Ceux qui me lisent régulièrement savent que je n’aime pas trop l’approche indicielle dans la gestion de portefeuille.
Depuis environ deux décennies, la presse financière compare souvent la gestion active de portefeuille avec le marché en prétendant que la plupart des gestionnaires ne parviennent pas à «battre le marché». On dit grosso modo que 20 % ne réalisent pas la performance des indices de références. Mais qui parle de battre le marché? Il me semble que n’est pas un objectif ça?
Surtout que ledit marché perd très souvent le nord et qu’il n’est pas facile à suivre. Battre le marché, ce n’est pas une cible personnelle très claire. À mes yeux, les places financières sont au service «des projets de vie» des individus. Un objectif pertinent pour moi, c’est ramasser les capitaux nécessaires pour :
- La mise de fonds d’un chalet
- Le fonds de commerce de l’entreprise de vos rêves
- Un voyage en Italie de deux mois
- Financer les études de vos enfants
- Financer sa retraite à 60 ans… etc.
Une fois les objectifs définis, il faut ensuite les relier à des comptes de placements ayant des dates de réalisation diverses. REER, CELI, REEE et comptes ouverts viennent donc s’entrecroiser et utilisent toute une variété de produits financiers ayant une volatilité ajustée à votre tolérance psychologique aux replis. Il faut absolument que, quelles que soient les circonstances, vous restiez investi. Ça implique ne pas vendre quand les bourses piquent du nez. Et c’est plus facile à dire qu’à faire.
Les indices boursiers comme le S&P500, le Dow Jones, le Nasdaq ou le S&P TSX pour le Canada engendrent d’excellents rendements. Quand ça va bien. Mais lorsque ça décroche, il n’est pas rare de voir des reculs de 20, 30 et même 50 %. Prenons l’exemple de 2008-2009. Certains investisseurs ont vu leurs projets s’anéantir simplement parce qu’ils ne pouvaient pas se permettre des pertes aussi prononcées. Ils ont fini par vendre au pire moment. L’ennui principal avec les baisses de valeur des placements c’est que pour rattraper les pertes et le temps perdu, le rendement nécessaire en pourcentage devra être plus important que le déclin.
Je m’explique. Si vous avez 100 000 $ dans un compte REER et que votre fonds indiciel décroche de 50 %, vous vous retrouvez avec 50 000 $. Vous êtes d’accord? Rendu là, vous devrez attendre que le marché baissier se termine et ensuite que la croissance vous ramène au point de départ. Combien devrez-vous faire de rendement pour pouvoir retrouver votre mise?
Non, pas 50 %. Car avec 50 % vous ne récupérerez que 25 000 $ sur le capital rendu maintenant à 50 000 $. Il vous faudra faire 100 % de rendement simplement pour recouvrer vos billes.
Pour un multimillionnaire patient et pas nerveux pour 5 cennes, la gestion passive avec FNB indiciels peut être appropriée. Mais pour le vrai monde qui connaît trop bien la valeur de chaque dollar durement gagné, ça s’apparente à jeu de roulette de casino. La gestion active des portefeuilles diversifiés et des fonds communs, peut gérer le risque en fonction du contexte économique et ajouter, au besoin, des composantes prudentes et garanties. En limitant les pertes, cette approche fait gagner du temps et de l’argent.
L’image suivante représente un fonds de placement équilibré canadien comparé à l’indice total SP TSX de la bourse de Toronto. On remarque que le fonds est plus stable. Il a connu moins de pics et de creux, puis au bout du compte, le rendement est supérieur.