Jaki Liebezeit – Holger Mertin
Aksak
(Staubgold)
D’un coté Jaki Liebezeit, batteur légendaire de Can et collaborateur de Chet Baker, Brian Eno, Depeche Mode, Burnt Friedman, Jah Wobble. De l’autre Holger Mertin, multi-percussionniste talentueux, au parcours éclectique et exemplaire, associant son nom à ceux de Eberhard Kranemann (Ex-Kraftwerk), Martin Sasse, Hayden Chisholm, Roland Peil (Die Fantastischen Vier) ou Ali Haurand (European Jazz Ensemble). Voilà pour le CV rapide de chacun. Il n’est finalement pas étonnant de retrouver ces deux géants pour un opus cinétique, Aksak, au carrefour des civilisations et des époques, avec pour langage universel, les percussions au sens large du terme, colonne vertébrale au groove puissant et abrasif, auréolées de cuivres en coutures, de guitares en filigranes ou de claviers en pointillés, relevant ce magma épicé aux attaches détachées. Aksak se joue des genres sans se poser de questions, pose ses valises en Orient pour repartir en navette spatiale vers une galaxie prise de sursauts mélodiques solaires. Innovants et magnétiques, brûlants et squelettiques, les tracks défient les lois de la gravité, survolent le monde un sourire en coin, musique tribale aux fluctuations virtuoses et futuristes, legs d’un passé ancestral pour un avenir à la puissance sensuelle et animale. Liebezeit et Mertin se défient et se lient dans un combat fraternel à la beauté majestueuse, construit autour de pulsations cosmiques et d’ubiquité temporelle. Eblouissant.
Roland Torres