En plus du titre de "première puissance mondiale", la Chine obtient celui de "première puissance innovante", grâce à son vivier d’inventeurs qui déposent deux fois plus de brevets technologiques que les États-Unis, son principal concurrent.
En 2015, la Chine se situe loin devant ses principaux concurrents en ce qui concerne le dépôt de brevets technologiques. C’est ce que révèle l’étude menée par l’institut allemand Fraunhofer, en collaboration avec le département technologique de l’université de Stuttgart. Cette avance ne concerne pas n’importe quel type de brevet, mais ceux issus du domaine de l’Industrie 4.0 (la quatrième révolution industrielle, basée sur l’Internet of Things). La Chine n’est donc désormais plus seulement une puissance économique, mais bien un pays créateur et vecteur d’innovation. Depuis 2013, les inventeurs chinois ont soumis plus de 2500 brevets dans le domaine de l’industrie 4.0 aux organismes chargés de les examiner. Un chiffre qui dépasse largement celui de ses deux autres grands rivaux, les Etats-Unis (1065 brevets) et l’Allemagne (441 brevets)
Le nombre de brevets « industrie 4.0 » déposés en Chine, en Allemagne et aux US depuis 2013
Cette abondance de dépôt de brevets, et a fortiori d’inventions qu’il est nécessaire de faire breveter, n’est que le reflet de la puissance économique de la Chine. Une zone géographique qui représente un marché intéressant pour les entreprises internationales, du point de vue financier, mais aussi de l’innovation, puisque les grandes entreprises occidentales analysent avec détail les brevets chinois. En effet, les multinationales cherchent ainsi à prédire les besoins à venir des entreprises chinoises et développer des stratégies adaptées sur le territoire chinois.
De plus, le gouvernement chinois encourage ses innovateurs en mettant en place un plan gouvernemental "Made in China 2025", visant à promouvoir les technologies de l’industrie 4.0, alors que la France peine toujours à élaborer le sien. Le gouvernement encourage ses entrepreneurs à présenter leurs inventions à un public international, et c’est pourquoi plus de 600 entreprises chinoises sont intervenues au CeBIT 2015 (le plus grand salon européen des nouvelles technologies). Solutions d'analyse du big data, mais aussi des systèmes de cloud et des produits et services liées à l’Internet of Things, voilà le type de projets mis à l'honneur par les entrepreneurs chinois dans ce salon.
Plus de 300 entreprises et instituts de recherches chinois ont quant à eux déposés des brevets à propos de l’industrie 4.0 avec parmi eux, des grands acteurs, comme le constructeur de smartphones chinois Huawei, le fournisseur d’équipement télécoms ZTE, et de grandes universités chinoises : Shanghaï, Huazhong, Chongqing…
Mais dans ce cas précis, innovation ne rime pas forcément avec réussite. En effet, le nombre de brevets déposés par un pays n’est pas révélateur du réel pouvoir d’innovation de celui-ci. Et pour cause, selon l’étude, seuls 35% des brevets chinois remplissent les critères pour être officiellement brevetés. Sur les 2541 brevets déposés en Chine, seuls 515 acquièrent le titre de brevet officiel alors qu’aux Etats-Unis, le nombre de brevets approuvés est de 1467, chiffre qui leur permet de conserver leur leadership.
Le nombre réel de brevets « approuvés » par les organismes officiels
Quelques réserves sont donc encore émises en ce qui concerne le décuplement du nombre de brevets déposés. De plus, une telle dynamique pourrait potentiellement « engorger » les organismes chargés de donner leur titre de brevets aux inventions qui leur sont soumises, et un tel amas de demandes pourrait éventuellement conduire à un déclin de la qualité d’analyse.