Future Shop, une disparition inévitable

Publié le 01 avril 2015 par _nicolas @BranchezVous
Québec Exclusif

Transformation majeure dans le monde du commerce de détail, le weekend dernier, alors que Best Buy, propriétaire de la chaîne Future Shop, annonçait la fin des activités de cette entreprise et la transformation de certains emplacements en de nouveaux magasins à l’enseigne jaune.

Si Best Buy a effectivement tenté de rassurer la clientèle de Future Shop en assurant que certains magasins seraient reconvertis, il est certain que plusieurs succursales fermeront définitivement leurs portes. On peut entre autres penser au Future Shop du Marché Central, situé à quelques centaines de mètres d’un… Best Buy.

S’agit-il d’une mauvaise nouvelle pour le secteur du commerce de détail? Assurément. La disparition de Target a frappé un grand coup, et avec la disparition / transformation de Future Shop, ce sont 1 500 employés à temps plein et à temps partiel qui devront dépoussiérer leur CV.

Les années 80 ont téléphoné : ils veulent ravoir leur magasin… une campagne qui n’a pas fonctionné pour Radio Shack.

Mais les magasins de grande surface vendant tout ce qui comporte un circuit électronique, des réfrigérateurs aux ordinateurs portables, emprunteront inévitablement la même voie de garage pour dinosaures numériques que celle suivie par Blockbuster et Radio Shack aux États-Unis.

Diversification

Pourquoi? Tout d’abord parce que l’offre est multiple en ligne, et que le consommateur a l’embarras du choix. Vous ne trouvez pas ce que vous cherchez sur Amazon, Newegg, NCIX, TigerDirect, ou encore DirectCanada? Il vous reste toujours eBay, où il est parfois possible de dénicher la perle rare. Pour les nostalgiques de l’époque hélas pas encore révolue des magasins généralistes, il y a encore La Source. Et pour les passionnés, Addison et Maddison devraient suffire à la tâche.

Le seul hic à propos des achats en ligne demeure le délai de livraison, qui peut varier de 24 heures, si votre produit se trouve dans un entrepôt ontarien, à plusieurs semaines, le temps que le bateau cargo quitte le port de Hong Kong et traverse le Pacifique.

Future Shop a bel et bien été victime du showrooming, cette pratique consistant à se rendre en magasin pour observer les prix et obtenir des conseils de la part des préposés, avant de se rendre en ligne et de commander le même produit, souvent en profitant d’un rabais conséquent et de la livraison gratuite. Sans oublier la possibilité de passer outre le paiement des taxes de vente provinciales ou fédérales.

Il est essentiel de se faire à l’idée que les magasins d’électronique à grande surface sont désormais chose du passé. Pour mieux s’adapter aux changements importants affectant les choix des consommateurs, Best Buy devrait continuer à se tourner de plus en plus vers le Web, quitte à diminuer le nombre de ses succursales physiques. Le même jour où la chaîne annonçait la mort de Future Shop, elle faisait aussi connaître son intention d’investir 200 millions dans ses magasins et sa boutique en ligne.

Livraison gratuite pour tout achat de 25$ et plus

Amazon l’a déjà prouvé : le nerf de la guerre se situe du côté de la livraison. Si le consommateur peut demeurer bien confortablement chez lui et choisir entre plusieurs détaillants offrant tous le même produit à des prix similaires, celui qui proposera de lui livrer le tout à sa porte sans débourser un huard supplémentaire risque fort de l’emporter.

Cette chronique ne se veut pas un éloge du magasinage chez Amazon. Mais face à cette concurrence féroce, force est d’admettre qu’il faut s’adapter ou mourir.

Bien sûr, cette même stratégie commerciale nuit, à terme, aux petits détaillants, aux commerces locaux. Cette chronique ne se veut d’ailleurs pas un éloge du magasinage chez Amazon. Mais face à cette concurrence féroce du géant américain, force est d’admettre qu’il faut s’adapter ou mourir. La Source, avec ses petits magasins, peut sans doute espérer survivre pendant un certain temps. Pour Addison et ses semblables, c’est la spécialisation qui permet de sauver la mise. Mais pour les autres? Best Buy est aujourd’hui le dernier grand nom de l’électronique en grande surface au Québec, et cela n’est pas pour rien.

Dans un contexte mêlant dématérialisation des contenus (musique, jeux, films, livres, etc.) et diversification de l’offre en ligne, difficile de prévoir à quoi ressemblera le paysage accidenté du commerce électronique pour les produits numériques au cours des prochaines années. En attendant, les boutiques uniquement en ligne gagnent en économies de frais d’exploitation ce qu’elles perdent en visibilité sur la rue, et cela devrait se poursuivre.

Le modèle commercial de Future Shop était dépassé, et la compagnie a mordu la poussière. Dommage que 1 500 personnes perdent leur travail, mais la chute était prévisible. L’affaire était entendue, en fait, depuis la première fois où un client a hésité avant de passer à la caisse, histoire de sortir son téléphone intelligent et de lancer l’application mobile de son détaillant en ligne favori.