Après une carrière prolifique, humoriste touche à tout, acteur et animateur, dernier représentant d’un esprit Canal qui s’est fané, après nous avoir offert de grand moment télévisuel avec Burger Quizz, Jamel Comedy Club et surtout l’ineffable H, Jamel Debbouze fait ses premiers pas dans la réalisation avec un succès certain et un humour toujours aussi efficace. Nous avons vu Pourquoi j’ai pas mangé mon père ? en avant-première, ce dimanche 5 avril.
Édouard (Jamel Debbouze), un simien, vit dans un arbre millénaire, un peu à l’écart du reste de sa tribu. Fils du roi, il ignore tout de sa place puisqu’il a été abandonné à cause d’une malformation à ses pieds. Accompagné d’un singe albinos un peu bêta, Ian (Arié Elmaleh), Édouard va passer un cap dans l’évolution tout en découvrant l’amour.
Lucie (Mélissa Theuriau) et Edouard (Jamel Debbouze)
Pourquoi j’ai pas mangé mon père plaira sans aucun doute possible aux fans de la première heure de Jamel Debbouze, ceux qui gardent en tête les mimiques, les jeux de mots et les bafouillements caractéristiques de l’acteur. L’essentiel de son jeu et du ressort comique de l’animation se résume à ces derniers, d’ailleurs obtenus en capture de mouvements. Autant dire qu’il ne faut pas venir chercher du nouveau. Debbouze fait du Debbouze et le fait bien. Pour être honnête, on aimerait que d’autres, faute de réussir à se renouveler, se maintiennent au moins aussi bien que lui. Oui, nous pensons au navrant Bis de Dominique Farrugia. Un brin prétentieux, voulant sûrement se réclamer de sa filiation, Debouzze fait revivre Louis de Funès à travers le personnage de Vladimir (Patrice Thibaud). Toutefois, on doit avouer que c’est particulièrement réussi et qu’on le comprend très vite. Pour ce faire, des images des films de l’acteur défunt ont été utilisées pour reproduire les grimaces les plus fameuses. Mené par ce duo improbable, le film multiplie les scènes drolatiques, le comique de geste étant leur cœur et les quelques jeux de mots bien sentis faisant le reste.
Vania (Diouc Koma) et Gudule (Johanna Hilaire)
Au-delà de la farce (et de la faute de grammaire), Pourquoi j’ai pas mangé mon père ? a l’ambition d’aborder plusieurs sujets, l’évolution, l’amour, l’exclusion, la succession, la fraternité, les problèmes de sociétés et s’éparpille un iota. Toutes effleurées, aucune de ces problématiques n’est suivi en profondeur par le scénario. Malgré tout, pour un film d’animation à destination, aussi, du jeune public, il a l’intelligence de les poser, même fugacement. Ainsi, Édouard et Ian, ostracisés par le reste de leur tribu, vont faire de leur différence, une véritable chance. Et peu à peu, la tribu comprendra que l’on peut apprendre de tous. Très positif, Pourquoi j’ai pas mangé mon père délivre un gentillet message de fraternité qui ne fera de mal à personne. Ainsi, Édouard, malgré les brimades, reste toujours de bonne constitution. Petit détail qui a son importance, il n’en est pas pour autant amorphe et fait preuve d’opposition quand il le faut. Debbouze fait de son héros, une sorte d’indigné, méfiant envers l’autorité, surtout religieuse, la sorcière étant le seul rôle totalement négatif du film. Le financier incarné par Vladimir n’en étant pas loin, refusant les immigrés et s’arrogeant les richesses, avant qu’Édouard ne mette un terme à son odieux trafic.
Vladimir (Louis de Funès/Patrice Thibaud) et Édouard (Jamel Debbouze)
Pourquoi j’ai pas mangé mon père, animation en stop-motion, fait rare dans le cinéma français, est un bon début pour Debbouze en tant que réalisateur. L’essentiel est là : on ne s’ennuie, on rit sans se forcer et l’œil est même flatté par une utilisation de la 3D très correcte par rapport à ce qui peut se faire par ailleurs. Et puis, critère très important que l’on prend toujours en compte chez Une Graine dans un Pot, les gamins ont adorés et c’est bien le plus important ! Pourquoi j’ai pas mangé mon père ? sortira le 8 avril.
Boeringer Rémy
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