Faire confiance ... tout un programme !!!

Publié le 03 avril 2015 par Stephanebigeard

Je souhaiterais vous faire profiter d’un passage du livre de Laurent de Cherisey : « Recherche volontaire pour changer le monde »… Ce livre est une perle…disons plutôt qu’il parle de gens qui sont des perles rares ! A la page 173, il présente Jean-Marie Petitclerc, et ses idées pleines de bon sens : Pour éduquer, il faut faire confiance !
Jean Marie Petitclerc, ce quinquagénaire barbu apparaît pour la première fois sur les projecteurs de l’actualité au printemps 2007, lorsqu’il entre au cabinet de Christine Boutin.
Aussitôt la rumeur bourdonne car c’est un religieux…
Un prêtre dans un cabinet ministériel ?
C’est sans précédent dans l’histoire de la république !
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Le moins que l'on puisse dire, est qu'il en a le charisme.
Ce polytechnicien a dirigé pendant dix ans un foyer d’action éducative près de Caen.
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Ensuite, à Argenteuil, il crée l’association Valdocco, dont une antenne et un atelier de réinsertion naîtront près de Lyon en 2004…
Les journalistes qui s’aventurent dans ces quartiers populaires, et voient au travail les équipes de Petitclerc sont en admiration.
Animation de rue, accompagnement scolaire, écoute et accueil pour les jeunes et leurs familles…
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La rue, la famille, l’école : ce sont les trois pôles des jeunes des cités.
Ces trois univers ont trois systèmes de valeurs différents et contradictoires, portés par trois catégories d’adultes – les « grands frères », les parents, les enseignants – se rejetant mutuellement la responsabilité de tout ce qui ne va pas.
- L’école parle de « parents démissionnaires ».
- La famille regrette que « l’école ne tienne pas les enfants ».
- La cité dévalorise la réussite scolaire.
Or, les enfants ont besoin de cohérence : vivre écartelés entre trois mondes antagonistes a de quoi les rendre fous.
D’où les explosions de violence… « La violence, par comparaison avec la folie, serait presque un réflexe de bonne santé », analyse Jean Marie Petitclerc.
Le tout est d’aider le jeune à voir clair en lui, et à dominer ses réflexes.
Comment y parvenir ? Par la confiance…
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Nous sommes aveuglés par l’angoisse de l’avenir.
La peur de la pollution, la peur du chômage, la peur du terrorisme…
« hier c’était bien, aujourd’hui c’est mal, demain ce sera pire ! »
Les adultes sont hypnotisés par le journal télévisé, qui entretient les peurs.
Conséquence, selon Petitclerc :
« Les jeunes sont dans l’incapacité de se projeter dans l’avenir, et de se fixer des objectifs. Or, les adultes devraient être des porteurs de sens et d’espérance. Notre responsabilité d’adulte est de montrer que la vie vaut la peine d’être vécue avec enthousiasme. »
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Jean-Marie Petitclerc n’est pas un apôtre de l’enfant-roi.
Son langage est amical, donc exigeant :
« Tu as commis un délit. Mais pour moi, tu n’es pas un délinquant. Puisque je ne te considère pas comme un délinquant, je n’admets pas ton délit, et je te sanctionne… »
Raisonnement original, en un temps qui fait le contraire : aujourd’hui, on confond la personne avec son délit, ce qui amène à laisser commettre le délit, ou, à écraser la personne.
Le tout-répressif, ou la faiblesse, sont les deux tentations d’aujourd’hui.
Mais elles viennent toutes les deux du manque de confiance en soi, explique Petitclerc.
Pour donner confiance à l’enfant, dit-il, les parents doivent commencer par avoir confiance en eux-mêmes et en leur tâche :
« Je crois qu’on peut allier fermeté et écoute de la personne. »
Si l’adolescence est l’âge de tous les dangers (comme le montre les travaux du pédagogue Antoine de la Garanderie), c’est qu’on la laisse sans repères, dans l’angoisse d’une liberté sans but.
(pub pour l'armée du salut)
Comment aider le jeune à « assurer » et à « s’assurer » ? En l’aidant, dès l’enfance à se construire.
Pour qu’il le puisse, souligne Petitclerc, ses éducateurs ont trois tâches fondamentales :
« - Il faut dire du bien de l’enfant : il doit se sentir considéré, pour avoir envie de mettre en œuvre sa musique personnelle.
- Il faut leur témoigner de l’amour : car c’est une façon de mal l’aimer que de passer son temps à le critiquer.
- Et il faut lui donner la sécurité : parce que c’est dans la famille que l’enfant prend racine pour l’avenir sur tous les plans: social, culturel, spirituel…
La tâche n’est pas de lui imposer un schéma, mais de lui donner les moyens de sa propre éclosion.
Il faut dire aux jeunes qu’on a besoin d’eux : souvent, ils se suicident parce que personne ne leur dit cela.
Il faut faire avec eux de petits projets simples, mais y engager concrètement sa parole, et la tenir ! »
Le jeune, il faut savoir « l’approcher, l’accrocher, l’accompagner ».
C’est ainsi que Jean Marie Petitclerc se souvient de sa propre enfance :
« J’ai compris la fermeté de mon père comme un signe d’amour. »
Allez, confiance et au plaisir de vous lire...