- que si l’on veut mourir de rire, on peut, non, on doit, lire le Projet de loi sur le renseignement. Il a été présenté au conseil des Ministres le 19 mars et sera bientôt débattu à l’Assemblée, mi-avril. Ce n’est pas ce qui le rend hilarant. Le texte est présenté comme un ensemble de mesures contre le terrorisme. Pas drôle non plus. Mais certainement nécessaires, indubitablement. Il donnera la possibilité aux agents, plutôt secrets que d’entretien, d’intercepter des données en temps réel sur les réseaux des opérateurs, au terme d’une procédure expresse, hors de toute procédure judiciaire, et donnera naissance à un système de surveillance permanente du Web par le biais de boîtes noires. Qu’est-ce qui est donc désopilant ? Sans aucun doute qu’il s’agira de la mise en place de systèmes de surveillance de masse qui iront à l’encontre du respect de la vie privée des internautes. Oubliées, envolées, disparues les libertés d’expression, individuelles ou de la presse. Inénarrable, non ? Mais rira-t-on pour de bon ? Il faudrait être certain pour ça que la loi passe. Comme on ne peut être sûr de rien, cela veut-il dire qu’on peut être sûr de tout par l’opposé analogue d’une symétrie inversée contraire ?
- que la Japonaise Misao Okawa, ex- doyenne de l'humanité, est décédée mercredi 1er avril à l'âge de 117 ans. Qu’elle repose en paix. Jusqu’au 31 mars, elle faisait partie des cinq femmes vivantes nées avant 1900. Elles ne sont plus que quatre, trois américaines et une italienne, quatre femmes ayant vécu sur trois siècles. Impressionnant. Forme de double peine, le décès de Misao a causé la perte de sa qualité de doyenne. Gertrude Weaver, une américaine, 117 ans le 4 juillet prochain, a hérité du titre honorifique. En est-elle heureuse ? Les médias disent que oui. Mais se rend-elle compte qu’elle a hérité d’une terrible malédiction, d’un horrible anathème, d’une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, d’une faux derrière son cou ? Elle sera nécessairement la prochaine doyenne de l’humanité à mourir, pour être remplacée alors par une autre future doyenne, et ainsi de suite. Sauf si Gertrude ne meurt jamais. Comme on ne peut être sûr de rien, cela veut-il dire qu’on peut être sûr de tout par l’opposé analogue d’une symétrie inversée contraire ?
- que le copilote de l’A320, dont je tairai le nom surtout depuis qu’on a eu connaissance de son envie désormais lugubre de devenir célèbre, continue de nous glacer le sang. On le savait avoir été traité pour troubles anxieux généralisés avec tendances suicidaires. On ne pouvait plus supposer non plus qu’il avait fait plonger l’avion par hasard. Mais, pour trouver quelque humanité dans le bonhomme, un soupçon au moins, au nom de l’humanité tout entière, on espérait un accès de folie, de démence, pour expliquer le geste insensé et furieux. Hélas, de nouvelles informations nous parviennent. Sur une tablette saisie lors d'une perquisition, les enquêteurs ont pu accéder aux recherches qu'il avait effectuées sur internet entre le 16 mars et le 23 mars. Il s'était informé sur les manières de se suicider ainsi que sur les portes de cockpit et leurs mesures de sécurité. La seconde boîte noire a été retrouvée hier. L’entendra-t-on, au dernier instant, demander pardon au nom de tous les inhumains terrestres ? Comme on ne peut être sûr de rien, cela veut-il dire qu’on peut être sûr de tout par l’opposé analogue d’une symétrie inversée contraire ?
vendredi 3 avril 2015