{EXPATRIATION} T'as le blues, Expat ??

Par Tsilia
Petit Poulet, aujourd'hui je vais te parler d'un sujet qui me tient à coeur. 
Parce que je le vis tous les jours. parce que je ne suis pas la seule à le vivre tous les jours. Et, parce que les autres qui le vivent tous les jours, le ressentent comme moi. 
Le blues de l'expatrié
Ha, je t'entends, Petit Poulet "Oh non, elle va encore nous gonfler avec son truc d'expat, à ce plaindre, à geindre, alors qu'elle a la belle vie".
WHAT ? Si tu penses ça, à la lecture de mes quelques lignes, alors tu peux sortir, fermer la page de mon blog. Je ne t'en voudrais pas, ou juste un peu. Oui je vais peut-être un peu me plaindre. Un peu. Comme toi tu te plains sur ta vie. L'être humain se plaint, c'est un fait, c'est comme ça. 
Mais, nous ne sommes pas là pour parler de l'être humain. Non. Nous sommes là, enfin moi, pour parler de l'expatrié. 
Régulièrement, je lis des articles de blogs sur le mal-être de l'expatrié, sur les difficultés à vivre ce genre d'expérience. Le plus récent est celui de Fafa Expat, mais il y en a beaucoup d'autres. 
L'expatriation a plusieurs causes. Pour nous, c'est arrivé la première fois au milieu de l'année 2011. Nous nous sommes tous les deux retrouvés au chômage. Lui pour une fin de CDD, moi après un CDI qui se passait mal. Ras le bol de galérer à trouver du boulot en France. Marre d'être payé des pâquerettes malgré le nombre d'années d'expérience qui s'accumulent. Besoin de changer d'air. Voilà les raisons de notre envie de vivre à l'étranger. En comparant nos métiers, lui Ingénieur hydraulique, moi Assistante de gestion, il était clair qu'il aurait plus de facilité à trouver un boulot à l'étranger. Et ce fut le cas, en 15 jours, seulement deux petites semaines après avoir pris la décision de partir voir ailleurs, il était prit pour un poste. En Algérie.

Oran, Algérie - avril 2012


Mais nous nous éloignons du sujet. 
Bien sûr, il y a des pays où l'expatriation est plus difficile. De part le climat, la culture, le confort de vie. L'Algérie est classé parmi les plus difficiles. Avec de nombreux pays d'Afrique d'ailleurs. Déjà, parce que beaucoup sont des pays musulmans. Je ne rentrerais pas dans une polémique sur les religions du Monde. Mais, de la même manière qu'il est parfois compliqué pour un musulman de vivre dans un pays chrétien ou laïque, il est tout aussi compliqué pour un non-musulman de vivre dans un pays musulman. Ce ne sont pas les mêmes façon de pense,r de vivre et de voir la vie. Ce sont bien deux cultures différentes, avec tout autant de tradition & coutumes différentes. 
Du coup, je pense déjà que pour bien vivre son expatriation, évidement que le pays, et le contexte de celui-ci, compte. Mais, même sous les palmiers accueillants d'une île paradisiaque, oui même dans ce contexte, je sais que c'est dur d'être expatrié
Pourquoi ? Parce que peu importe où nous partons, nous sommes loin de notre famille. Loin de nos amis. Loin de ce que nous avons toujours connu. Loin du pays qui nous a vu naître. Et rien que ça, peu importe quel autre pays te fais vivre, c'est compliqué. En cas de blues passager, en cas d'anniversaire à fêter, de fête nationale, ou autre, à Pâques, parfois à Noël, nous ne pouvons pas toujours rentrer auprès de notre famille. Nous ne pouvons pas fêter les événements importants avec les nôtres. En cas de pépin, de maladie, de soucis matériel, nous ne pouvons pas nous faire aider par nos amis, nous reposer sur une épaule maternelle. 
Par exemple, ma Doudou va avoir un an dans deux semaines. En France, j'aurais invité ses deux mamies, et en avant jeunesse, nous aurions fêter ça comme il se doit. Le premier anniversaire de notre fille aurait été une fête, l’événement à ne pas manquer. Elle aurait été entourée de notre famille au sens large, et même de tous nos amis. Mais non, pour ses 1 an, nous serons juste tous les trois, nous allons galérer à lui trouver quelques cadeaux sympa, malgré le peu de choix ici. Nous allons faire un petit repas avec quelques autres amis expatriés du coin. Mais ce ne sera pas pareil. Peu importe ce qu'on en dit. On sait tous que ce ne sera pas pareil que si nous vivions dans notre pays.
C'est ça, le blues de l'expatrié. C'est cet éloignement de tout. Et, dans mon cas, c'est aussi très souvent l'incompréhension des proches. Certains membres de la famille qui ne comprennent pas pourquoi nous avons fait ce choix de vie. Ils nous le font comprendre par de lourdes allusions qui se veulent sous-entendus mais qui sont très claires. Par de petits reproches qui signifie qu'à cause de nous, à cause de notre choix, ils ne peuvent pas profiter de nous, mais surtout de notre fille comme ils le voudraient. J'aimerais parfois qu'on vienne nous voir, pour se rendre compte de ce que l'on vit mais aussi de pourquoi nous faisons ce choix.
C'est aussi à cause de l'incapacité des proches à comprendre ce que nous vivons chaque jour. Leur impossibilité à nous écouter nous plaindre, sous prétexte que c'est notre choix. Leur non-envie (ça se dit ?) à ne pas vouloir comprendre nos difficultés. Parce qu'il y en a, des difficultés.
Souvent, l'expatrié se retrouve dans des pays où le confort de vie, que nous connaissons en France, n'existe pas. 
Le shopping, on oublie ! Auchan, Leclerc, Carrefour, la Fnac, Virgin, Etam, H&M, Kiabi, tous les magasins que nous connaissons tous n'existe pas ici. En Algérie, il n'y avait aucune grande surface, que des épiceries. A Djibouti, j'ai de la chance, il y a un Casino avec beaucoup de produit que nous connaissons. Mais c'est une chance, une exception on va dire. Les coiffeurs, salons d'esthétiques, tout ça, ça ne se trouve pas comme ça ! Ou alors faut payer cher, très cher. Je n'ai pas d'eau chaude chez moi, on se douche à la température extérieur de l'eau, soit très froide, soit très très chaude. Il fait 50 degrés l'été, 30 degrés l'hiver. Et pareil nuit & jour. Il y a du sable partout, les routes ne sont pas toutes habillées de goudron. Et même quand elles le sont, il y a des trous, ou plutôt des cratères, partout. Il y a des moustiques, tout l'hiver, qui apporte le paludisme, la dengue et même ma fièvre jaune en cas de grosse malchance. L'électricité est très souvent absente, pendant des heures et des heures. L'internet je n'en parle même pas. Quand toi tu allumes ton téléphone pour aller sur Facebook, moi une fois sur deux l'internet est coupé. Et quand il fonctionne "correctement", il est à bas débit, 56K tu te souviens ?  Le week-end c'est un seul jour par semaine, le vendredi. Nous travaillons du samedi au jeudi inclus. Les nombreuses mosquées hurlent la prière 5 fois par jour, de jour comme de nuit. L'eau du robinet est salé, on ne boit que de l'eau en bouteille, même pour faire cuire des pâtes, du riz. Ça abîme tout, la peau, les cheveux, les vêtements,... Tout est très cher ici, car rien n'est produit sur place. Sans voir les choses en grand, sans se faire outrageusement plaisir, nous dépensons l'équivalent de 400€ de courses par semaine pour 2 adultes et 1 bébé. Sérieusement, et sans exagération. Quand il pleut, une ou deux fois par an, le pays est inondé.

Djibouti - Octobre 2014


J'aimerais pouvoir gâter ma Doudou. Mais ce n'est pas facile. Il y a très peu de jouets, de vêtements, de chaussures, pour elle ici. Le peu que nous trouvons c'est hors de prix. Alors on se restreint.
Voilà, c'était un condensé de nos petites galères du quotidien, et je sais que j'en ai oublié. 
A travers cet article, je ne souhaite pas nous plaindre à outrance, nous élever sur un podium. J'aimerais juste que l'on comprenne mieux ce que c'est que d'être expatrié. 
Nous, nous aimons notre vie. Car nous avons la chance d'avoir une chouette maison, et d'être bien entouré. Nous avons fait notre choix en connaissance de cause. Nous savions les difficultés de la vie d'expatrié. Nous avons souffert en Algérie. Subit même. A Djibouti, c'est différent. Nous aimons la vie que nous avons construit ici. Mais, malgré tout, certains jours, c'est plus dur que d'autres. Moins facile en tout cas. Souvent, nous avons le blues. De temps en temps, nous nous posons des questions sur la teneur de notre choix. Sur les conséquences que ça peut avoir sur notre fille, sur nous, sur notre santé mentale... ;-)
Il y a des hauts et des bas, peu importe où nous vivons, en France et ailleurs. La vie n'est pas simple. Il faut se forcer un peu pour l'aimer vraiment. Nous sommes heureux, je n'en doute pas, jamais, ou juste de temps en temps. Oui, nous sommes heureux. Mais malgré ce bonheur, notre expatriation n'est pas simple. Et c'est d'autant plus dur quand nous nous sentons incompris par nos proches. Ou pas écouté. 
Pour moi, c'est ce paramètre qui est souvent la cause de mon blues. 
Le fait d'être loin d'eux, et de ne pas être comprise par eux.
PS : Je rajoute ce petit mot car j'ai l'impression de ne pas avoir réussit à bien écrire ce que je voulais dire. Actuellement, je n'ai pas le blues. Et c'est assez rare en fait, que je l'ai, depuis mon arrivée à Djibouti. J'apprends à dompter ce blues, à aimer ce pays. Quand vraiment les galères s'accumulent, je m'accroche aux points positifs, aux sourires de ma fille et aux attentions de mon Homme. Je vous parle du blues aujourd'hui, pour essayer que les expatriés soient mieux compris par tous. Mais moi-même en tant qu'expatriée, je suis du genre optimiste, donc ça va, je vais bien et j'adore notre vie !! ;-)