Réaliser une exposition des oeuvres de Velazquez était un énorme défi qu'a relevé, haut la main, le Grand Palais. En effet, jamais une exposition consacrée au peintre n'avait été organisée en France. Donc, autant vous dire que cette expo est un événement ! Jusqu'au mois de juillet 2015, touristes et parisiens vont passer des heures dans les files d'attente pour la voir. Ce qui ne sera pas mon cas, car j'ai eu l'immense plaisir de la découvrir en avant-première mardi soir ! J'étais effectivement invitée (je ne balancerai pas mes sources qu'on se le dise !) au vernissage en tant que V.I.P. Oui je sais je me la pète un peu... mais pourquoi pas après tout !
Trêve de bavardages, revenons-en à nos moutons ou plutôt à cette expo consacrée à l'Oeuvre de Velazquez. J'avoue que je connaissais assez peu ce peintre car la peinture du XVIIème est assez peu ma tasse de thé. Je trouve les tableaux de cette période bien souvent sombres et trop empreints de religion. Mais la curiosité étant un bien joli défaut, j'ai accepté avec grand plaisir l'invitation au vernissage d'une expo d'une telle envergure. J'ai donc appris qui était Velazquez et qu'il avait peint autre chose que Les Ménines ! Même s'il a très peu peint.
Donc ! Diego Velazquez est né à Séville en 1599. Il met pour la première fois les pieds dans un atelier à l'âge de 12 ans. Il restera en formation dans l'atelier de Francisco Pacheco, excellent pédagogue et homme très érudit, pendant six ans. En 1618 il réussit l'examen de la corporation des peintres et épouse la fille de son ancien maître. Ces années-là sont marquées par un débat très agité sur l'Immaculée Conception. Il s'agit d'une croyance selon laquelle la Vierge fut conçue sans péché (?!). Dans deux tableaux Velazquez se fera l'écho de ce culte, qu'il est de toute façon interdit de critiquer publiquement... sur ordre du Pape. N'oublions pas que l'Espagne de cette époque est extrêmement puritaine et religieuse. L'Inquisition fait rage et on finit très vite rôti sur le bucher !
Velazquez est un jeune homme ambitieux. Son rêve est de devenir peintre du Roi. Il fera donc une première tentative en 1622 à Madrid. Cet échec lui permet de découvrir un nouveau courant venu tout droit d'Italie : le caravagisme et de se faire connaître ne réalisant quelques portraits de personnes puissantes telles que le ministre du Roi, le comte d'Olivares. En 1623, Diego rencontre enfin le souverain, réalise son portrait... L'oeuvre lui plaît : Velazquez devient peintre du Roi Philippe IV. A la cour il fait la connaissance de personnages illustres dont le célèbre peintre Pierre Paul Rubens. Ce dernier convainc de partir se former en Italie. Il part en 1628 et réalisera là-bas deux tableaux " La forge de Vulcain " et " La tunique de Joseph ".
Il revient à la cour en 1631 alors que l'Espagne vit l'apogée du Roi Philippe IV. Le peintre réalise de nombreux portraits du Roi et de son fils Baltasar Carlos. Au fil des années il va gravir les échelons. Il devient contrôleur des travaux de l'Alcazar, conservateur des collections royales. A ce titre, le souverain lui offre un nouveau séjour en Italie afin d'aller acquérir pour lui des oeuvres pour meubler les différentes résidences royales. Il rentre à Madrid en 1651 et la dernière décennie sera consacrée à la réalisation de portraits de la famille royale. Veuf depuis 1644, Philippe IV s'est remarié avec sa nièce Marie-Anne. De cette union naissent la petite princesse Marguerite (dont les portraits sont célèbres et qui n'est autre que la princesse des Ménines) et Felipe Prospero désigné pour succéder à son père sur le trône. Les stratégies diplomatiques et matrimoniales qui découlent de ces naissances exigent une production soutenue de portraits destinés à être envoyés aux différentes cours d'Europe. Velazquez est alors à la tête d'un atelier chargé de produire et reproduire les représentations du souverain et de sa famille.
Diego Velazquez meurt en 1660 après avoir réalisé son rêve le plus fou : intégrer les rangs prestigieux de l'Ordre de Santiago !
Cette exposition remonte le temps de la vie de Diego Velazquez et on peut donc découvrir l'évolution de son art. Bien qu'il ait peint quelques tableaux religieux (principalement dans sa jeunesse), des natures mortes et des paysages (lors de son premier séjour en Italie), Velazquez est avant tout un portraitiste. Il a réalisé de nombreux portraits de personnages de la cour mais également de bouffons, nains et comédiens qui lui permettent d'être moins rigide et d'expérimenter de nouvelles techniques.
Je suis sortie de cette exposition enchantée d'avoir fait connaissance avec ce peintre que je connaissais bien mal. Même si je reste peu amatrice de cette époque. J'ai beaucoup aimé un tableau. Sûrement parce qu'il n'est ni religieux ni lié à la cour. Il s'appelle " La Mulata ". Ah oui... ne cherchez pas Les Ménines. Le tableau est conservé précieusement à Madrid. Par contre vous pourrez voir un petit film de quelques minutes qui en décrypte la composition. Passionnant.
Forcément pour le final en musique, je reste en Espagne avec Gotan Project.