Godspeed You! Black Emperor
Asunder, Sweet & Other Distress
Constellation Records
****1/2
Avec Asunder, Sweet & Other Distress, la légendaire formation post-rock montréalaise Godspeed You! Black Emperor revient à la vie pour offrir un album somptueux et complexe, fidèle à la tradition poursuivie durant toute sa carrière.Faut l’avouer, je suis pas la meilleure personne pour critique un album de GY!BE. Non pas par manque de connaissance ou d’expertise sur le sujet, mais plus pour le contraire: être trop fan, ça peut te fausser un jugement assez fortement. Pour vous donner une idée, je suis le genre de gars qui est capable de chantonner leurs pièces, le gars qui se ferait tatouer «F# A# ∞» sur le chest n’importe quand et qui a déjà écouté Asunder quinze fois au moment de rédiger cet article, soit le jour même de la mise en streaming de l’album. Qu’à-cela ne tienne, je vais me lancer dans une critique de ce que je me plais déjà à nommer «une des meilleures choses que tu vas avoir entendue en 2015».
Asunder, propose une démarche toujours plus exploratoire. L’album est composé à près de 50 % de noise totalement déconnecté et de musique somptueuse comme eux seuls peuvent en faire pour le reste. L’ouverture, Peasantry, or Light! Inside of Light!, avait déjà été partiellement offerte en streaming à la mi-février et reste pas mal la meilleure partie de l’album – je dis ici partie plutôt que pièce parce que, comme d’habitude, tout est trop lié en un seul énorme bloc musical pour clairement démarquer les chansons –, avec la fermeture, Piss Crowns Are Trebled, les deux seuls sections à majorité constituées de notes audibles. Le reste c’est du bruit. Mais du beau bruit, faut pas se méprendre!
Parce qu’avec ce groupe-là, les modes de pensée se mélangent. La conception de la musique que tu as toujours eue se détend, s’efface un peu pour laisser place à une espèce de néant intellectuel, d’état méditatif nécessaire pour en faire une bonne écoute. J’ai toujours été le genre de gars qui, quand il va dans un concert de l’OSM, préfère les sons d’apocalypse de l’orchestre qui se réchauffe. C’est ce genre de son extrêmement riche et vaste que va te procurer GY!BE et encore plus particulièrement sur ce dernier album qui contient trop de layers différents dans l’enregistrement pour qu’ils puissent être clairement différenciés et organisés à l’oreille. Du côté de la construction sonore et de l’organisation du mix, Piss Crowns, c’est du génie, et le reste frôle la perfection d’assez près aussi.
Vous vous rendrez compte que cet album, c’est réellement une bombe art-rock/post-rock qui amène vraiment plus loin que pas mal tout ce que tu as entendu à date en 2015, genre l’album de Yoan.