Des mois déjà qu’on sait qu’elle sait. Qu’on l’entend et qu’on la voit. Qu’elle prend de l’assurance, et de plus en plus de plaisir. C’est beau, un enfant qui découvre l’infini des possibles.
Je me souviens du jour où elle a fait ses premiers pas, de lui à moi, bras en l’air, l’air de dire « attrape-moi », avant de faire demi-tour, de moi à lui. Elle était partie, et n’avait plus besoin de nous que quand elle trébuchait soudain.
Le soir elle se faufile sur la pointe des pieds dans la chambre de son frère, et choisit soigneusement un livre dans sa bibliothèque, qu’elle emporte dans son lit où elle installe son joli coussin à fleurs sous son oreiller. Elle n’a plus besoin de nous que quand elle trébuche soudain…
Ce cadeau qui n’a pas de prix mais tant de saveur, qu’on ne peut toucher du doigt si ce n’est en suivant les lignes de son index. Des mois déjà que ça dure et que nous l’observons un sourire aux lèvres. Mais dimanche, assise à côté d’elle à la table des devoirs, c’est à moi qu’elle a raconté l’histoire, et les mots glissaient de sa langue, chantaient dans sa bouche, et j’ai compris qu’elle était partie. A elle le grand voyage,à elle la connaissance et le rêve, à elle l’infini des possibles.