J’avais ce petit bouquin dans ma pile depuis 2011. Est-ce vraiment possible que je sois passé à côté durant quatre années ! Pourtant j’aime le cinéma et j’en visite les coulisses de temps en temps en tant que figurante. Je conçois jusqu’à quel point l’univers du cinéma n’est pas simple, avec une part de mystère pour qui n’y œuvre pas de près.
L’auteur, Philippe Lavalette n’est pas n’importe qui, il se place haut sur notre arbre généalogique cinématographique, dans ses rôles de directeur photo et de réalisateur. Il est aussi membre d’une famille cinématographique, par son épouse, Manon Barbeau et sa fille Anaïs Barbeau Lavalette. Ça doit parler cinéma durant les repas !
Ce carnet nous amène partout sur la planète : Irlande, Brésil, Tunisie, Haïti, Grèce, Pologne, Japon pour ne nommer que ces pays. Il a bien sûr tourné quelques fois au Québec, à l’Ile d’Orléans par exemple.
De ces nombreux tournages, il a relevé les anecdotes les plus remarquables et il les décrit avec l’assurance d’un écrivain mûr. J’imagine qu’il a probablement l’habitude d’écrire pour lui, il a su trouver la voie entre l’intériorité et l’extériorité. Il a transformé ses notes de tournage, qu’elles deviennent intéressantes pour un public lecteur, tout en gardant une écriture près de son souffle.
Attendez-vous à de l’éparse, aucune ligne conductrice d’un chapitre à l’autre, autre que son regard d’être humain et de directeur photo. Cette lecture m’a appris en quoi consiste le rôle crucial d’un directeur photo, que je confondais parfois avec celui de réalisateur.
J’espère qu’un jour, il sera tenté de publier à nouveau. J’ai aimé son style sans détour, élégant mais sans fioriture, son humour discret, sa concision. Son regard tient une distance réfléchie entre son environnement et lui, peut-être est-ce une déformation professionnelle, mais elle lui confère un charme philosophique qui s’apprécie.