Un film de Philippe Lioret (2011 - France) avec Marie Gillain, Vincent Lindon, Amandine Dewasmes, Yannick Rénier, Pascale Arbillot
Mélo.
L'histoire : Claire est juge, à la commission de surendettement et n'en peut plus de ce système qui incite les gens à prendre toujours plus de crédits, tandis que les banques en profitent pour augmenter encore leurs marges avec les pénalités de retard. Elle prend sous son aile une jeune femme, menacée d'expulsion, seule avec deux petites filles. Pourtant Claire a un autre gros souci à gérer : elle a une tumeur au cerveau et seulement quelques mois à vivre... ce qu'elle cache à son mari et ses enfants. Un autre juge va lui apporter un soutien sans faille.
Mon avis : Lioret court deux lièvres à la fois, et ce genre de plan se termine souvent très très mal ! Aucun des deux sujets n'est vraiment étudié en profondeur, et du coup c'est tout le film qui se ramasse.
Qu'a-t-il voulu faire ? Quel était son choix de départ ? Il ne PEUT pas avoir voulu dénoncer tout un système, pernicieux, injuste, destructeur... dans ce cas, il ne nous aurait pas collé une cancéreuse pour s'en occuper ? Il ne PEUT pas avoir voulu raconter le parcours d'une femme, condamnée, qui s'occupe de recaser son mari avant même de mourir ? Ca, c'est du vu et revu, convenu, téléphoné, cliché, une horreur ! Et il en rajoute dans les détails, sans cesse, comme si on avait pas compris. Genre le gamin qui amène à sa mère mourante un dessin où les quatre enfants sont réunis avec un seul couple parental... Alors, c'était quoi l'histoire ?
Et cette pauvre Marie qui en fait des caisses, pâle, soupirante, évanescente... les dernières scènes sont lamentables de mièvrerie larmoyante. Elle a eu le César de la Meilleure Actrice. C'est vrai qu'elle est épatante, mais de là à remporter ce prix... Bof. Disons que c'est un rôle "à César", et que c'est très agaçant. J'aurais préféré qu'elle l'obtienne pour d'autres films ; c'est une actrice sensible, rafraîchissante, et très juste.
Le film est inspiré d'un roman d'Emmanuel Carrère... mais il était paraît-il inadaptable, donc le réalisateur et l'écrivain ont tout changé, enlevé des trucs, ajouté des personnages... Drôle d'affaire.
Je suis toujours restée, du même réalisateur, sur Je vais bien ne t'en fais pas, qui m'a beaucoup plu. Alors j'étais impatiente de voir celui-là. J'oublie toujours que les autres m'ont agacée, pour leur scénario cliché, leur tendance au pathos, leur banalité narrative : L'équipier, Welcome... Ben là, c'est le pompon. Maintenant, je me méfierai.
Je suis généreuse en mettant 4. Disons que l'interprétation sans faille m'a touchée. Et que, si elle n'avait pas été baclée, la dénonciation des abus des banques et sociétés de crédit, aurait pu être passionnante. Et assez inédite chez nous. Quelques points pour "l'intention" donc.
A ma grande stupéfaction, les critiques sont enthousiastes : "Un film sous pressions (...) sublimé par l'investissement total de Marie Gillain et de ses partenaires, humains dans toute leur fragilité." (Première) ; "le spectateur sort à la fois meilleur et regonflé." (TéléCinéObs), ah ouais ? à ce point là ? "Lioret nous donne encore à voir une tranche de vies réussie qui l'affirme inéluctablement comme l'un des héritiers de ce cinéma français des années 70 à mi-chemin entre Sautet et Granier-Deferre." (Ecran Large), etc. etc.
Je me sens plus proche de quelques voix discordantes : "On n'y croit pas. Pas tout à fait en tout cas." (Le Monde) ; "Un mélo facile noyé dans le lacrymal." (Paris Match)...