Le débat fat rage chez les Delanopolisiens au sujet des JO, dernier avatar d'un dérivatif festiviste pour la majorité de nos lecteurs, mais occasion de s'amuser pour d'autres. Quoi qu'il en soit, par un réflexe d'unanimisme grégaire le Conseil de Paris va adopter un voeu se ralliant au principe d'une candidature. Qui dit JO dit VO ( village olympique ) et le DELANOPOLIS a voulu connaître l'avis sur le sujet d'un spécialiste des friches parisiennes, Jacques Gauthier, lecteur assidu de nos chroniques sur la marche chaotique de l'urbanisme parisien.
D - Mme Hidalgo assure que la capitale ne dispose plus d'espace vierge pour implanter le village olympique. Cette affirmation vous semble-t-elle soutenable ?
JG - Paris pourrait fort bien accueillir le VO car des friches importantes existent au sud-est, dans le secteur La Rapée-Bercy et dans le secteur Paris Nord-Est rebaptisé dernièrement Paris Nord Europe par Monsieur Missika, adjoint en charge de l'urbanisme et des projets du Grand Paris, lors d'une réunion publique tenue le 2 février 2015 en mairie du 18ème.
Cette opération d'aménagement est actuellement en panne faute d'une concertation régulière et approfondie avec les citoyens. Je vous ai apporté l'une des visions d'artiste présentées le 2 février (Cliquez ICI) et vous pourrez constater que le VO pourrait être aménagé sur les 66 900 M² de la friche gare des Mines avec extension possible au nord sur le périmètre du parc d'activités des portes de Paris sous réserve de l'accord du propriétaire du site, le groupe ICADE, filiale de la CDC.
D - Cette gare des Mines s'étend sur Paris, Saint-Denis et Aubervilliers et il existe un contentieux entre la capitale et ses deux voisines qui rejettent le marché exotique que veut imposer Paris.
JG – Le VO sur la gare des Mines permettrait d'aplanir les tensions intercommunales et ce marché exotique pourrait, le temps des jeux, être réalisé sous forme de galerie marchande qui présenterait les produits des pays participant aux jeux. A l'issue des jeux, cette galerie serait transformée en centre commercial du nouveau quartier avec l'adaptation du VO à l'habitat familial. Depuis le protocole d'accord du 28 octobre 2008 signé par Paris et Plaine Commune concernant l'avenir de la gare des Mines, aucun progrès n'a été enregistré et la mairie de Paris a comblé le vide conceptuel de sa vision du site en multipliant des études aussi coûteuses qu'irréalistes , notamment , la couverture du périph' sur plus de 200 m.
D – A propos de ce périph' ne pensez-vous pas que le vacarme de la circulation routière soit un obstacle rédhibitoire à l'implantation du VO ?
JG - Pour réduire cette nuisance sonore, il existe des solutions techniques comme les enrobés silencieux, la réduction de la vitesse et les écrans végétaux. La forêt linéaire qui borde le périph' entre le canal Saint-Denis et la porte d'Aubervilliers en est un bon exemple puisque ce rideau d'arbres constitue un filtre remarquable à l'empreinte sonore du périph'. La mairie de Paris délivre d'ailleurs des permis de construire sur les terrains riverains du périph' comme l'opération Visalto, bd d'Indochine ( 19ème ) . Elle a même vendu un talus du périph' , bd Carnot ( 12ème ) pour l'extension du collège privé Georges Leven.
D – Je vois que dans votre schéma, vous faites figurer la liaison CDG Express qui hérisse toujours le poil de la majorité municipale.Qu'en est-il de ce train fantôme ?
JG – Vous avez raison de parler de train fantôme , car depuis le débat public de 2003, cinq premiers ministres et autant de ministres délégués ou secrétaires d'Etat aux transports se sont succédés sans que le dossier n'avance d'un chouia à part la création de structures de réflexion qui tournent autour du pot. Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, envisage même de réveiller le train fantôme à coup d'ordonnances.
Cette solution n'est pas la bonne et la meilleure voie serait d'organiser un second débat public qui prendrait en compte le développement du Nord-Est parisien car depuis 2003, le paysage à évolué et le gouvernement ne devrait pas se crisper sur un tracé obsolète.
D – Des jeux, un train fantôme, ça coûte. Où trouver l'argent ?
JG – Etat, région IDF , mairie de Paris veulent les JO 2024, mais ne pas mettre la main à la poche. La mairie de Paris a d'ailleurs refusé de consulter les Parisiens par référendum, car la démocratie participative demeure virtuelle dans la capitale.
Les jeux ( d'argent ) pourraient financer les jeux ( sportifs ) avec la création de casinos à Paris envisagée par le ministère de l'Intérieur. Un tel établissement pourrait être couplé avec le pôle d'échanges Rosa Parks ( RER E , T3, T8, CDG Express ). Il attirerait la clientèle aisée de l'ouest parisien et celle de La Défense avec l'extension du RER E vers le Mantois.
Qui dit casino, dit offre hôtelière et la friche du triangle Eole-Evangile serait idéale pour implanter un palace de classe internationale.
Un tel projet serait susceptible d'attirer les investisseurs privés, ceux qui permettront à Paris de se développer dès lors que l'urbanisme ne demeurera plus cloîtré et cadenassé par quelques élus et fonctionnaires dédaigneux des citoyens.
D : Merci Jacques, toujours aussi imaginatif !