Identifier l’ennemi, la bêtise

Publié le 06 avril 2015 par Micheltabanou

D'hier à aujourd'hui, d'une expo à ce post du blog il y a au départ un texte, une accroche, dans l'expo de la Cité de l'Architecture qui sensibilise toute mon attention et qui passant par les méandres de quelques recherches sur la toile, consolidant ainsi mon impression et surtout mon envie d'en savoir plus sur ce moment clé retenu par le commissaire de l'exposition dans la chronologie des cinquante dernieres années architecturales en France, fini par aboutir à cet ouvrage explosif:

" L’Architecture est un sport de combat" de Rudy Ricciotti. Entretien avec David D'Equainville, éditions Textuel – 2013

Il en sait quelque chose avec la désespérante histoire du Stadium de Vitrolles qui illustre à merveille la violence du rapport à l’art, à la création, à l’architecture  dans une mairie sous gestion frontiste ! Mais l’ennemi n’est pas uniquement frontiste, lepéniste, il est subtilement multiple et enraciné au cœur de notre quotidien, de notre société de gestion administrative hyper normée et cloitrée dans son conformisme anesthésiant. Dans cet entretien, Rudy Ricciotti, animé par un goût des mots et des formules qui saisissent les conventions à la gorge, bouscule les idées reçues.

Il n’hésite pas à sabrer le « salafisme architectural » ambiant – ce minimalisme désincarné qui règne sur la création contemporaine – , la « pornographie réglementaire » d’une administration omnipotente, sans oublier la « fourrure verte », nouvelle doxa environnementale.

Ce virtuose du béton, Prix National d'Architecture en 2006, grand défenseur des savoir-faire locaux, tient à expliciter ses combats, armé de ses principales œuvres : le Stadium de Vitrolles, le Centre Chorégraphique National d’Aix-en-Provence, le pont du Diable à Gignac, le musée Cocteau à Menton, le MuCEM (musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) à Marseille, la passerelle pour la Paix sur le fleuve Han à Séoul, le Philharmonie de Postdam à Berlin, le Palais des Festivals de Venise, le Musée d'Art Contemporain de Liège ou encore le Philharmonie de Gstaad pour le festival crée par Yehudi Menuhin.… Aucun architecte français n'a gagné autant de projets prestigieux en si peu de temps depuis au moins cent ans. Voici sa réponse à une question posée il y a peu sur le scandale du Stadium de Vitrolles, architectur délaissée, abandonnée et finalement déchue, avec à l’origine de cette descente vertigineuse aux enfers l’attitude hystérique et psychotique de Catherine Mègret alors maire FN de Vitrolles.

« Vous avez conçu une salle de concert à Vitrolles, le Stadium. Malheureusement elle a été fermée par la municipalité. Aujourd'hui le site est vandalisé... Comment réagissez-vous à une telle destruction ?

R-R : Je suis assez scandalisé par l’indifférence de l’intercommunalité. C’était un bâtiment sous la gestion intercommunale et c’est critiquable. C’était une des salles qui possède la meilleure acoustique d’Europe, un de mes plus beaux projets. Il faut faire des efforts pour comprendre que ça parle de la coulée de l’asphalte, du suprématisme, de la valeur des contrastes comme refondement de la vitalité…C’était un bâtiment très médiatisé mais, au plan local, c’est un bâtiment qui a été reçu avec du crachat et de la haine. Aujourd’hui les gens commencent à changer d’avis, à comprendre. Le maire de Vitrolles aime beaucoup cet endroit. Il faut aider ce bâtiment à renaître. Ce n’est pas parce qu’il est vandalisé qu’il ne vaut plus grand-chose … on peut le réactiver. Le laisser à l’abandon c’est une honte. »

Tout cela nous donne à réfléchir avec cette poussée de fièvre des droites…toujours prêtes en temps de crise à remettre en cause l’art.