Quatrième de couverture
La condition de la femme dans la Grèce ancienne ? Voilà une question à laquelle il n'est pas aisé de répondre. D'un côté, des nom de femmes grecques célèbre dans le mythe ou l'histoire, Hélène, Pénélope, Antigone, Médée, mais aussi Aspasie, la compagne de Périclès, la courtisane Phrynée, modèle du sculpteur Praxitèle, Diotime l'étrangère de Mantinée, l'interlocutrice de Socrate dans le Banquet de Platon. De l'autre, un monde dominé par les valeurs viriles, celles du héros de l'épopée comme celles du citoyen-soldat de la cité, et, lié à ces valeurs, le fameux " amour grec " qui reléguerait la femme au simple rôle de reproductrice. C'est de cette ambiguïté qu'on a tenté de rendre compte, en évitant de tomer dans le piège de " l'éternel féminin ", mais en se gardant aussi de tout " féminisme militant " qui ne mettrait en lumière que les aspects négatifs de cette condition. Une condition qu'éclaire la nature même des sociétés grecques, autant que le regard que ces sociétés portaient sur elles-mêmes.
Étant inconditionnellement attirée par la Grèce antique, je ne me lasse pas de la découvrir de façon plu ou moins aléatoire au fil des livres qui me tombent sous la main lorsque je parcours les étagères de la médiathèque. Et cette fois, c'est cet essai de Claude Mossé qui a attiré mon attention. Non pas que je sois féministe, ce n'est pas mon cheval de bataille, mais j'aime l'idée de pouvoir découvrir ce qu'il en était vraiment de la condition féminine dans cette époque réservée aux hommes et dont on ne connait que les clichés : femmes = reproductrices, ou encore l'amour n'existait qu'entre les hommes, etc.
Le fait est, Claude Mossé est claire la dessus, que nous ne savons pas grand chose sur la femme qui serait apporté par des faits historiques. Donc la majeure partie des idées et indices sur sa condition, provient surtout de récits écrits par des hommes (l'Économique, de Xenophon), d'épopée (l'Odyssée, d'Homère), de la mythologie (Pandore ou la création de la femme), du théâtre (Euripide), ou encore de la philosophie (Le banquet de Platon).
Pour entamer son étude, Claude Mossé expose les " catégories " de femmes qui existaient durant l'antiquité, à savoir les citoyennes, les servantes et les courtisanes.
" Les courtisanes, nous les avons pour le plaisir, les concubines pour les soins de tous les jours, les épouses pour avoir une descendance légitime et une gardienne fidèle du foyer. "
Des citoyennes nous nous apercevons rapidement que leur rôle se cantonne principalement à gérer le domaine et de procurer à leurs époux une descendance afin qu'ils aient des héritiers. Et bien que dans les épopées on se rende compte de l'importance qu'elles ont au regard de leur époux (Hector et Andromaque ; Ulysse et Pénélope), elles n'en restent pas moins des personnages sans voix qui se contentent de veiller sur les trésors de leur mari. Les époux les aiment, mais leur rôle reste de s'occuper du domaine et de leurs enfants.
Des servantes, nous ne savons que peu de chose si ce n'est que certaines étaient plus importantes que d'autres, surtout celles qui étaient en charge des réserves de nourriture et de l'éducation des enfants (les intendantes et nourrices). Quant aux autres, elles servaient la maison et les désirs du maître des lieux bien évidemment ...
Au final, la seule parmi ces trois catégories à nous faire ressentir un semblant de liberté chez la femme de la Grèce antique, c'est la courtisane ... Pas toutes évidemment, mais certaines sont sorties du lot et profitaient d'une telle popularité qu'elles ont pu parfois acheter leur liberté, où vivre telle des femmes de moyens, grâce aux hommes qui les entretenaient (Aspasie qui parvint à influencer les politiques ; Nééra qui pu acheter sa liberté)
A la lecture des récits de l'époque, on nous fait miroiter une importance capitale de la femme, et cette importance existe réellement, seulement elle peut se retrouver étouffée aussi vite qu'elle s'exprime par leur époux, voir même leur fils.
" Va dans ta chambre, veille aux travaux de ton sexe, métier et quenouille, ordonne à tes servantes d'aller à leur besogne. La parole est l'affaire des hommes, la mienne surtout, car c'est moi qui suis le maître dans la maison " (Télémaque à Pénélope - l'Odyssée)
Nous pourrions nous poser la question de la femme spartiate, mais elle ne s'avère être qu' un mirage. Éduquées comme les hommes, vivant nues, et s'entraînant dehors et au gymnase en leur compagnie, elles donnent bien entendu l'apparence de femmes fortes et libres. Mais dès qu'elles se mariaient, elles reprenaient leur place fondamentale : maîtresse du foyer, et mère.
Au final, seul le théâtre de certains auteurs tel Euripide, aurait offert une sorte d'utopie dans laquelle les femmes possédaient du pouvoir.
Mais au regard du mythe de Pandore, la femme n'est sincèrement vu par les hommes que comme orgueil et vilenie, semeuse de troubles et de discorde. Elle a été crée pour tenter l'homme qui ne peut contenir son désir pour elle, mais avec elle nait le chaos.
Pour parler d'amour, le seul personnage antique ayant montré vraiment ce qu'était d'aimer une femme n'était autre qu'une femme elle aussi ... ainsi les poèmes de Sappho évoquant tout l'amour et toute la tendresse qu'elle éprouvait pour ses compagnes.
Au final de ma lecture, je n'ai donc vu la femme de la Grèce antique que comme une monnaie d'échange, une part de butin lors des raids, ou comme des achats bien placés afin d'affermir la place de l'homme dans une société masculine. Toute leur importance tient dans leur provenance et leur capacité à gérer une maison (et encore ... cela s'apprend). Elles sont certes fondamentales à l'équilibre de la société, mais pourtant leur place reste à l'ombre des hommes qui y règnent.
La Femme dans la Grèce Antique
Claude Mossé
Éditions Complexe
Collection Historiques
Le Jeu des 7 Familles
Je demande la Fille dans la famille Noroman