Un bâtiment peut-il avoir plusieurs vies ?
Ai profité de ce long week-end pour parcourir l'exposition " Un bâtiment peut-il avoir plusieurs vies ? " à la Cité de l'Architecture & du Patrimoine. Une façon de renforcer ma curiosité et de combler une apparente inculture... L'exposition s'interroge sur la nécessité de trouver un équilibre entre démolition, conservation et transformation des bâtiments. Création et réinvention sont présentées à travers 72 projets européens et illustrent par ce focus tout particulier sur ce quoi travaillent les architectes; c'est à dire la transformation des bâtiments. Transformation et non pas réhabilitation qui est un terme technique qui relève plus de la mise en conformité et qui n'est pas du domaine de la créativité. La transformation, ici, est entendue comme acte de création. L'exposition retrace cinquante années de chantiers c'est à dire cinq décennies pour sortir du déni, et où l'on est passé d'une logique de table rase, où l'on construisait ex nihilo, a une logique in vivo.
L'exposition s'ouvre par une grande frise chronologique qui retrace les grandes étapes de cette évolution des modes de pensée, de l'après-guerre, où les besoins de reconstruction étaient immenses, jusqu'à nos jours, où l'économie des ressources et l'impact environnemental sont des considérations de premier ordre. Des exemples concret viennent ponctuer la démonstration. Tout d'abord la prédominance de la logique américaine, qui prévalait dans les années 1960-1970 en France, et qui considérait qu'un bâtiment rentabilisé pouvait être détruit et remplacé. Peu à peu s'est substituée une politique de reconversion de l'existant, de construction durable, évolutive dans ses usages.
Etayé par une centaine de projets et de réalisations françaises et européennes, le propos s’attarde sur la transformation de manière durable des constructions de qualité comme de celles jugées plus banales, insistant sur l’idée que la métamorphose relève de l’acte de création.
Ce parcours aborde huit thématiques, parmi lesquelles « l’infrastructure, source d’architecture », « l’évidence patrimoniale » ou encore « la reconquête du banal ». Sont également présentés des entretiens avec des architectes ayant mené des transformations, chacun offrant une approche différente du sujet.
Une exposition passionnante qui révèle des mutations et nous interroge sur la nécessité de démolir systématiquement pour construire. Une exposition qui nous entraîne de la « rénovation-bulldozer » des années 1960-1970 animée par l’idéologie de la table rase jusqu'à aujourd'hui et son approche de transformation des bâtiments existants et des territoires urbanisés.
Étalé sur un peu moins d’une année entière, l’événement a pour but d’articuler une réflexion inspirée, innovante et pertinente autour de la question de l’habitat de l’être humain, son impact sur l’environnement, sur notre quotidien et, à terme, sur nos vies.
Un soleil radieux m'attendait à la sortie et de retour à la maison je vais me ruer sur les pages du superbe catalogue " Matière grise Matériaux / Réemploi / Architecture " Pavillon de l'Arsenal 2014 que j'ai préféré acquérir.
J'ai eu tout au long de cette visite l'exemple de la réalisation du Théâtre de Marinha Grande qui collait vraiment au contexte du sujet et qui comme exemple n'aurait pas dépareillé dans cette exposition.