Le
procureur argentin Germán Moldes vient de se pourvoir en cassation contre la
confirmation en appel, qu'il estime arbitraire, du non-lieu en faveur
de Cristina Fernández de Kirchner et d'autres membres ou proches du
gouvernement dans l'affaire déclenchée par un réquisitoire de
Alberto Nisman, procédure que sa mort brutale, le 18 janvier 2015,
l'a empêché de mener à son terme.
Germán
Moldes est procureur fédéral, il a pris la suite d'un autre de ses
confrères, après le premier non-lieu prononcé par le juge de
première instance, Daniel Rafecas.
Moldes
est aussi l'un des chefs de file de la manifestation du 18 février,
en mémoire du défunt magistrat maintenant bien déconsidéré,
manifestation qui avait rassemblé une bonne partie de l'opposition
politique à l'actuel gouvernement.
A
l'occasion de ce pourvoi, le procureur annonce qu'il ira jusqu'à la
Cour suprême, si la Cour de Cassation entérinait l'arrêt de la
Cour d'Appel (avant même de connaître les attendus du jugement de
cassation. Que voilà une belle conception du droit en démocratie !)
Il
devient de plus en plus clair que le but recherché par ce juge est
de polluer la campagne électorale en cours pour les élections aux
exécutifs provinciaux et fédéraux. Si le gouvernement kirchneriste
est bel et bien corrompu, ce que plusieurs professionnels qui gèrent
la partie française de certains contrats internationaux de défense
et de diplomatie avec la République argentine me répètent à
l'envi, ce que dénonce aussi depuis près de douze ans l'opposition
en Argentine, depuis les socio-démocrates du GEN jusqu'aux
ultra-libéraux du PRO en passant par les socialistes de SUR, comment
se fait-il que cette justice, qui attaque si vaillamment les pouvoirs
en place, ne parvient à poursuivre ces gouvernants qu'avec des
incriminations ridicules ou fantaisistes ?
En
effet, nous avons d'une part un vice-président poursuivi pour avoir
déclaré une adresse inexacte pour l'immatriculation d'une voiture
personnelle alors qu'il traversait une crise conjugale qui allait se
traduire en divorce quelques mois plus tard (on peut faire des
erreurs matérielles dans ces moments-là, que diable !) et de
l'autre un procès, qui n'a ni queue ni tête, contre le chef d'Etat
pour des entraves à la justice dont il n'y a pas le début de la
moindre preuve d'un commencement d'exécution. Et pendant ce
temps-là, on enquête à El Calafate sur des opérations de
blanchiment d'argent et de pots-de-vin à travers un hôtel
appartenant à Cristina Kirchner dans la Province de Santa Cruz.
L'affaire traîne depuis près d'un an et n'a encore abouti à aucune
inculpation.
Si
corruption il y a, l'enquête de El Calafate aurait dû depuis
longtemps aboutir à des procédures concrètes. Quel besoin dans ce
cas d'aller attaquer sur des faits inexistants d'une manière aussi
irrationnelle...
Il
faut croire que toute la presse commence à se lasser de cette
opération grossière puisque aucun quotidien ne fait sa une
aujourd'hui sur ce pourvoi exotique.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12
lire
l'article de Clarín
lire
l'entrefilet de La Prensa
La
Nación n'en fait même pas mention.
Lie
la dépêche de Télam.