Magazine Conso
Cet article, je ne pensais pas l'écrire. J'adore cette série de photos, ces moments simples et si pleins à la fois. Je ne pensais pas l'écrire parce que ces jours où j'ai appuyé sur le déclencheur n'étaient pas les plus lumineux de ma vie. Parce que j'ai traversé une période de tempête, une tornade qui a tout emporté sur son passage, déterré les doutes qu'on connaissait, mais qu'on ne voulait pas voir sortir de leur trou. Les doutes qu'on avait un peu enterrés dans le jardin comme on planque un cadavre. C'était un étrange moment qui m'a tordu les entrailles, les a consumées, m'a torturée jour et nuit et qui a laissé place à une sorte de calme ou de néant.
Pour la première fois je me suis recentrée sur moi-même. J'ai pensé à moi, incroyable non ?
Moi la mère qui imagine chaque jour, des plats différents pour ses enfants, qui doivent être équilibrés, savoureux et nouveaux. La mère qui trie bien les vêtements par 2 pour que ses jumelles soient assorties et pour savoir combien de tenues complètes sont disponibles dans le tiroir. La mère qui range bien les éléments de la dinette à leur place chaque soir pour qu'on puisse les retrouver facilement. Moi l'épouse qui fait en sorte d'être maquillée même quand elle ne sortira pas de la maison. L'épouse qui jongle avec les factures en fin de mois dans un équilibre précaire. Moi, la femme qui tait ses douleurs physiques quotidiennes pour amasser plus de temps pour son avenir. Moi la littéraire qui se heurte comme un crash test au mur des fonctions et des racines carrées.Je suis redevenue celle qui sent, qui respire, qui fait partie de ce monde. je me suis souvenue de la petite fille que j'étais, déjà pleine d'appréhensions, l'adolescente qui ne voulait pas sortir de sa zone de confort, la jeune fille pleine de questions sur l'avenir, la fiancée pleine d'espoir et la nouvelle maman qui prend toute la place.
Je ne sais pas comment je suis ressortie de cette épreuve, entière ou non. Je ne sais pas si je suis tout à fait la même, si j'en ai l'envie. Mais en tout cas, je suis toujours là. J'ai lutté comme une sirène à la proue d'un bateau dans la tempête.
Aujourd'hui je continue de lutter, de me battre contre moi-même, contre mes démons qui ne demandent qu'à sortir de leur cage, à dévorer de leur dents acérées quiconque se mettrait en travers de leur route, moi la première. Un peu comme un chien qui se retournerait contre son propre maître.Je continue de courir même si je suis à bout de souffle dans ce marathon pour mon concours. J'ai des points de côté, mes membres ne me tiennent plus et je ne sais pas si j'atteindrai la ligne d'arrivée, mais je continue de courir à en avoir mal au coeur.
je ne tire pas vraiment de conclusions pour le moment, c'est juste arrivé, et je suis toujours là.