On imagine à priori mal que l'on puisse, dans le cadre d'un long-métrage qui veut redonner le goût d'être en vie, passer une heure et demie en compagnie de son plus vieil opposé. C'est pourtant la logique adoptée par Uberto Pasolini qui s'intéresse à travers Une Belle Fin à un fonctionnaire chargé de retrouver la famille de défunts oubliés.
Cette jolie idée est narrée avec une pudeur extrême et une douceur cafardeuse parce qu'elle épouse le point de vue de son étrange protagoniste, orphelin obsédé par le soin et anesthésié par ces absences pour lesquelles il se passionne. L'interprétation subtile que lui offre Eddie Marsan est pour beaucoup dans l'émotion feutrée qui s'en dégage.
Pourtant, le long-métrage fait appel dans sa quête d'une existence solitaire à quelques procédés attendus et légèrement manichéens, du pianissimo musical à un retournement final inutilement cruel. La distance de sa mise en images tient parfois le récit sur la piste de décollage, comme si Pasolini pêchait par excès de retenue.
Une Belle Fin sort le 15 avril 2015, auréolé de son prix du meilleur réalisateur au festival de Venise.