Bien sûr, la galerie où Somkeita Ouédraogo expose, n’a rien d’une galerie branchée! Un bel espace cependant rendu possible par le village artisanal où artistes et artisans de Ouagadougou peuvent révéler leurs oeuvres.
Autour de lui, les couleurs dont il est fier. En alliant la tradition de la teinture à l’indigo naturel avec celle du bogolan , dont nous avons parlé dans un billet précédent, il crée ce curieux métissage de teintes ocres et bleues qu’il appelle… “l’Indigola”.
Somkeita a d’abord appris l’art de la teinture. A Bobo-Dioulasso. Toute l’Afrique raffole de ces étoffes teintes à la main selon des procédés ancestraux qui utilisent les plantes. Il y a deux ou trois ans, en Guinée, j’avais suivi deux peintres, Issiaga Bah et Ibrahima Bary jusqu’au coeur du massif du Fouta-Djallon (dont ils étaient originaires) pour raconter avec eux le secret de l’indigo ayant influencé leurs palettes d’artistes. J’ai d’ailleurs décrit ce voyage dans “Indigo, ou l’histoire extraordinaire de deux peintres du Fouta-Djallon”, resté pour l’instant à l’état de manuscrit.
Mais revenons à Somkeita Ouédraogo. Autodidacte cherchant à aller toujours plus loin dans sa recherche sur le métissage des couleurs, le voici à présent, à la découverte des signes . De l’Egypte au Pays Dogon, l’Afrique traduit ses rites et croyances en symboles graphiques que la stylisation conduit souvent jusqu’à l’abstraction. Somkeita les décèle un à un, dans les ouvrages qu’on lui offre parfois. Tant de passion créatrice interpelle! Mais il les traque aussi sur les étoffes, les murs. Partout. Ici ou lors de voyages. Il a d’ailleurs exposé en France et au Luxembourg. Alors il les fait se rencontrer, tous ces signes. Il les mêle et invente l’écriture métissée des cultures africaines!
Tout est dans le grand cahier qu’il tient sous son bras. Une aventure à suivre!
Peinture d’Issiaga Bah, peintre guinéen: “Les tresseuses bleues du Fouta Djallon”.