Elle la voulait, elle l’a eue!
Anne Hidalgo a enfin eu sa journée de circulation alternée! Et grâce à elle, l’alerte pollution qui sévissait depuis plusieurs jours sur le nord de la France a enfin été levée.
Enfin, ça c’est ce qu’elle voudrait nous faire croire. Car quand on creuse un peu, on peut ne pas être d’accord avec cette version.
Pourquoi cet épisode de pollution?
D’abord voici une carte de la pollution aux particules fines (PM10) la semaine précédant cette mesure salvatrice (toutes les cartes sont tirées de ce site )
Ce qui saute aux yeux en premier, c’est qu’on est dans le cadre d’une pollution générale qui touche la majeure partie de la France et va bien au-delà de l’île de France et de sa circulation.
Alors je veux bien que la circulation contribue à la pollution, mais on ne me fera pas croire qu’alors que la majorité du pays qui est quand même très rural est touché, la circulation parisienne est à l’origine de cet épisode de pollution.
Pour appuyer cela, voici un relevé sur quelques stations de mesure:
A Opéra, en plein Paris, on avait 102,5 µg/m3. A Coulommiers, on mesurait 107,3 µg/m3, et à Chauny (charmante bourgade de 11 832 habitants) en Picardie, on relevait 101,1 µg/m3.
On ne voit pas toujours pas une bulle Parisienne liée à la circulation. A moins que Chauny connaisse des embouteillages comparables à ceux de la capitale?
Mais si ce phénomène est si large et pas localisé à Paris, à quoi est-il dû?
Je me réfère à l’analyse faite ici
Ils résultent de conditions météorologiques d’une exceptionnelle stabilité: peu de vent, températures encore froides le matin qui favorisent la formation de couches d’inversion (couche de l’atmosphère très stable dans laquelle la température augmente avec l’altitude) qui bloquent les polluants au sol.
L’ensemble des sources d’origine humaine de polluants atmosphériques est concerné : trafic routier et non routier, chauffage résidentiel, industrie mais aussi les activités agricoles intensifiées en Europe de l’Ouest à cette période de l’année (du fait de l’épandage des engrais azotés). Les composés chimiques gazeux et particulaires émis par ces activités se combinent par réaction chimique. Ils forment des particules dites « secondaires » (par opposition aux particules « primaires » émises directement dans l’atmosphère), de différentes tailles, qui peuvent perdurer dans l’atmosphère pendant plusieurs jours et ainsi se transporter sur de longues distances (plusieurs centaines voire milliers de kilomètres). Dans le cas des épisodes printaniers, l’analyse de la composition chimique de ces épisodes et nos simulations lors des dernières années montrent la part importante, parfois prépondérante, de nitrate d’ammonium qu’elles contiennent. Il résulte de réactions chimiques entre les oxydes d’azote émis notamment par les activités de transport, et l’ammoniac, disponible dans l’atmosphère par volatilisation, en particulier lorsque les températures sont douces, suite aux épandages d’engrais. Il n’y a pas d’ambigüité sur le caractère transfrontalier de ces phénomènes d’import et d’export de pollution et il apparaît indispensable que la gestion de tels épisodes intègre la coopération régionale ou internationale.
On voit que cet épisode résulte de la conjonction de plusieurs facteurs dont la circulation n’est qu’une composante.
Mais si la circulation participe, il vaut mieux la réduire, non?
Oui, mais il me semble que les premières mesures à prendre sont celles qui ont un impact important: si vous essayez de perdre du poids, arrêter le demi-sucre dans la café peut être une bonne idée, si vous ne prenez pas 2 tartines de Nutella dans la foulée…
Or, là, je ne suis pas sûr que cette circulation alternée fût efficace.
En effet, dès le 22/03 (la veille de la mesure), on avait une amélioration sensible de la qualité de l’air:
Ceux qui se sont réjoui après le 23/03 de l’efficacité de cette circulation alternée n’ont pas dû voir cette carte…
Les relevés enfoncent le clou: quand on reprend les villes vues précédemment, voici ce qu’on constate:
A Paris, on avait 53,2 µg/m3 (j’ai remplacé la station d’opéra par celle des champs Elysée qui était plus élevée). A Coulommiers, on mesurait 58,8 µg/m3, et à Chauny, on relevait une baisse encore plus importante à 29,8 µg/m3. On est bien dans un contexte de baisse généralisée et la circulation alternée n’a pas permis de noter une baisse plus importante.
Déjà l’an dernier, lorsque la circulation alternée avait été mise en place, Air parif avait adressé un satisfecit en notant « une diminution moyenne de pollution de 6% pour les particules et 10% pour les oxydes d’azote »
Je suis désolé, mais quand il reste 94% des particules après une mesure qui est tout de même contraignante pour une part importante de la population francilienne, je ne pense pas que cela puisse faire l’objet d’un bilan positif. Ce bilan est d’autant plus mitigé qu’il ne précise pas le rôle de la météo dans cette évolution. Je suis curieux de voir le bilan de l’opération cette année.
Lorsqu’il sera fait, n’oubliez pas cette carte montrant la baisse de la pollution avant la mesure chère à Anne Hidalgo.
Elle est d’ailleurs tellement fière de cette mesure et tellement sure de son efficacité qu’elle veut l’automatiser pour éviter les futurs bras de fer avec Ségolène Royal.
Les cons, ça ose tout. C’est même à cela qu’on les reconnait.
Cette phrase d’Audiard me revient en mémoire quand je vois que certains politiques s’échinent à mettre en place des mesures qui ne sont que des effets de manche alors que des mesures plus drastiques devraient être mises en oeuvre sur les méthodes de l’agriculture intensive, l’industrie et la production d’énergie (il ne faut pas oublier que de nombreuses centrales au charbon ont remplacé des centrales nucléaires en Allemagne ces dernières années).
Et il faut reconnaître que les verts et Hidalgo osent vraiment…