeudi gras, un taureau et douze porcs, représentant le patriarche et ses douze chanoines, ainsi que douze gros pains de farine, que l’on retrouve mentionnés pour la première fois dans un document issu des Pacta en 1222..
La chronique de Martino da Canale à la fin du XIIIème siècle, les Estoires de Venise, décrit assez bien cette fête :
On les promenait en pompe dans la ville, poursuivis par des chiens et des hommes. Le tribut était remis au Palais ducal, dans la salle du Piovego, où, aux époques les plus anciens des petits châteaux de bois était élevés pour symboliser ceux des vassaux frioulans qui avaient soutenu Ulrico. Un simulacre de jugement ayant été rendu, de jeunes gens armés d’épées leur coupait la tête, l’un après l’autre, en présence du doge, la Seigneurie vêtue de rouge et les ambassadeurs étrangers, sur la piazza San Marco. Les doge et les conseillers entraient alors au Palais Ducal où l’on abattait les châteaux à coup de barres de fer, pendant que, dehors, et on distribuait les quartiers de viande à la population.
Cette fête populaire a subsisté jusque das ces derniers temps.
Le serment de Pontida qui donne naissance à la Ligue Lombarde, le 7 avril 1167, est le meilleur exemple d’événement historique réinvesti d’une dimension nationaliste au XIXème siècle après la chute de la République. Interprété par la littérature romantique comme un sursaut national avant l’heure, le serment de Pontida est déjà en 1848 un des piliers de la mythologie nationale, en Lombardie bien sûr, mais également en Vénétie. À Pontida est organisée une commémoration néo-guelfe où les effigies de Pie IX et d’Alexandre III, le pape qui avait béni la Ligue Lombarde, sont exposées pour l’occasion, soulignant ainsi la cohésion des Italiens autour du pape contre l’empire germanique, dont l’esprit est incarné en 1848 sous les traits de l’Autriche.