Plus de 8000 nouveaux cas de mélanome sont diagnostiqués, chaque année en France. Le mélanome cutané ne représente que 4% environ des cancers de la peau et pourtant il est responsable de 80% des décès liés à ce type de cancer, notamment à cause de sa propension à développer rapidement des métastases. (...).
Source iconographique et légendaire: http://www.lepoint.fr/editos-du-point/anne-jeanblanc/decouverte-d-une-molecule-a-l-origine-des-metastases-06-08-2010-1222763_57.php
Nous avons effectué un essai de phase 3 en double aveugle chez des patients atteints de mélanome cutané de stade III (excluant les métastases des ganglions lymphatiques ≤ 1 mm ou les métastases « en transit ») avec résection appropriée des ganglions lymphatiques (c’est-à-dire, avec un mélanome cutané primaire entièrement excisé avec les marges chirurgicales adéquates), n’ayant pas reçu de traitement systémique au préalable pour un mélanome, accueillis dans 91 centres hospitaliers situés dans 19 pays. Les patients ont été répartis de manière aléatoire (1:1) par système vocal interactif centralisé pour recevoir ipilimumab 10 mg/kg par perfusion intraveineuse ou le placebo, à raison d’une dose toutes les 3 semaines pendant 12 semaines, puis tous les 3 mois pendant une période de temps jusqu’à trois années maximum. La randomisation a été stratifiée par la technique de minimisation, en fonction du stade de la maladie et de la région géographique. Le critère principal d’évaluation était la survie sans récidive, mesurée par un comité d’experts indépendant. Le recrutement est terminé pour cet essai, mais l’étude est encore en cours pour ce qui est du suivi pour l’analyse des critères secondaires. (…).
Entre le 10 juillet 2008 et le 1er août 2011, 951 patients ont été répartis de manière aléatoire pour recevoir ipilimumab (n=457) ou le placebo (n=476); tous ont été inclus dans l’analyse de population en intention de traiter. À la médiane de suivi de 2.74 ans (Intervalle Interquartile [IQR] 2.28-3.22), 528 survies sans récidive (234 dans le groupe ipilimumab versus 294 dans le groupe placebo) ont été comptabilisées. La médiane de survie sans récidive était de 26.1 mois (Intervalle de Confiance [IC] 95% 13.4 – 21.6) dans le groupe ipilimumab versus 17.1 mois (IC 95% 13.4 – 21.6) dans le groupe placebo (hazard ratio 0.75 ; IC 95% 0.64-0.90 ; p=0.0013) ; la survie sans récidive à 3 ans étant de 46.5% (IC 95% 41.5 – 51.3) dans le groupe ipilimumab versus 34.8% (30.1-39.5) dans le groupe placebo.Les événements indésirables de grade 3-4 liés à l’immunité le plus fréquemment comptabilisés dans le groupe ipilimumab étaient gastrointestinaux (75 [16%] versus quatre [<1%] dans le groupe placebo), hépatiques (50 [11%] versus un [<1%]), et endocriniens (40 [8%] versus aucun). Les événements indésirables ont conduit à un arrêt du traitement chez 245 (52%) des 471 patients ayant commencé le traitement ipilimumab (182 [39%] pendant la période initiale de traitement de quatre doses). Cinq patients (1%) sont décédés du fait d’événements indésirables liés au médicament. Cinq (1%) patients sont décédés du fait d’événements indésirables liés au médicament dans le groupe ipilimumab ; trois patients sont décédés du fait de colites (dont deux atteints de perforation intestinale), un patient du fait d’une myocardite, et un patient présentant des défaillances de nombreux organes du fait d’un syndrome de Guillain-Barré.
Le traitement par ipilimumab en adjuvant a significativement amélioré la survie sans récidive chez des patients avec mélanome de stade III entièrement réséqué. Le profil d’événements indésirables était consistant avec celui observé dans le mélanome avancé ; avec toutefois certaines incidences plus élevées, notamment pour ce qui est des endocrinopathies. Le ratio risque-bénéfice pour l’ipilimumab à cette dose et ce calendrier d’administration nécessite de nouvelles évaluations basées sur la survie sans métastases distantes et d’autres critères de survie globale pour en définir sa vraie valeur en termes de bénéfice thérapeutique. Prof Alexander MM Eggermont, MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant – première, 31 mars 2015
Financement : Bristol-Myers Squibb
Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ