Quand on est sur le point de devenir parents, on ne sait pas du tout dans quoi on s’embarque. On sait juste tout ce qu’on a pu entendre, ou lire, sur le sujet. Et les parents, le bien souvent, ne retiennent que le positif de cette aventure. Je suis d’accord avec cette façon de faire mais…et si, une fois dedans, ce n’est pas comme on nous a dit ?
Les parents, au bout de quelques mois après la naissance du petit miracle, répètent que ce n’est que du bonheur, de la joie en barre. On avoue la fatigue, mais on oublie. C’est ça, parce que c’est vrai que c’est magique. Alors, on oublie ce qui fut vraiment dur. Les débuts chaotiques, les nuits blanches, les douleurs, les doutes, … On oublie, pour se raccrocher au meilleur.
Mais aujourd’hui, j’ai envie de présenter la chose telle qu’elle est. Ou plutôt, telle que moi je l’ai vécu. Parce que j’ai envie de dire le négatif comme le positif. Parce que dire l’inverse, ce serait comme un peu cacher la vérité au futures jeunes parents.
Le plus grand principe à retenir, et dont on découvre toute l’ampleur très vite, c’est que devenir parent c’est savoir se mettre de côté. Oublier un peu ses besoins, oublier son petit confort de vie.
Le plus dur pour moi furent les 3 premiers mois. La césarienne, d’abord. Puis, l’allaitement qui a du mal à se mettre en place. La fatigue. Oui, les débuts sont vraiment durs. Le bébé pleure souvent, dort peu, et mange beaucoup. Il sort tout juste d’un cocon très douillet, d’une bulle de douceur, du creux de nous-même. Et soudain, il se retrouve dehors, seul. Il n’a plus la protection de notre corps. Alors il réclame celle de nos bras, d’un bout de sein, ou d’une parole réconfortante, le son de notre voix.
Le premier mois, j’ai réussit à me doucher tous les jours. Mais, le plus souvent, c’était en pleine nuit, ou tôt le matin. Je mettais le réveil pour me doucher. En plus j’avais la visite d’un infirmier tous les jours assez tôt en journée, et j’aimais être douchée avant son arrivée. Par contre, je n’ai pas prit le temps tous les jours de me brosser les cheveux, de m’habiller correctement. J’ai privilégié les vêtements confortables : mon pyjama ! Je ne me suis pas maquillé. Ce n’était pas un délaissement de moi-même, ou un oublie de mon côté féminin, ou un laissé-allé de ma part, non pas du tout. Juste une évidence. Je me douchais quand je pouvais, entre deux tétés, ou la nuit, ou avant son réveil. Je m’habillais correctement mais confortablement. Je m’attachais les cheveux vite-fait et voilà.
Ensuite, les journées s’enchainaient assez vite tout en me paraissant très longues à la fois. J’ai appris le métier de maman en pratique, sur le moment, comme nous toutes. J’ai testé beaucoup de choses, j’en ai gardé très peu, juste les meilleurs pour nous et notre bébé.
Les nuits furent courtes, entrecoupé de pleurs de mon bébé affamé. Les journées furent sportives. A courir entre le frigo, pour me nourrir un peu, vite fait, sur le pouce, entre le transat pour la nourrir elle toutes les heures au sein. Changer des couches, laver du linge, plier du linge, le tout le plus souvent avec le bébé en écharpe.
J’ai eu des doutes, beaucoup. J’ai hésité très souvent, bafouillé dans mes gestes et dans mes paroles. J’ai changé ma façon de faire dix milles fois, pour testé des conseils, les idées du papa, des grands-mères. J’ai retenu le meilleur, rejeté le reste. J’ai fais des choix, tout simplement. J’ai fais le tri dans ce que j’entendais et ce que j’appliquais aussi.
Mais je n’ai jamais regretté la venue de ma fille. Même quand il fallait la bercer entre minuit et 2h du matin pour qu’elle s’endorme enfin, avec des douleurs atroces dans le bas de mon ventre dû à la césarienne. Même quand chaque tété m’arrachait des larmes de douleurs. Ou quand je ne pouvais pas manger parce qu’elle me prenait les deux seins pendant 40 minutes et puis qu’il fallait la bercer 20 minutes et que 10 minutes plus tard on repartait sur un nouveau cycle identique au précédent. Même quand elle se réveillait souvent la nuit et que je luttais contre le sommeil pour changer une couche, donner un sein ou un biberon. Même quand elle pleurait tant qu’il fallait que j’abandonne ce que je faisais pour la prendre dans mes bras, juste comme ça, pour qu’elle aille mieux. Même quand il fallait lui masser le ventre en pleine nuit pendant une heure, avec ses pleurs en fond sonore, parce qu’elle avait des coliques.
Et je passe la semaine en solo, alors que ma puce n’avait même pas 10 jours, pendant que le papa était en déplacement professionnel.
Je passe aussi les trois semaines en solo, alors que ma Doudou avait tout juste 2 mois, pendant que le papa était déjà à Djibouti et que je devais en plus organiser notre déménagements, faire le tri dans nos affaires, faire les cartons, le ménage, l’état des lieux du logement, et enfin prendre un vol de 7 heures pour traverser le Monde et rejoindre mon homme.
Un bébé, conçu par volonté ou par accident, à partir du moment où il vient au Monde, il est désiré. Il faut donc l’assumer. Être là pour lui. Et tant pis pour le manque de sommeil, tant pis pour les repas entrecoupé ou vite avalé. Tant pis pour la tenue qui n’est pas toujours parfaite et la tête en vrac.
Au début, et ce pour plusieurs mois, ce n’est pas au bébé de suivre le rythme des parents, mais bien aux parents de suivre le rythme du bébé. Et non, il ne fera pas ses nuits une semaine après sa naissance. Ça dépend du bébé, certains vont faire leurs nuits au bout d’un mois, d’autres au bout de six mois, et certains vont attendre bien plus longtemps. Et pour les journées c’est pareil. Il y a des petits dormeurs et les gros dormeurs. Ceux qui vont faire deux longues siestes par jour, et ceux qui vont faire 10 petites siestes de 15 ou 20 minutes. Il faut savoir écouter son bébé.
Mais peu importe, c’est notre bébé. il faut accepter ce qu’il veut, écouter ses besoins, suivre son rythme. S’adapter. S’oublier beaucoup aussi.
Et, entre ses moments de fatigue et de lassitude, il y aura de plus en plus de moments de petits bonheurs. Un bébé qui s’endort au sein ou au biberon. Qui triture une mèche de nos cheveux du bout des doigts, machinalement. Qui cherche notre odeur pour se rendormir. Puis, un sourire, un “areuh” lancé au hasard. Un regard plongeant.
Parce que devenir parent, c’est accepter de suivre un autre rythme que le sien, mais c’est aussi recevoir beaucoup d’amour d’un petit être humain. Et ce petit être humain n’a que nous au monde, il ne peut compter que sur nous. C’est autant effrayant qu’enrichissant.
On galère tous au début. On en chie grave même je dirais. On panique souvent, on dort peu, et on apprend beaucoup. Et on va apprendre tous les jours du reste de cette nouvelle vie. Parce qu’il n’y a pas de mode d’emploi, juste nous. Nous, et notre bébé. Et c’est le principal.
Alors oui, avoir un bébé ce n’est que du bonheur. Mais il y a aussi tout le reste autour, les coulisses du bonheur. Tout ce que les parents ne disent pas forcément mais qu’on découvre une fois que le bébé est là, dans nos bras. Pas de marche arrière possible. Et bien heureusement !!! Il faut juste s’accrocher pour pouvoir bien plus en profiter après les difficultés des premiers mois.
En fait, c’est tout bête, il faut juste accepter que plus rien ne sera comme avant. ET TANT MIEUX !!!
♥