Chronique réalisée par Francesca
:star: Pourquoi J’ai Pas Mangé Mon Père de Jamel Debbouze
Date de sortie : 8 avril 2015
Date de sortie : 1h35min
Réalisé par : Jamel Debbouze
Avec : Jamel Debbouze, Mélissa Theuriau, Arié Elmaleh …
Genre : Animation , Famille , Comédie
Nationalité : Français
A partir de 6 ans.Son synopsis :
L’histoire trépidante d’Edouard, fils aîné du roi des simiens, qui, considéré à sa naissance comme trop malingre, est rejeté par sa tribu.
Il grandit loin d’eux, auprès de son ami Ian, et, incroyablement ingénieux, il découvre le feu, la chasse, l’habitat moderne, l’amour et même… l’espoir.
Généreux il veut tout partager, révolutionne l’ordre établi, et mène son peuple avec éclat et humour vers la véritable humanité… celle où on ne mange pas son père.
:star: La Bande Annonce
Mon avis :
Ce film est un bijou de technologie moderne qui oscille entre film « traditionnel » et film d’animation grâce à la technique de motion capture qui permet de reproduire en animation les physiques, mouvements et expressions des acteurs incarnant les personnages. Le résultat est spectaculaire à l’œil, les profondeurs de champ et les plus infimes détails sont précis, de sorte que le rendu à l’écran est très confortable. La 3D n’est jamais aussi utile que dans un film d’animation, et cet ajout est très appréciable et permet de s’immerger encore plus dans l’univers.
Il s’agit d’une adaptation du roman Pourquoi j’ai mangé mon père de Roy Lewis, mais Jamel Debbouze a pris les commandes de ce film pour en faire une aventure loufoque et entrainante. Réalisateur, directeur artistique, co-auteur du script et acteur principal, il a touché à tout et a investi énormément de temps, d’énergie et de passion dans ce projet de 7 ans. L’histoire d’Edouard est en majeure partie inspirée de celle de Jamel et le parallèle se renforce avec Mélissa Theuriau qui interprète également sa compagne à l’écran. Le récit est parsemé de vannes typiques du style de Jamel, mais aussi tout un discours sur l’intolérance née de l’obscurantisme religieux et de la peur de l’inconnu, et a contrario sur l’amitié, la solidarité et l’ouverture d’esprit, ce qui est intéressant, mais peut dérouter les plus jeunes par certains aspects.
Je suis par contre un peu déçue par le rythme du film, surtout dans sa première partie, et par l’humour que j’aurai cru davantage présent. J’ai eu peu d’éclats de rire, même si heureusement que Jamel fait le show. Un des personnages est directement inspiré de Louis de Funes, ce qui est amusant de prime abord, mais les mimiques répétitives peuvent finir par lasser, surtout que cela n’apporte rien à l’avancement de l’histoire.
Ce film vaut le coup pour le travail technique d’animation qui rend très bien à l’écran et par l’abattage titanesque de Jamel Debbouze qui prouve encore une fois son talent.
:star: Master Class de Jamel Debbouze
Jamel Debbouze a répondu aux questions des spectateurs durant une master class spéciale à l’issue de la projection du film. C’est un plaisir d’écouter cette belle personne toujours aussi drôle, passionné et engagé, qui est sincèrement très fier de ce film.
Pourquoi j’ai pas mangé mon père est un projet entièrement porté par Jamel Debbouze. Le comédien n’a pourtant pris part à l’élaboration du film que pour une proposition de doublage au départ. De fil en aiguille, il s’est retrouvé propulsé à la réalisation, une première pour lui, co-auteur du script, intervenant à la direction artistique, tout en étant l’acteur principal. Il a fait beaucoup de sacrifices pendant 7 ans, à coté de ses autres projets comme le Jamel Comedy Club ou Le Marrakech du rire. Mais c’est un curieux insatiable, et comme il ne sait pas tenir en place, il n’arrête pas de poser des questions, ce qui l’a aidé à remplir ses nouvelles fonctions totalement inédites pour lui.
A l’origine, l’histoire et la technique se sont imposées à lui donc et ont été des contraintes qu’il a dû prendre en compte tout le long de l’avancement du film. Ce fut ainsi un crève-cœur pour lui d’avoir dû supprimer certaines scènes qu’il trouvait très drôle mais qui ne s’adaptaient pas au rythme exigé par les producteurs.
Le film a donc pris 7 ans pour être monté, ce qui est titanesque. Le tournage a été réalisé dans des locaux à Stains, mais il y a eu tout un processus de post-production dans des studios en Inde, les mêmes que Pixar ou pour L’Odyssée de Pi, où ils devaient ainsi poser chaque poil des simiens un par un, ce qui prenait énormément de temps. Jamel a également voulu repasser toutes les images pour mettre de la lumière dans les yeux des personnages, car il ne voulait pas que les regards paraissent sans vie.
Ce fut très difficile pour les acteurs de jouer et de se mouvoir comme les simiens, le plus souvent à 4 pattes, donc le casting s’est plutôt porté sur des danseurs qui n’avaient jamais joué la comédie, mais qui finalement s’en sortent parfois mieux que certains que Jamel connait. Les acteurs ont passé 1 an à être coaché afin qu’ils puissent bouger tout en se libérant du texte. La technologie nécessaire à la technique de motion capture a également dû être repensée car les casques portés par les acteurs pesaient 7 kilos à l’origine, ce qui était impossible à supporter pendant le tournage. L’équipe de production a donc tout revu afin d’alléger le matériel au maximum et a réussi à créer un casque 100% français pesant 400 grammes, une vraie prouesse qui ne s’est confirmée que lors du premier jour de tournage !
La participation de Melissa Theuriau à ce film s’est faite comme une évidence. Alors que Jamel écrivait le script à la maison, sa femme le lisait en cachette puis lui donnait son avis critique. A force, ils jouaient les scènes dans leur cuisine, et alors que Jamel recherchait désespérément sa Lucie, il l’a finalement trouvée chez lui. Il est très fier d’elle et pense qu’en tant que journaliste, elle a dû déjà composer avec la caméra lorsqu’elle faisait des interviews, donc il sait qu’elle peut jouer.