L’introduction du test génétique de la trisomie 21 par l’analyse de l’ADN fœtal circulant dans le sang maternel apparaît comme un progrès, mais soulève de nombreuses questions, dont le risque de dérive eugéniste. Cependant, le test est documenté comme permettant de réduire le nombre de faux-positifs, par rapport au mode de dépistage actuel. En France, le Collège national des gynécologues et obstétriciens de France (CNGOF) s’est prononcé comme favorable sur le principe à la généralisation du diagnostic prénatal non invasif (DPNI) de la trisomie 21, par analyse de l’ADN fœtal circulant dans le sang maternel. Un mode de dépistage moins invasif qui éviterait le risque de perte fœtale, estimé à 1% avec l’amniocentèse. Cependant, bien que disponible en France, cette alternative non-invasive à l’amniocentèse reste aujourd’hui réservée aux mamans à risque. Reste donc, précise le CNGOF à pouvoir l’interpréter, à l’échelle de la population générale.
Le principe de ce test sanguin est la détection du nombre de chromosomes sur de petits fragments d’ADN du bébé ou ADN cellulaire, qui circulent dans le sang de la mère. L’étude confirme, en particulier un taux réduit de faux-positifs, c’est-à-dire d’alertes inutiles alors que le bébé est en bonne santé. Un faux-positif donne lieu à d’autres tests de diagnostic (prélèvement des villosités choriales (PVC) ou amniocentèse), alors inutiles et associés à un risque (modeste : 1%) de fausse couche. Les chercheurs de l’Université de Californie, du Centre de diagnostic périnatal de San José (Californie), de l’hôpital Sahlgrenska (Suède), et d’autres instituts de recherche ont comparé ce nouveau test sanguin au dépistage standard pour 3 maladies génétiques (trisomie 21 (ou syndrome de Down, syndrome d’Edwards ou trisomie 18, syndrome de Patau ou trisomie 13). L’étude a été menée chez 15.841 femmes enceintes éligibles pour ce dépistage et les résultats des 2 modes de dépistage ont été comparés.
L’analyse montre, pour le nouveau test,
· une valeur prédictive positive (VPP), donc beaucoup moins de faux-positifs, pour la trisomie 21 : 80,9%, nettement plus élevée que le test standard (3,4% !). La différence de PPV était plus faible pour les femmes jugées à faible risque d’avoir un bébé atteint (76,0% pour le nouveau test vs 50,0% pour le test en cours).
· Une sensibilité à 100%, pour la trisomie 21, avec l’identification des 38 bébés atteints, vs 79% pour le test standard,
· De bons résultats, mais un peu moins » sensibles » pour les deux autres trisomies.
Les chercheurs concluent donc à des performances supérieures, pour la détection de la trisomie 21, à celles du dépistage classique du premier trimestre de grossesse, avec un avantage majeur, la limitation du risque de faux-positifs.
A noter, en Suisse, le Swiss Medic a accordé son autorisation, dès 2013, au test sanguinde diagnostic anténatal de la trisomie 21. Un test est disponible en Suisse mais aussi en Allemagne, en Autriche, au Liechtenstein et également proposé par une sélection de cabinets de gynécologie et de cliniques pratiquant le diagnostic prénatal en Hongrie, en Bulgarie, en Russie, en Ukraine et en Turquie. De nombreuses recherches sur le développement de tests simples, non invasif, d’analyse des cellules fœtales dans le sang de la mère sont en cours le monde, avec l’objectif de remplacer l’amniocentèse en routine.
Source: The New England Journal of Medicine April 1 2015 DOI: 10.1056/NEJMoa1407349
Cell-free DNA Analysis for Noninvasive Examination of Trisomy
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