La ministre du Développement Durable Ségolène Royal signe aujourd’hui à La Rochelle le décret de création d’un parc naturel où une forte biodiversité marine voisine avec de nombreuses activités économiques.
Phare de Chassiron - Ile d'Oleron France . © Biosphoto / Michel BureauPar Loïc Chauveau Publié le 04-04-2015
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RICHESSES NATURELLES. Entre Vendée et Gironde, le nouveau parc naturel marin couvre un espace maritime de 6500 km² au large des 700 kilomètres de côtes concernées par la nouvelle entité. Quoi de commun entre l’île de Ré et l’estuaire de la Gironde ? C’est le même système hydrologique. La richesse de cet endroit tient à l’apport en matières organiques apportées par les fleuves Garonne, Seudre, Charente, Sèvre. Protégés par les îles, les Pertuis reçoivent une véritable manne qui nourrit toute la chaîne alimentaire, des mollusques aux oiseaux et aux poissons.Résultat : une très forte biodiversité et une grande richesse organique de cet écosystème complexe. Les écologues ont dénombré ici 200 espèces de macro-algues, plus de 1000 espèces d’invertébrés, 10 espèces de poissons exploitées par la pêche, 10 espèces de poissons partageant leur vie entre milieux salés et d’eau douce, plus de 250 espèces d’oiseaux. Ces eaux sont par ailleurs fréquentées par une dizaine d’espèces de mammifères marins et de tortues. Ces hauts fonds constituent enfin une zone unique de reproduction et de croissance des alevins tant pour les poissons que pour les mollusques. La presque totalité des naissains d’huîtres naturelles en France proviennent des eaux charentaises.
Concilier nature et activités humaines
PECHE. Un espace d’une telle richesse a évidemment attiré les hommes. Et leurs activités y sont intenses. Les 3 ports de commerce de Bordeaux, La Rochelle et Rochefort accueillent 18 millions de tonnes de marchandises par an. On extrait de la Gironde 2 millions de tonnes de granulat tous les ans. 700 navires des criées des Sables-d’Olonne, la Rochelle, Royan et la Cotinière pêchent tous les ans 13 000 tonnes de poissons et avec 62 000 tonnes produites, la conchyliculture de Marennes-Oléron élève 80% des huîtres françaises.© Agence nationale des aires marinesGESTION DURABLE DES RESSOURCES. Le premier but du parc naturel est de mettre sur pied une gestion durable des ressources de ce milieu riche mais fragile. Il s’agit de concilier les intérêts de toutes ces activités en préservant la qualité des eaux littorales et la richesse des milieux. Pas simple. Ainsi, depuis des années, la conchyliculture entre en conflit violent avec l’agriculture. L’équilibre des pertuis dépend en effet des 1000 km² de marais contigus. Ces zones gagnées sur la mer au Moyen-Age servent d’éponge, gonflée par les pluies d’hiver et restituant lentement ses eaux douces au printemps. Cette baisse temporaire de salinité est essentielle à la survie des naissains d’huîtres. Or, l’asséchement de ces marais par la culture du maïs perturbe ce cycle. Après avoir perdu son label, le parc naturel du Marais Poitevin n’a retrouvé son statut que par des engagements de partage et de gestion fine des restitutions d’eau aux zones littorales.Avec la signature du décret, l’Agence nationale des aires marines va pouvoir enfin mettre en place la structure de gestion du parc. Il aura fallu 7 ans pour y arriver. Le projet date de 2008, l’enquête publique de 2011. Mais il était bloqué par des élus locaux soucieux de ne pas se faire commander par leurs voisins. La situation a été débloquée en décembre dernier par la création de pas moins de trois comités de gestion couvrant les zones vendéennes, charentaises et girondines. Clochemerle n’est pas loin.Les aires marines protégées dans le mondeLes 6500 km² du nouveau parc naturel s’ajoutent aux 1,68 million de km² d’aires marines protégées que compte la France, soit 17% de ses 10 millions de km² d’eaux territoriales, deuxième surface au monde derrière les USA. Le parc naturel de la mer de Corail en Nouvelle Calédonie représente à lui seul 1 million de km².
C’est donc à tort que la Grande Bretagne affirme que la création de l’aire marine protégée de Pitcairn est la plus grande au monde. Cette création récente autour de l’île située en plein océan Pacifique ne couvre "que" 834 000 km². Au total, dans le monde, les aires marines protégées représente environ 3% des surfaces océaniques. A Nagoya (Japon) en 2010, la communauté internationale s’est engagée à porter à 10% la surface de protection des mers d’ici 2020. Un pari mal engagé.