C’était une soirée tranquille et paisible, nous ne nous pressions pas d’aller dîner tant nous étions bien tous ensemble.
Filou, Vanille & Jacky
Ce matin ton gentil papa Jacky, qui ressemble à Monsieur
Propre, nous a annoncé ton décès. Tu t’es fait écraser la tête par une voiture
devant chez toi. Il paraît que c’était horrible à voir.
Je suis bouleversé. Depuis trois ans tu faisais partie de
notre quotidien. Jacky t’avait trouvé nouveau né, tapi dans un collecteur d’eau
de pluie près de la résidence des Pervenches. T’étais à demi mort de faim, les
yeux encore collés. Jacky t’a immédiatement adopté. Il t’a nourri au biberon,
jusqu’à huit fois par jour. De bébé chat tu es devenu chaton puis jeune chat.
Jacky t’a élevé avec tout l’amour et le respect que l’humain doit à l’animal.
Tu n’étais pas un chat ordinaire. T’étais le rouquin de Jacky. Tu le suivais
sur les bords de Loire comme l’aurait
fait un chien fidèle. Jacky te laissait aussi sortir quand tu voulais et
tu en profitais bien.
T’étais devenu un vrai sirop du macadam. Aventureux jusqu’à
te faire enfermer dans le Jésus Club (pardon l’église). Je me souviens que plusieurs fois ton papa
est venu nous trouver pour que nous te libérions. Ça sert aussi à ça de
posséder la clef d’une église. D’autre fois tu te faisais enfermer chez Guy ou
ailleurs. Ta curiosité était extrême et tu avais le goût de l’aventure.
Nous te croisions tous les jours, plusieurs fois par jour.
Tu te laissais approcher par Vanille. Parfois Vanille te courait après pour
rigoler, c’est dans la logique des choses les chiens courent après les chats
qui courent pour échapper aux chiens. Toi tu n’avais même pas peur, tu savais
bien discerner les méchants des gentils.
Mais ce matin, tu
n’es pas revenu de ta promenade matinale. Peut-être as tu été gêné par les
ouvriers qui rénovent ta cage
d’escalier. Peut être es tu ressorti brutalement sur la rue. L’automobile qui
t’a écrasé roulait-elle trop vite ?
Elle ne s’est pas arrêtée après t’avoir écrasé…
C’est con la vie. Tu
nous manques déjà. La Loire est parfois assassine pour ceux qui s’y mouillent.
Faut-il qu’elle le soit pour ceux qui se promènent non loin de ses rives ?
Je repense au deux premières strophes de la chanson Le petit chat est mort de mon copain
Renaud Séchan. Ça te correspond vraiment.
Va donc pas pleurer
Il avait pas d'collier
Il était libre d'aller
Et d'rev'nir pour bouffer Il était même pas prisonnier De ton amour insensé
T'aurais quand même pas Voulu qu'y vive comme un con Sur le canapé Loin des gouttières des pigeons C'était un aventurier T'aurais pas voulu qu'on l'attache Y t'aurait miaulé : "Mort aux vaches !"
Ce soir je pense à toi Filou, à Jacky et à sa gonzesse qui vont avoir beaucoup de mal à s’endormir.