J’ai acheté ce roman parce qu’on en a beaucoup entendu parler au moment de sa sortie (l’année dernière) et que j’en avais lu des critiques très élogieuses dans la presse dite sérieuse.
Résumé de l’histoire :
Un employé au pilon, nommé Guylain Vignolles, souffre depuis l’enfance de la contrepèterie à laquelle l’expose son nom (Vilain Guignol) et souffre également de devoir travailler à la destruction des livres. Le pilon est en effet une machine plus ou moins démoniaque – la Zerstor 500 – qui broie non seulement les livres mais les rats et les jambes de certains employés. Chaque soir, Guylain Vignolles parvient à sauver quelques pages de la destruction et il les lit le lendemain matin aux passagers du RER du 6h27 qui le conduit à son travail. Mais, bientôt, il découvre dans ce même RER une clé USB qui contient le journal intime de la jeune dame-pipi d’un centre commercial et il tombe sous le charme. (…)
Mon avis :
On pourrait aisément reprocher à cette histoire son manque de vraisemblance : les situations sont factices et artificielles, juste destinées à produire certains effets sur le lecteur (l’amusement, la curiosité), et absolument pas inspirées d’un quelconque fond de réalité.
Donc, assez rapidement au cours de ma lecture, et pour éviter de m’agacer de ce manque de vraisemblance et du côté caricatural des personnages (tout bons ou tout mauvais), j’ai essayé de considérer ce livre comme une sorte de conte contemporain.
Mais deux choses ont continué néanmoins à m’énerver :
– D’abord on sent que l’auteur essaye de se mettre à la portée des pauvres lecteurs que nous sommes en nous caressant dans le sens du poil : nous pouvons être brimés, humiliés, employés à des tâches ingrates, mal aimés, nous sommes malgré tout les gentils et nous serons récompensés par un bonheur bien mérité.
– Et, deuxième chose qui m’a encore plus irritée : la vision de la littérature donnée par l’auteur est absolument affligeante.
Un passage du livre est très révélateur : Guylain Vignolles lit tous les matins des pages sauvées de la Zerstor, mais il nous est bien précisé que c’est important pour lui de les lire « quel que soit le fond » !
Et, effectivement, on sent bien que le fond des choses n’a aucune importance : une page de roman érotique, une page du journal d’une dame-pipi, ou une tirade d’Andromaque de Racine, suscitent le même enthousiasme chez les braves pensionnaires d’une maison de retraite, et on sent bien que Guylain Vignolles pourrait bien leur lire n’importe quoi, il susciterait toujours cette même niaise béatitude.
Il y a donc, à mon avis, dans le Liseur du 6h27 un côté démagogique, qui est franchement déplaisant.
Je n’ai pas aimé ce livre : il y a trop de procédés dans l’écriture et, selon moi, un manque de sincérité évident.