« Peut-être que s’il avait bien pris ses médicaments qui l’auraient abattu (…) comme une espèce de plante verte, il n’aurait pas pris son avion et ils n’auraient pas pu se planter avec ». C’est ce qu’on peut entendre dans Pourquoi docteur?
Passons sur le diagnostic sauvage de schizophrénie et sa réfutation par l’argument imparable de « on peut imaginer qu’un dépressif puisse conduire un avion, mais un psychotique c’est plus difficile » (vingt-sixième minute).
Je voudrais réagir à la défense des neuroleptiques comme médicament transformant les patients en plante verte. Il serait donc préférable d’être une plante verte plutôt qu’en crise psychotique. Déjà, ça reste à prouver et je suis persuadée que c’est parce que cet état est insupportable que de nombreux schizophrènes arrêtent leur traitement. Ensuite, ces médecins n’ont pas l’air de le savoir, mais il n’est pas nécessaire d’assommer les patients à coup de doses massives de neuroleptiques pour qu’ils aillent mieux.
Je ne suis ni un danger ni une plante verte. Oui, il y a une vie pour les schizophrènes, oui, je suis vivante comme vous.
Je prends des neuroleptiques et je vis.
Je prends des neuroleptiques et je ris, je pleure, je me révolte, je râle, je m’énerve, je déprime, je rigole, je suis triste et contente.
Je prends des neuroleptiques et je travaille, je fais du sport, je monte les escaliers en courant, je suis fatiguée et je suis pleine d’énergie.
Je prends des neuroleptiques et je lis, j’écris, j’étudie, j’apprends chaque jour, j’ai des idées, des bonnes et des mauvaises, je prends des initiatives, j’ai des projets.
Je prends des neuroleptiques et j’aime et je déteste, je suis indifférente et enthousiaste, je saute de joie et je soupire.
Je ne suis pas une plante verte et je vous emmerde je sais encore me mettre en colère.
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