Jean Daive publie Monstrueuse aux éditions Flammarion.
MERCREDI DES CENDRES
L'attente est peut-être le plus difficile
la généalogie depuis la Genèse
de la femme jusqu'à
la perruquière de plateau
qui se charge de serrer le garrot
dans sa robe à volants
un homme
est à l'épreuve
sous une serviette chaude
nouée autour du cou
Il neige -
le poème infléchit la présence
du symptôme
pose la peur
un affaiblissement se traduit
en la contagion
et il est contagieux
Brûler
car il brûle
du feu de -
le son d'une cloche après le son de sa voix
il passe la main, il passe le mur
avec une épaule
il suffit de se jeter dans le feu
dans le fleuve
contre soi
il ne contamine qu'un visage
fantôme
Objet de malheur
n'est pas désigné
mais s'acharne
il n'explique pas
la familiarité et la répétition des scènes -
reste silencieux, décompte une vision
des limites
avec port obligatoire de lunettes de cristal
intercession du tribunal
des morts
Jusqu'aux genoux
à demi
il avance
avec la nécessité de fuir
à demi homme
filet d'air, filet de vie
un besoin de craie
ce charbon
qui brûle l'univers
L'accent parfois est un désenchantement
le soleil
à l'aplomb
d'un clou qu'elle
chasse
ou qu'il enfonce
et j'enfonce mon doigt
dans l'oreille
que ferai faune d'une guerre
si rien ne rappelle -
tous ces corps à devenir
sépultures de tous les corps
à suivre
[...]
Jean Daive, " Mercredi des Cendres ", in Monstrueuse, Flammarion, 2015, pp. 87 à 92.
Jean Daive dans Poezibao :
Bio-bibliographie, Anne-Marie Albiach, l'exact réel (recension Olivier Goujat), extraits 1, autour du Cahier Critique de Poésie, extrait 2, Insincère, très (par A. Malaprade), ext. 3, Onde générale (A. Malaprade)