Les Enquêtes du Département V : Miséricorde // De Mikkel Norgaard. Avec Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares.
Miséricorde est le premier volet d’une saga littéraire (et désormais au cinéma) qui a été un succès retentissant en Suède. Afin de mettre en scène cette adaptation, les producteurs ont fait appel à Mikkel Norgaard (Borgen) et pour le scénario Nikolaj Arcel (qui s’était déjà occupé d’adapter le premier livre de la saga Millenium). On retrouvera d’ailleurs cette fine équipe très rapidement au cinéma pour le second volet. Wild Bunch, le distributeur français de Les Enquêtes du Département V a choisi un mode de sortie assez étonnant puisque ce premier volet sort uniquement en VOD de façon limitée (comme cela avait été déjà le cas pour Welcome to New York, également distribué par Wild Bunch) et le second sortira cependant au cinéma en France. Les Enquêtes du Département V : Miséricorde ne change pas grand chose dans le monde du polar mais malgré cela, c’est très bien cousu du début à la fin avec les révélations, la présentation de notre duo aussi atypique que très classique et le final où tout s’enchaîne avec une simplicité étonnante. Adapter les romans de Jussi Andler n’était pas forcément ce qu’il y avait de plus complexe mais il fallait conserver le ton, l’ambiance de polar très scandinave et bien évidemment la galerie de personnages.
Après une bavure qui coûte la vie à l’un de ses collègues et laisse son meilleur ami paralysé, l’inspecteur Carl Mørck a presque tout perdu. Mis sur la touche, privé du droit d’enquêter, il est chargé d’archiver les vieux dossiers du commissariat avec Hafez el Assad, l’assistant d’origine syrienne qui lui est imposé. Mais très vite, les deux policiers désobéissent à leur supérieur et rouvrent une enquête jamais résolue, la disparition mystérieuse d’une jeune politicienne prometteuse survenue cinq ans auparavant. C’est la naissance du Département V et sa première enquête...
Le duo de flic de Les Enquêtes du Département V : Miséricorde n’est pas si étonnant que ça dans le sens où l’on a le flic bougon et le gentil qui tente de le suivre tant bien que mal car d’une part il sait que son collègue est un bon flic mais également car il a lui aussi envie de goûter au plaisir d’être un flic (filer des coups de tampons, c’est pas trop son truc). On retrouve donc énormément pour prendre une référence française ce qu’il y avait dans Les Rivières Pourpres de Jean Christophe Grangé et cela fonctionne bien comme ça. Parfois, pour faire de bons polars il n’y a pas besoin d’aller chercher bien loin et Les Enquêtes du Département V nous le prouve ici avec son tout premier volet. L’enquête en elle-même nous réserve quelques très bonnes surprises, notamment dans la façon de découvrir les indices et de comment on va leur mettre des bâtons dans les roues (car sinon ce serait trop facile et un peu ennuyeux, vous ne pensez pas ?). Le scénario est donc suffisamment appliqué pour nous réserver de bonnes surprises. J’ai beaucoup aimé le fait que Les Enquêtes du Département V garde son côté très littéraire. On a vraiment l’impression de lire le polar dont est tiré l’histoire et pas vraiment de voir un film.
Cela se déguste donc sans pouvoir arrêter le film comme si on lisait un livre que l’on ne pouvait pas arrêter. La fluidité de l’histoire tient en grande partie de ses deux héros avec lesquels on s’amuse dès les premières minutes du film. Car l’introduction est quelque chose d’important et c’est l’une des premières réussites de Miséricorde (j’ai donc hâte de voir ce qu’ils vont faire dans le second volet qui est forcément un peu plus formulaïque, et donc moins dans le travail de mise en place d’une histoire et d’une enquête qui n’est pas forcément très légale. L’ambiance de Les Enquêtes du Département V est très bien maîtrisée par le metteur en scène, jouissant également d’une très belle photographie digne des plus beaux polars du genre. L’intrigue est souvent étrange mais pose aussi des questions dans le sens où ce n’est pas un meurtre mais un kidnapping. Cela me rappelle un peu ce que Atom Egoyan avait tenté de faire avec Captives sans parvenir à aller complètement au bout de son histoire et de ce qu’il semblait vouloir raconter dedans. Les Enquêtes du Département V : Miséricorde a également l’audace de se renouveler constamment afin de nous proposer des tas de choses complètement différentes dans les éléments qui constituent cette enquête.
Note : 7/10. En bref, un solide polar dont j’ai hâte de voir la suite.
Date de sortie : 27 mars 2015 - Directement en VOD / e-Cinema