Depuis quelques semaines, je passe un peu plus de temps sur le réseau social Instagram à la découverte de profils qui me font voyager. C’est là-bas que j’ai rencontré Ivy: la blogueuse inspirée et inspirante du Journal d’un Pigeon Voyageur. Sa jolie plume est un premier voyage en soi, les photos qui illustrent ses récits un second de choix. Nous nous sommes découvert plus d’un point commun au fil de nos conversations et Le Journal d’un Pigeon Voyageur a logiquement intégré la liste de mes blogs voyage coups de cœur. Avocate dans la vie, Ivy partage son fort penchant pour les voyages insolites sur un blog passionnant que je vous invite à découvrir.
1. D’où te vient ta passion pour les voyages insolites, Ivy?
Je crois qu’elle est tout simplement la résultante de deux éléments qui me caractérisent plutôt bien. Tout d’abord une curiosité illimitée remontant à l’enfance, non seulement pour ce qui m’entoure mais également pour ce que je ne connais pas encore. Puis à cet inexorable désir d’aller à la rencontre d’autres cultures et donc de nouveautés s’est peu à peu greffée une volonté affirmée et assumée de me démarquer des autres.
Ce qui en substance signifiait deux choses pour moi : veiller à ne pas m’enfermer dans des moules ayant déjà été définis au préalable, et à ne pas céder aux diktats imposés par la société quand ceux-ci ne correspondaient pas à mes aspirations profondes. A croire, qui sait, que mon prénom anglophone plutôt rare dans le monde francophone me prédisposait déjà par sa singularité à emprunter des chemins moins classiques …
Dès lors, ma vision des voyages ne pouvait qu’illustrer ces deux lignes directrices. M’envoler pour des destinations sortant des sentiers battus me permet donc d’assouvir mon inépuisable soif de découverte du monde tout en profitant de vacances insolites. J’ai toutefois conscience de la relativité de cet adjectif (insolite) car si le Malawi, où je me suis rendue l’été dernier, reste une destination « exotique » (car moins courue) pour nombre d’occidentaux (hormis peut-être les britanniques), elle l’est en revanche moins pour les habitants d’Afrique Australe. Tout est donc une question de perspective
Mais entendons-nous bien, je ne recherche pas à tout prix la singularité et je ne choisis pas les lieux de mes échappées touristiques en fonction de leur degré d’atypisme. S’il m’arrive de prendre en compte cette considération, je me laisse surtout guider par mes envies du moment et une fois sur place, j’essaie de ne pas uniquement me contenter de la visite des lieux incontournables dont tout le monde parle pour, à contrario, partir à la découverte de sites plus confidentiels mais tout autant « worth visiting ». Car même les villes/sites/pays les plus plébiscités par les touristes cachent des lieux et ou activités dont on ne saurait, sans une recherche en amont, soupçonner l’existence alors qu’ils sont pourtant bien souvent extraordinaires.
Ainsi, combien de personnes savent qu’il est possible de monter au sommet du Reichstag allemand pour visiter sa coupole de verre ? Qui pense à s’arrêter au Musée de la vie Romantique à Paris pour découvrir, outre ce lieu charmant, son apaisant jardin où il est fait bon déguster de très bons encas? Avez-vous un seul instant songé à assister à un entrainement privé de sumos à Tokyo ? Saviez-vous que vous pouviez passer la nuit dans un hôtel prison aux Pays-Bas ou encore que Dubaï à bien plus à offrir que ses géantes tours et ses îles artificielles ? Et je pourrais encore vous citer pléthore d’exemples identiques.
C’est donc pour partager toutes ces excitantes découvertes que j’ai eu la chance de faire ces dernières années que j’ai décidé de commencer mon blog, le Journal d’un Pigeon Voyageur, en juillet 2014. La finalité poursuivie étant d’offrir, à portée de clic et sans avoir à sortir de chez soi pour prendre l’avion, du dépaysement à tous les visiteurs qui feront escale sur mon blog. Révéler des lieux inattendus ou faire redécouvrir, sous un nouveau jour, des sites, que vous pensiez déjà bien connaitre: tel est donc le crédo du Journal du Pigeon Voyageur.
2. Comment t’organises-tu pour ces types de voyage en particulier? Je pense au Malawi par exemple. Comment as-tu sélectionné les lieux à visiter?
Difficile de te répondre car à chacun de mes voyages correspond une conception différente, elle-même tributaire de plusieurs facteurs.
Le choix de la destination est ainsi fonction de mes envies du moment, lesquelles évoluent au gré des avis recueillis auprès de mes proches sur une destination donnée, de mes visionnages d’émissions ou encore de mes diverses lectures consacrées au voyage (sur internet ou dans les nombreux livres et guides touristiques ainsi que les revues de voyage qui occupent le tiers de ma bibliothèque à domicile).
Le temps dont je dispose pour organiser cette escapade (voyage prévu de longue date ou échappée de dernière minute) tout comme les motifs du voyage (s’il s’agit d’une surprise, d’un moment de détente pour le week-end ou encore d’un long séjour) sont deux autres critères qui entrent en ligne de compte dans l’organisation de mes virées touristiques.
Enfin la planification dépend aussi de la facilité à mettre en place ou non mon projet (est-ce que je peux, moi-même, tout booker sur internet ou dois-je faire appel à un intermédiaire, agence de voyage par exemple, du fait notamment de la difficulté d’accès du lieu). Mais comme tout cela peut paraître très abstrait, je vais l’illustrer par un exemple très concret.
Ainsi, pour le Malawi où je me suis rendue l’été dernier, tout est parti de la lecture, alors que je recherchais un lieu où « buller » pendant une semaine, d’un article trouvé sur internet consacré à Likoma Island (une enclave malawite en terre mozambicaine) et à l’hôtel Kaya Mawa, son bijou hôtelier.
Autant te dire que j’ai tout de suite été emballée: un pays que je ne connaissais pas et dont on parle peu, une île : donc un cadre idéal pour se reposer et pour ne rien gâcher un écolodge magnifique !
Quelques heures plus tard, après avoir écumé le site internet de l’hôtel et compris qu’il serait très difficile pour moi d’organiser seule tout le voyage depuis Paris jusqu’à cette île, je me suis résolue à faire appel à une agence parisienne afin qu’elle s’occupe de toutes les réservations nécessaires. J’ai néanmoins pris le soin d’effectuer une recherche en amont pour lui préciser la chambre que je souhaitais occuper. Et pour te dire à quel point je souhaitais celle-ci et pas une autre, cela ne m’a pas du tout dérangé de décaler mes dates de départ afin d’être certaine de pouvoir occuper celle pour laquelle j’avais eu un coup de cœur. (Ce que femme veut dieu veut n’est-ce pas ?)
Sur place, la sélection des lieux à visiter a été très aisée car contrairement à mes habitudes, la finalité de ce voyage était avant tout de pouvoir me reposer et non de crapahuter toute la journée. Je n’ai donc pas cherché en amont à me trouver des activités à tout prix. Mais chassez le naturel, il revient au galop : j’ai quand même réussi à consacrer une demi-journée de mon séjour (ce qui en soi ne représente pas grand-chose pour 5 nuits passées sur place) à la découverte du marché, de la cathédrale (l’une des plus grandes de la sous-région) et enfin de l’extraordinaire Katundu, une coopérative de femmes de Likoma Island qui acquièrent une indépendance financière en produisant des articles de décoration d’intérieur ainsi que des vêtements de très belle facture. D’ailleurs, ces derniers meublent et décorent l’hôtel Kaya Mawa et y sont même vendus.
L’expérience malawite a donc été une exception pour moi en terme de sélection de lieux à visiter. En effet, en temps normal, je croise les informations recueillies auprès de mes amis avec celles sélectionnées après lecture de différents guides et sites relatifs à la destination où je me rends afin d’établir 2 listes. La première est autant consacrée aux sites incontournables que plus atypiques que je désire visiter. La seconde est dédiée aux établissements où j’aimerais me restaurer (une gourmande ne se refait pas paraît-il
Voilà, tu as réussi à me faire lever un voile sur tous mes secrets de fabrique
3. J’ai vu sur ton blog que tu avais visité quelques pays d’Asie. Quel est ton plus beau souvenir là-bas?
Effectivement je me suis, pour l’heure, rendue à deux reprises en Asie. Au Japon tout d’abord puis au Vietnam et j’ai hâte de pouvoir renouveler l’expérience car j’ai trouvé ce continent indubitablement fascinant. Paysages d’exception (les rizières, le Mékong ou la Baie d’Along au Vietnam, le Mont Fuji au Japon, des lieux de culte d’une beauté apaisante (temples d’or et d’argent ou le Rioanji au Japon, Pagode de la Dame Céleste, Temple de la Littérature ou Cao Dai au Vietnam) mais également une gastronomie saine, exquise et goûteuse : (notamment bœuf de kobé, sushis et soupes au Japon ; nems, viandes laquées ou poisson chat frit au Vietnam).
Et des souvenirs j’en ai encore et encore. Très difficile en conséquence pour moi d’en privilégier un plutôt qu’un autre. Mais puisque je dois quand même le faire je dirais qu’avoir eu la chance de pouvoir assister, dans une école dédiée, à un entrainement de sumotoris à Tokyo est un souvenir qui m’a vraiment marquée.
Une fascinante expérience pourtant totalement imprévue, rendue possible grâce à l’efficacité du concierge de l’hôtel où j’avais pris mes quartiers dans la capitale nippone. Ainsi, pendant une heure, j’ai pu observer ces athlètes vénérés dans leurs pays s’entrainer et faire leurs exercices quotidiens. Et cerise sur le gâteau, je n’oublierai jamais à quel point je me suis sentie petite lorsque l’un des sumos, de près d’1m90 et pesant pas loin de 200 kilos, m’a enlacée pour une photo souvenir
4. Je te sais passionnée par le continent africain. Pour les voyageurs qui souhaiteraient visiter l’Afrique, par quel pays leur recommanderais-tu de commencer? Pour quelles raisons?
Idéalement, il faudrait que tu me reposes la question quand mon tour d’Afrique sera terminé car je pourrai alors, en connaissance de cause, te donner un avis objectif. Ceci dit, fort des 10 pays africains où je me suis pour l’heure rendue (soit uniquement le cinquième du continent), je recommanderais de faire escale en Afrique de l’Ouest et plus précisément en Côte d’Ivoire. Un pays qui est pour moi un condensé de tout ce que l’Afrique a de beau à offrir.
Un peuple chaleureux et accueillant, une stabilité politique désormais retrouvée, une cuisine locale savoureuse (il faudra à tout prix goûter à l’attieke : une semoule réalisée à base de manioc qui s’accommodera bien de tous les plats braisés : poulet, poissons ou crabes) à déguster dans les authentiques maquis ou dans de nombreux et excellents restaurants, diverses possibilités d’hébergement (alliant hôtels de luxe, maisons d’hôtes, boutique hôtels ou encore bungalows en bord de plage notamment) ainsi qu’un fort potentiel touristique.
En effet, en Côte d’Ivoire, les mordus d’histoire seront aux anges à Bassam, capitale coloniale classée, depuis 2012, au patrimoine de l’Unesco et à Yamoussoukro, capitale politique du pays dont la superbe basilique édifiée par le président Houphouët Boigny est un incontournable.
Abidjan, la trépidante capitale économique, saura vous séduire à la fois par sa modernité et son ambiance résolument africaine, ses nombreux lieux consacrés à l’art et à la culture (fondation, galeries), ceux festifs ou de détente (dans les quartiers de Yopougon, Marcory, II Plateaux , Cocody ou la Rivièra notamment) mais également par la beauté de ses plages, dont la renommée ne cesse de croître : Bassam, Assouindé et surtout celles d’ Assinie.
Ne manquez pas non plus, si votre timing n’est pas serré, l’île Boulay ainsi que les villages situés non loin d’Abidjan à l’instar de Jacqueville, d’où vient la danse Mapouka pour ceux qui la connaissent, ou encore Grand Lahou. Mais un séjour ivoirien ne saurait uniquement se limiter à Abidjan car d’autres lieux, à l’intérieur du pays, méritent aussi le détour. Notamment la ville de San Pédro, dont les plages sont magnifiques, celle de Man, la ville aux 18 montagnes connue également pour ses ponts de lianes et ses multiples cascades, ainsi que Korogho située au nord du pays, qui est quant à elle réputée pour ses tisserands et ses savanes. Enfin pour les fans de nature, allez explorer les parcs nationaux de la Comoé et de Tai, tous deux inscrits au Patrimoine de l’Unesco.
Plutôt pas mal comme itinéraire vous ne trouvez pas ? En tout état de cause, la Cote d’Ivoire est définitivement mon coup de cœur !
5. Quelles sont les prochaines destinations sur ta liste, Ivy?
Tu seras surprise d’apprendre que rien n’est jamais véritablement arrêté avec moi car ma travel list, que je mets à jour assez régulièrement, fluctue au gré de mes envies et de mes coups de cœur du moment. Mais ce qui est certain c’est que je rêve à nouveau du Japon. J’aimerais aussi découvrir l’Afrique Australe (Namibie, Bostwana et Mozambique), l’Afrique du Sud ainsi que le Maroc. Mais également le Chili, l’Argentine et le Pérou.
En Europe, je suis partagée entre retourner dans des villes de pays du sud où j’ai encore des choses à découvrir (comme Lisbonne ou Rome), partir à la découverte des pays du Nord ou tout simplement me décider enfin à explorer un certain nombre de sites français qui me font de l’œil depuis si longtemps. Donc, une multitude d’envies comme tu peux le constater. Avec les beaux jours qui arrivent et les week-end prolongés qui se profilent à l’horizon j’espère pouvoir réussir à caser quelques-unes de ces escapades !
Stay tuned pour les nouvelles aventures à lire sur le JPV
Ta destination favorite
Je n’ai pas de destination favorite car j’essaie, autant que faire se peut, de varier les plaisirs.
C’est pourquoi je préfère privilégier la découverte de lieux que je ne connais pas encore plutôt que d’inlassablement retourner aux mêmes endroits.
En tout état de cause, pour qu’une destination me plaise il suffit qu’elle attise ma curiosité et me fasse rêver et ce, peu importe sa situation géographique.
Ainsi les villes de Kyoto et Axim ont tout aussi bien su me séduire que celles de Colmar, Alexandrie, Giverny ou Bergen
Un endroit particulièrement apprécié
J’ai découvert il y a quelques mois et avec beaucoup de plaisir, Le Café Le Papillon.
Un restaurant situé dans le 20 ème arrondissement, qui permet un véritable voyage culinaire en alliant plats traditionnels français et touches plus exotiques (avec notamment des emprunts à la cuisine des îles et de l’Asie grâce à des ingrédients, des épices ou des herbes).
Le tout à un très bon rapport qualité/prix de surcroît !
Par ailleurs, et outre la délicieuse cuisine qu’on y sert, c’est un endroit où l’on se sent vraiment bien tant le personnel est aux petits soins pour ses clients.
C’est pour moi un bel établissement pour s’échapper le temps d’un repas vers d’autres horizons.
La dernière chose que tu fais avant de t’endormir
Rien d’original : je mets mon réveil à sonner pour le lendemain.
Et pour que le réveil se fasse progressivement et tout en douceur, je le programme dix minutes avant l’heure à laquelle je dois effectivement m’échapper des bras de Morphée
Ou comment se donner l’illusion de prolonger un peu plus longtemps sa nuit, mais j’avoue que cela ne fonctionne pas toujours.
Ton dernier livre lu
Il s’agit d’un ouvrage de Philip Gourevitch consacré au génocide rwandais de 1994 qui s’intitule Nous avons le plaisir de vous informer que nous serons tués demain avec nos familles.
Passionnée d’Histoire et convaincue de la nécessité du devoir de mémoire, il me paraissait inconcevable, lorsque je préparais mon voyage au Rwanda, de m’ y rendre sans visiter les principaux sites mémoriaux, musées, mais également églises, consacrés au génocide.
Des lieux dont j’avais d’ailleurs déjà entendu parler bien avant mon périple.
Visites certes émouvantes, douloureuses et dont je suis souvent ressortie bouleversée mais tellement nécessaires pour apprendre, entendre, lire, voir et tenter de comprendre l’indicible qui s’y est produit.
Depuis mon séjour qui remonte déjà à presque deux ans au Pays des Mille Collines, je n’ai pas pour autant cessé ma quête d’informations au sujet de ce dernier génocide du XX ème siècle et c’est donc à ce titre que j’ai décidé de lire cet ouvrage de Philip Gourevitch.
Si vous aussi êtes à la recherche de livres abordant cette problématique, n’hésitez pas à jeter un œil au premier article , consacré au Rwanda, publié sur le JPV et au terme duquel j’ai dressé une liste de quelques ouvrages que j’ai moi-même lus et trouvés très instructif.
Ton parfum du moment
Brit de Burberry. Un parfum très féminin, auquel je suis fidèle depuis bientôt 8 ans, que je porte généralement à l’arrivée des beaux jours.
Et même si cette année le soleil n’est pas encore de la partie à Paris, je n’ai pas su résister à l’odeur enivrante de sa douce fragrance.
Et puis je me dis que peut être qu’à force de m’en parfumer depuis deux semaines le soleil finira enfin par pointer durablement le bout de son nez ?
Oui je sais, l’espoir fait vivre
Ton dernier film vu
Il s’agit de Selma, film auquel tu as d’ailleurs consacré un article récemment sur Elle dit 8.
Il me tardait de le voir pour enfin combler mes lacunes s’agissant de plusieurs aspects de la lutte pour les droits civiques aux USA que j’ignorais encore. Il était temps !
Une image qui t’inspire
Mettez-moi entre les mains un catalogue ou un livre consacré aux voyages et vous pouvez être certain que mon imagination se mettra aussitôt en marche.
Tout ce qui a trait, de près ou de loin, au thème du voyage est l’équivalent de ma Madeleine de Proust !
Que dire Ivy pour te remercier d’avoir accepté mon invitation et pour t’être autant impliquée dans les réponses à mes questions? M.E.R.C.I. ! J’adore nos rendez-vous impromptus au fil des photos postées et des articles publiés sur nos blogs respectifs.
Je vous l’avais dit: celle qui se cache derrière le Journal d’un Pigeon Voyageur est une personne passionnante qui gagne à être suivie! N’hésitez pas à soutenir sa démarche de partage en la rejoignant sur Instagram, sur Facebook et sur son blog bien évidemment. Avec Le Journal d’un Pigeon Voyageur, l’évasion est garantie, la découverte aussi, avec ce petit supplément d’âme véhiculé par une jeune femme férue de culture pour ne rien gâcher.
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