Le 02 Avril dernier, Peugeot a dévoilé en avant première sa vision du foodtruck au Carreau du Temple à Paris. Et quand Peugeot repense le foodtruck, il ne le fait pas à moitié: imaginé et designé par Peugeot Design Lab, ce foodtruck innovant passe d’un van compacte doté de toutes les lignes stylistiques Peugeot à un véritable restaurant, le Bistrot du Lion, qui offre à ses clients une véritable expérience immersive. Le design soigné de ce foodtruck permet à 30 convives de s’installer et de se restaurer, tout en observant sur un écran de 46 pouces le chef Sven Chartier au travail, grâce à une caméra GoPro embarquée.
Le foodtruck Peugeot se veut nomade, telle une malle avec laquelle on voyage et qu’on déploie. En effet, ce véritable bistrot se compose d’un espace de restauration et d’un espace rafraichissement, prolongés par un espace dédié aux mix musicaux, faisant écho à la plate-forme digitale Peugeot Music récemment lancée.
Le foodtruck est aussi doté d’un ensemble sono de haute volée de 8 Médiums et 32 Tweeter de la marque FOCAL répartis entre le van et la remorque, plongeant ainsi les clients dans l’ambiance musicale ou en direct des plaques de cuisson.
L’armoire réfrigérée permet de maintenir 350 litres de boissons au frais. La machine professionnelle signée du manufacturier Rocket Espresso propose des expressos et des chocolats chauds délicieux.
L’espace cuisine, avec ses matériaux professionnels, se compose de quatre plaques de grillade et d’induction, d’une friteuse et d’un soubassement réfrigéré de 400 litres.
Spécialement designé pour ce foodtruck, un inédit duo moulin à poivre-salière Peugeot baptisé MILAN qui sera d’abord exclusivement commercialisé au Pavillon Français de l’Exposition Universelle de Milan.
Le foodtruck sera présenté au public lors de la Milan Design Week 2015 à partir du 14 Avril, puis ira rejoindre l’Exposition Universelle de Milan où il devrait être assurément l’une des animations phares du Pavillon Français.
Le Chef Sven Chartier (à d.) en action
Rencontre croisée et complémentaire avec Gilles Vidal et Cathal Loughnane, respectivement directeur du Style Peugeot et responsable du Peugeot Design Lab:
Gilles Vidal
Cathal Loughnane
- Combien de temps a nécessité la conception du foodtruck ?
CL: Après avoir lancé notre piano en 2012 nous avons commencé à ré?échir à quel sera le prochain grand projet pour la marque Peugeot. Nous avions réalisé un piano, donc nous nous pouvions faire quelque chose de très ouvert, tout sauf une voiture! Nous avons tout d’abord commencé par choisir l’univers. Nous avions fait la musique, ici nous avons voulu faire de la gastronomie, du fooding, et ensuite nous avons lancé toute une ré?exion: on peut faire quoi ? On peut faire des moulins, on peut faire des restaurants, des tables, on peut faire des trucks… Ensuite, choisir nous avons choisi le type de foodtruck, le concept, donc si on prend en compte toutes les phases du projet il a fallu un peu plus que deux ans pour créer ce foodtruck.
- Quel était la taille de l’équipe assignée au projet ?
CL: Sur la totalité du projet il y avait 4 designers, et ensuite l’équipe qui a fait la conception, l’ingénierie et la construction…entre 30 et 50 personnes.
GV: Ce foodtruck – je mets ça dans l’univers des concepts cars mais c’est un peu plus que ça en réalité- c’est des petites équipes commandos qui vont très très vite avec relativement peu de monde donc juste en création,en design c’est entre trois et huit personnes à des moments plus intenses et après dans la phase de fabrication de l’objet nous travaillons avec des sous traitants qui fabriquent pour nous ce genre de choses, et là il y a quelques dizaines de personnes qui s’y mettent . Ce sont des équipes très réduites quand même.
- D’où vous est venue l’idée d’incorporer de la musique au foodtruck ? Car ce n’est pas la première à laquelle on pense quand on pense fooding.
GV: C’est vrai. L’idée était de se dire: quelle est la vie d’un foodtruck comme celui ci, quel est son rythme de vie, quelle est l’expérience qu’on veut faire vivre aux clients du foodtruck qui passent dans la rue? Parce que tout le monde potentiellement est client d’un foodtruck: on peut tout d’un coup être attiré alors qu’on y pensait pas. Donc il y a le déjeuner, le diner, mais on peut imaginer qu’il y ait des activités le soir et la nuit, de type « open boite de nuit », etc…La musique est donc à la fois là pour créer une ambiance toute la journée avec une musique plus légère, plus douce, plus basse, de façon à créer une atmosphère autour du foodtruck et puis le soir jouer une musique plus rythmée pour faire la fête. C’est donc pour beaucoup de raisons que nous avons rajouté la musique au fooding.
CL: Au début nous avons voulu rajouter un système de hauts parleurs pour le chef qui fait les démos, qu’il ait un micro, qu’il explique ce qu’il fait. Mais ?nalement tout le concept a été créé du point de vu non du chef ni du designer, mais de celui du client. Et la véritable innovation dans le foodtruck Peugeot c’est que ça soit un restaurant nomade et pas juste une cuisine nomade. Aujourd’hui les foodtrucks font de la cuisine, et c’est plus ou moins tout !
Là on a voulu vraiment créer un parcours client qui soit maitrisé: vous arrivez, vous avez le menu, vous voyez le chef qui fait la cuisine, ensuite il y a des zones de service, on peut y manger, après on peut prendre un café. En voulant créer cette expérience, la musique était vraiment un élément clé car elle donne le ton, l’ambiance, elle nous aide à créer l’espace du restaurant. Ce qu’on a voulu éviter c’est d’avoir un foodtruck qui se gare sur un trottoir, avec un espace qui reste un espace de passage. Là avec les grandes enceintes, avec cet sorte d’effet d’amphithéâtre, nous avons voulu créer une zone délimitée avec les tables. C’est la musique aussi qui aide à créer l’espace car quand vous allez trop loin vous n’entendez plus le son donc la musique aide à créer l’espace et en plus elle permet de faire vraiment beaucoup plus de choses avec le foodtruck.
Un des éléments clés dans le design et le développement était le fait que le foodtruck devait être le plus adaptable possible: il fallait que le foodtruck soit capable de s’adapter à n’importe quel lieu: le centre ville de Paris, le pavillon Français de l’Exposition Universelle, ici à l’intérieur du Carreau du Temple. De même pour la cuisine: il faut qu’un chef Français, Japonais, Italien, Allemand puisse monter dedans et faire exactement ce qu’il a envie de faire, qu’il produise n’importe quel menu. Donc l’adaptabilité est très importante car le foodtruck va voyager partout dans le monde. Le fait de rajouter la musique a aussi donné une autre ampleur parce que cela veut dire que ce n’est pas une machine qui fonctionne de midi à quatorze heure: avec la musique on peut rester ouvert toute la journée, avec la musique on peut arrêter de manger à dix heure du soir et passer une bonne soirée et boire tout en écoutant de la musique. Donc la musique était un élément important de ce projet, beaucoup plus important que j’avais pensé !
Vendredi soir à neuf heures quand le système de son a été allumé pour la première fois ma vision du projet est devenue complètement différente. Ça l’air d’être rien mais la musique change tout. Avec Peugeot Music nous avons développé des playlists, nous avons aussi des artistes qui vont venir donc la partie musicale de la marque et la partie gastronomique se rejoignent
- Vous avez aussi l’intention de montrer ce que faisait le chef grâce à la GoPro embarquée dans la zone de travail. S’agit il d’un partenariat avec GoPro?
GV: Nous avons pris une GoPro parce que c’était très pratique mais il n’y a pas de partenariat particulier, l’idée était vraiment de trouver un moyen simple pour pouvoir montrer ce que fait le chef aux clients qui attendent -car le moment peu glamour du foodtruck c’est faire la queue et attendre. L’idée est qu’en plus d’à la fois pouvoir lire le
menu, le client puisse voir les gestes du chef et donc voir les gestes qu’il va faire quand ce sera le tour de son plat, de créer ce rapport un peu intime. D’ailleurs le chef sait qu’il est observé, que chaque client sait comment il travaille, il y a une sorte d’intimité qui se créer inconsciemment , ça c’est intéressant.
CL: Au tout début nous avions pleins de concepts, nous avions l’idée d’un chef en superstar DJ avec un podium qui sortait du toit à trois mètre en hauteur, qui cuisinait avec tout le monde qui regardait. Le visuel était spectaculaire mais nous trouvions que l’expérience n’était pas adéquate. Nous avons voulu vraiment créer un espace convivial dans lequel les gens veulent passer du temps donc nous avons ?ni par descendre le chef le plus bas possible dans le camion et même sortir son plan de travail à l’extérieur du camion, dans le public, de manière à ce que les gens puissent voir et partager ces moments de préparation en voyant le chef au travail. La GoPro est très importante car lorsque il y a trop de monde ou si les gens sont petite taille, ils ne peuvent pas tout voir, donc grâce à cette caméra, si le chef est en train de faire une démonstration vous pouvez voir son plan de travail, il peut grâce à l’écran diffuser et expliquer son travail: « je fais ci, je fais ça, je mets cet ingrédient ». Donc la GoPro et l’écran sur la portière servent vraiment au rapprochement, à faire monter le plus possible le public dans la phase de création culinaire dans le camion.
- Quel est l’éclairage du foodtruck en version nocturne? Là on ne peut pas le voir car il fait encore plein jour, mais qu’est ce que cela donnera ce soir?
GV: oui on pourra le voir ce soir, entre l’écran et les lumières d’ambiance mais il y aura aussi des spots., donc ça sera un peu mixte. Mais oui il y a des éclairages d’ambiance qui sont plus fonctionnels pour éclairer certaines zones par rapport à ce qu’on va y faire ?nalement, autant pour les chefs que pour les clients. Quand on regarde ce foodtruck, on pense « nomade ». Son design évoque d’ailleurs un peu celui d’une malle qu’on mène en voyage et qu’on déplie…
GV: Oui c’est ça. En fait quand l’objet se déplace et qu’il n’est pas dans sa fonction de fooding on va dire, est en mode compact pour aller dans la circulation et ensuite nous voulons faire vivre une expérience immersive et nous avons besoin d’une installation particulière et donc besoin de déployer le foodtruck. Mais le parallèle avec le bagage ou la valise qui se déploie qui s’installe, qui se pose, est intéressant car c’est un peu ça: s’installer, poser son dispositif pour faire vivre quelque chose de fort.
Comment la couleur a été choisie?
GV: En fait il y a deux univers de couleurs: il y a la partie cuisine où là on est dans des couleurs très cuisine professionnelle car on voulait vraiment faire vivre ça et mettre les gens en contact avec la cuisine professionnelle c’est pour ça que les matériaux de la cuisine se retrouvent aussi sur le coté public, des clients. Aujourd’hui en plus tout le monde sait à quoi ça ressemble avec les TV shows, les reality TV type Master Chef . Et puis quand on continue un petit peu plus loin on entre dans un univers plus gourmand au niveau des couleurs avec des bois naturels, des argiles qui faisaient déjà partie de nos assiettes il y a trois mille ans, donc il y a une recherche dans l’histoire aussi, l’univers est plus fooding, plus gourmand, que ce soit la carrosserie qu’on voit derrière, toute la partie à gauche du truck a été choisie très précisément pour ces raisons.
Pour ?nir, quels sont vos prochains projets?
CL: Nous allons présenter le foodtruck à la Milan Design Week, il y aura un grand espace de 400 mètres carrés. Le foodtruck sera garé à l’extérieur mais à l’intérieur nous allons dévoiler toute une autre série de projets!
GV: Beaucoup de choses! Mais on ne peut pas encore en parler! Il y a la partie automobile où là bien sur on renouvelle toute la gamme Peugeot au fur et à mesure des mois, des années, à un rythme soutenu, où on s’exprime sur des concepts cars plus automobiles que celui ci, pour faire de la prospective et faire passer certains messages aussi, et il y’a aussi la partie agence, le Peugeot Design Lab, cette entité travaille pour la marque Peugeot sur certains sujets comme des gammes de vélos chaque année, nous travaillons aussi beaucoup pour des clients extérieurs car en fait le plus gros de l’activité du Peugeot Design Lab est d’être une agence de design pour des clients extérieurs. À ce stade par exemple on a une quinzaine de projets en cours, que ce soit dans l’aéronautique, ou le nautisme ou le matériel de sport par exemple donc il y a plein de projets mais en terme de communication nous dépendons du rythme de communication de nos clients donc c’est à eux de décider quand est ce qu’ils communiquent et donc que nous pouvons communiquer.
Récemment nous avons porté la conversion du tramway de Strasbourg, par exemple, ça va être fait, ça a été communiqué, nous avons aussi travaillé pour Dassault et d’autres marques, c’est un travail passionnant. Pour ce qui est de nos projets futurs, le foodtruck va aller à la Milan Design Week et va aussi y être présenté avec d’autres nouveautés qui seront très intéressantes. C’est un peu tout pour ce que je peux dire pour le moment, mais l’attente ne sera plus très longue! Il y aura des choses assez spectaculaires qui vont être présentées!
Un grand merci à Gilles Vidal et Cathal Loughnane pour leur disponibilité et bonne route au foodtruck!
Plus d’info sur Peugeot Design Lab: Peugeot Design Lab (retrouver les articles sur BED)
Crédits photo: Kloé/Blog Esprit Design