[Critique] FAST & FURIOUS 7
Titre original : Furious 7
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : James Wan
Distribution : Paul Walker, Vin Diesel, Jason Statham, Dwayne Johnson, Michelle Rodriguez, Tyrese Gibson, Jordana Brewster, Ludacris, Lucas Black, Nathalie Emmanuel, Kurt Russell, Elsa Pataky, Tony Jaa, Djimon Hounsou, Ronda Rousey, Iggy Azalea…
Genre : Action/Suite/Saga
Date de sortie : 1er avril 2015
Le Pitch :
Salement remonté de voir son frangin cloué sur un lit d’hôpital, Deckard Shaw est bien décidé à faire payer les responsables, à savoir Dominic Toretto et sa famille. Ces derniers, rentrés au pays, ne se doutent pas une seule seconde de ce qui s’apprête à leur tomber sur le coin de la tronche…
La Critique :
Dans un certain nombre d’années, quand nous aurons tous pris un peu de recul, les manuels contant la petite histoire du cinéma d’action bas du front reconnaîtront l’évidence : c’est Dwayne « The Rock » Johnson qui a largement contribué à sauver la franchise Fast & Furious. Son arrivée, alors que la saga passait la cinquième, a illustré un désir de laisser au garage l’esprit « tuning » pour se concentrer sur une action façon James Bond, dopée à la testostérone, à l’adrénaline et à la nitroglycérine. Les personnages se muant alors en sorte de gentils héros très bourrins, portés sur la vitesse et les coups de boule.
Ces mêmes manuels d’histoire, après avoir souligné le petit coup de mou du sixième volet, reconnaîtront également que c’est Jason Statham qui a largement tiré le septième épisode vers le haut, en campant un méchant totalement jubilatoire, charismatique et pour le coup, totalement à la hauteur des enjeux pyrotechniques et badass soulevés par le long-métrage.
Ennemi public numéro 1, Statham revient aux bad guys et semble prendre un pied monstrueux à jouer selon une partition taillée sur-mesure. Exploité à sa juste valeur par un réalisateur conscient de la puissante de frappe de l’Anglais, Statham est l’un des gros points forts de Fast & Furious 7 (son combat contre The Rock est fantastique). Le truc qui est dingue, c’est que c’est loin d’être le seul.
Restons justement sur le casting. Les vétérans sont bien évidemment toujours de la partie, remarquablement entourés par une troupe de professionnels du bourre-pif, comme Tony Jaa et Ronda Rousey, d’une légende, savoir Kurt Russell, du solide Djimon Hounsou, et de la sublime transfuge de Game of Thrones Nathalie Emmanuel. Sorte de déclinaison du concept d’Expendables, la distribution de Fast & Furious 7 ne fait pas les choses à moitié et prend soin de réserver à chacun de ses comédiens une ou plusieurs occasions de briller. Y compris en ce qui concerne ceux qui n’apparaissent que brièvement comme Ronda Rousey. Loin de tirer la couverture à eux, les piliers de la saga font de la place aux petits nouveaux. Caractérisé par une bonne entente visible à l’écran, ce casting aussi monstrueux qu’enthousiasmant sert de moteur à toute l’entreprise. L’alchimie qui anime le duo Vin Diesel/Paul Walker déteint sur tous les autres et au final, c’est un groupe soudé qui se met joyeusement sur la tronche pied au plancher, au diapason total avec un cinéaste spécialisé dans le film d’épouvante (Conjuring, Insidious…), passé pour l’occasion au bourrinage intensif boosté aux stéroïdes.
Il faut voir Fast & Furious 7 comme l’illustration d’un fantasme ultime. Comme une sorte de déclinaison « live » d’un épisode de Bip Bip et le Coyote, avec des bagnoles, des flingues, des nanas outrageusement canons et des mecs baraqués, ce nouveau chapitre pousse tous les compteurs dans le rouge sans se soucier du réalisme. À vrai dire, les producteurs et James Wan ont absolument tout compris et leur choix est le bon. Oubliez les poursuites entre voitures modifiées des premiers volets, Fast 7 reprend la recette des deux métrages précédents en doublant les doses. Maintenant plus que jamais, les notions de limites explosent, ça pue l’essence et la gomme brûlée, et rien ne vient se mettre en travers de la route de ces as du volant. Totalement con, Fast and Furious 7 se fout de la logique, de la gravité, et de toutes ces choses qui font qu’à un moment ou à un autre, on cherche de toute façon à coller à une certaine authenticité. Dès la première scène, aussi débile que jusqu’au-boutiste et enthousiasmante, Fast 7 annonce la couleur et offre exactement ce que le trailer promettait, avec en prime, un joli supplément.
C’est bien simple, ça ne s’arrête jamais. Suivant une banale histoire de vengeance, le film s’apparente à un jeu du chat et de la souris entre plusieurs mecs hyper furax. Des types qui se contrefoutent du code la route, de la sécurité des autres et de la leur, qui trouvent des bagnoles hors de prix qu’ils détruisent comme des gros bourrins, et qui se raccrochent à des valeurs primaires tout à fait dans l’esprit de leur démarche destructrice (pour ne pas dire suicidaire). Des mecs aux couilles aussi grosses que des pastèques, capables de projeter leur caisse dans le vide, sans aucun plan B, ou encore de sauter par la fenêtre, pour atterrir 5 étages plus bas avec seulement quelques fractures.
Monumental roller-coaster, Fast & Furious 7 va plus loin que beaucoup de films qui jouent dans la même catégorie. Avec ces ralentis, cette iconisation ultime, aussi old school que jouissive, d’acteurs burnés à l’extrême, ces affrontements urbains violents et totalement surréalistes, il finit par créer ses propres standards. On peut accuser Fast 7 de plein de trucs. Si on fait exception du personnage incarné par Michelle Rodriguez, qui fait jeu égal avec les mâles, le long-métrage reste très machiste et enchaîne les plans des plastiques parfaites de figurantes super bien roulées et très peu vêtues. Il glorifie une outrance souvent montrée du doigt, mais le fait avec un second degré salvateur. En s’envolant, au propre comme au figuré, vers des sommets de grand n’importe-quoi, le film de James Wan se dédouane et ne prétend qu’à offrir un spectacle comme on en voit peu. Un grand show sons et lumières qui n’a pas beaucoup d’équivalents et qui, 2h15 durant, ne prend jamais le temps de s’arrêter au stand pour faire le plein. Assumé à 100%, Fast & Furious 7 ne déçoit jamais, en cela qu’il ne cherche qu’à satisfaire celles et ceux qui sont venus chercher ce qu’on leur a promis. Surtout qu’en l’occurrence, James Wan a su orchestrer cette orgie visuelle avec tout le talent qui le caractérise. Son action est lisible, ses effets percutants, et le montage de rendre justice à un boulot d’artificier admirable sur bien des points. Déjà super doué pour faire flipper la populace, Wan prouve ici qu’il est aussi l’homme de la situation quand il s’agit de tout faire péter, tout en canalisant une énergie qui finit tôt ou tard par nous exploser à la face.
Bien sûr, le film de James Wan restera également comme étant le dernier dans lequel nous aurons pu voir Paul Walker. Déjà de la partie en 2001, quand Rob Cohen déclinait grossièrement le concept de Point Break, en le transposant dans le cadre des courses illégales de voitures tunées, le comédie disparu tragiquement alors qu’il tournait le film, tire ici sa révérence. Ceux qui, légitimement, s’inquiétait de savoir si le fait qu’il n’ait pas pu finir de tourner ses scènes, impacte Fast 7, peuvent être rassurés. Jamais ou presque les effets-spéciaux qui ont permis à l’équipe de combler l’immense vide que Walker a lassé derrière lui, ne sont trop voyants. L’émotion par contre, est probante. Entre les poursuites, les gun fights et autres bastons homériques se dessine un vibrant hommage. En cela, la toute fin, dont nous ne dévoilerons rien, se consacre entièrement à dire adieu à l’acteur. Vin Diesel, tout particulièrement, totalement à nu, se fait le vecteur d’un au revoir émouvant, auquel il est difficile de rester indifférent.
Certes, Fast 7 ne restera pas comme l’œuvre la plus profonde de la filmographie de Walker, mais force est de reconnaître qu’elle symbolise et rend justice à la personnalité généreuse de l’acteur. Héros d’un blockbuster hyper riche et respectueux de son genre et de son public, Fast & Furious 7 est probablement le meilleur opus de la saga. Tout simplement.
@ Gilles Rolland