Correspond à la période baroque puis moderne en Europe. Pendant ce temps en Chine :
Dynastie Qing (1644-1912)
Les premiers temps de la dynastie sont marqués par des nostalgies et des réminiscences. Le peintre Yun Shouping (actif en 1633-1690) trouve son inspiration dans le sillage des peintures Song « fleurs et oiseaux », « herbes et insectes ». Cette tendance se trouve accentuée au sein de la cour et dans les commandes impériales par l'esprit encyclopédique qui tend à recenser tout ce qui existe et à le pérenniser tout en le contrôlant. Dans cet esprit, la peinture de la Fête du Qingming (Fête des morts) reprend le même thème traité sous les Song. Mais alors que l'original s'attachait, dans la manière propre aux peintres professionnels, aux détails techniques, cette version s'attache aux loisirs : spectacles de théâtre (de plein air), acrobates, lutteurs… et on distingue nettement les pierres étranges qui s'élèvent, traditionnellement, dans les jardins, en couleurs bleu et vert, comme dans les peintures de l'époque Song. Quant à la représentation de l'espace dans la représentation des bâtiments, on peut constater des effets de perspective à l'occidentale, combinés aux obliques parallèles (isométrique) propres aux conventions chinoises traditionnelles. Ce qui laisserait supposer une influence des conventions occidentales (celles de la miniature occidentale) sélectionnées par les peintres jésuites (Giuseppe Castiglione…) à la cour.
Yun Shouping, 1672
On peut en voir l'effet dans la représentation des figures (par exemple dans les cent portraits de soldats d'élite commandés par l'empereur Qianlong) où un certain modelé a été retenu quand l'ombre, à proprement parler, pourtant omniprésente dans le siècle du Caravage, n'aurait pu être acceptée en Chine, comme dans ce vaste panorama sans ombre qui se déroule Le long de la rivière au moment de la Fête des morts.
Le centre de création de la céramique Qing à Jingdezhen exporte vers le monde entier d'innombrables porcelaines qui reprennent les formes et les techniques anciennes, les porcelaines « bleu et blanc » en particulier. Mais toutes ne sont pas conçues pour l'exportation, une autre partie, de très grande qualité est destinée au marché intérieur. Certaines étant réservées à la cour ou aux cours des états voisins, comme les « Bleu de Hué » destinés aux souverains et seigneurs ou mandarins du Viêt Nam. Mais on invente aussi une technique de décor qui démontre une maîtrise plus grande encore : la porcelaine aux émaux de petit feu poudrés, dits en Europe « famille rose » et qui peut donner lieu aux effets éblouissants d'un décor tapissant : véritable accumulation de motifs élégants évocateurs traditionnels de la fragilité du vivant. En France on appelle « porcelaine de la Compagnie des Indes » les productions exécutées en Chine pour satisfaire les commandes des Européens, aux XIIe et XVIIIe siècles.
Vase à décor « mille fleurs ». Jingdezhen (1736-1795).
Le XIXe s'écarte souvent de ces dernières et retourne à des modèles anciens proprement chinois.
Dans un mouvement divergent de ce style méticuleux, dès la fin du XVIIe siècle, tout un ensemble de peintres lettrés restés délibérément hors des sentiers officiels se manifeste. Une forte indépendance d'esprit caractérise cette génération de peintres « excentriques », dont les plus célèbres : les moines Zhu Da (Badashanren) (1625-1705) et Shitao (1642- vers 1707). On les regroupe souvent sous le nom d'« école de Yangzhou » (Jiangsu) avec Li Shan. Ils influencent à leur tour les peintres « excentriques » de Yangzhou et de Shanghai du XIXe : Ren Xiong (1823-1857), Ren Bonian (ou Rèn Yí) (1840-1896) et Xu Gu (vers 1824-1896) ainsi que des peintres shanghaïens, tel Wu Chanshuo (1844-1927), à la fin de la dynastie. Tous sont d'autant plus décidés à affirmer une forme d'individualisme, de révolte et de désespoir quand se répandent, sous les Qing, des cahiers de modèles imprimés, qui répertorient en les banalisant tous les procédés des peintres anciens. Ruinant les plus hautes valeurs de la Chine dans un monde qui s'effondre, sous le coup des crises et avec l'occupation étrangère.
D'après Wikipédia