Retour pour la journée à l’hôpital avec Toddler 5 dans la joie et la bonne humeur. Le secrétariat s’est rendu compte hier que sa radio de contrôle était prévue pour un jour férié (good Friday, le vendredi de Pâques) et l’a donc changé tambour battant pour ce matin.
On commence avec le sourire (où est ma kalachnikov, que je leur ventile leur hôpital? ) par 15 minutes d’attente…à l’accueil. Juste pour s’échauffer un peu. La sorcière moustachue charmante réceptionniste nous demande notre lettre pour le rendez-vous. Ça commence fort, puisqu’on en a pas. On sent de suite qu’on des éléments perturbateurs pour ne pas dire subversifs qui ne font rien qu’à déstabiliser le NHS, par pure mesquinerie. C’est possible, mais c’est vous qui nous avez téléphoné hier pour changer le rendez-vous. Bon, d’accord, ça passera pour cette fois. Ouf, on a gagné le droit de pénétrer dans la première salle d’attente, celle pour les radios, sans avoir un gage. Mais on n’a pas intérêt à faire nos malins, les trolls haineux aimables secrétaires du NHS nous ont à l’œil. Un panneau lumineux annonce fièrement que le temps d’attente pour les radios aujourd’hui est de 6 minutes. Pourtant la salle est bondée. J’adore l’humour décalé du NHS. Une heure plus tard, on y est encore. Toddler 5 est terrorisé, je suis hysterique, Marichéri est un saint et reste calme.
Finalement le radiologue portugais vient nous chercher et Marichéri se défile « non, mais vas-y toi pour le tenir de force pendant qu’il se débat et hurle comme un dément, t’as l’habitude maintenant ». Je retire ce que je disais plus haut, finalement, c’est raté pour son auréole! Toddler 5 s’égosille de trouille pendant que le radiologue me complimente sur mon français. C’est gentil, mais c’est quand même ma langue maternelle. Oui, mais c’est très dur, lui il n’a jamais pu l’apprendre. Alors que moi, hop, je rassure Toddler 5 en français (et en pure perte) et j’enchaîne direct en anglais avec le radiologue….comment dirais-je? Vous parlez bien portugais et anglais vous? Oui, mais le portugais, c’est facile. Bon, je ne vais chercher pas à comprendre, on va lui faire un sourire poli et attendre patiemment la suite. Et donc, je me retrouve harnachée dans une tunique en plomb de 25 tonnes avec des petits poneys dessus, étalée de tout mon long sur le brancard où mon petit garçon se débat en hurlant…A la troisième tentative, le radiologue réussit une très jolie prise du fémur droit de Toddler 5 et de ma main gauche, agripée à sa cheville. C’est un progrès, celle d’avant, il a eu mon coude et les orteils du petit bonhomme qui essaie de s’échapper du brancard par tout les moyens, y compris sonores.
On ressort de là aussi échevelé l’un que l’autre, sous les sourires narquois de Marichéri. Il parait que je suis coiffée comme Mickey, avec des touffes de bouclettes à la place des oreilles. Toddler 5 retrouve les bras de son papa avec bonheur et me jette des regards noirs. Petit ingrat. On peut maintenant passer à la deuxieme salle d’attente, celle pour voir le médecin. On progresse à vue d’œil. Ça fait à peine deux heures qu’on est là. Toddler 5 broute un gâteau au chocolat pour se remette de ses émotions et je récupère discrètement mon serre-tête tombé dans mon décolleté pendant le pugilat la radio. Étant d’une patience rare (c’est à dire que je suis rarement patiente), je demande poliment autour de nous pour savoir qui doit passer avant Toddler 5. Il y a juste une dame avec une fracture du bras. Ouf, ça ne devrait pas être trop long, surtout qu’au bout de 10 minutes une infirmière arrive pour prévenir cette pauvre femme qu’elle poireaute au mauvais endroit. Son docteur à elle n’est pas là, elle doit aller à l’autre bout du couloir. Ce léger malentendu est entièrement de la faute de son dossier qui s’est perdu tout seul en parcourant les couloirs de l’hôpital sur ses petites jambes musclées. Quel empoté, ce dossier!
Une infirmière appelle finalement Todller 5, enfin elle ânonne une espèce de gloubiboulga mâchouillé, mais on a l’habitude. Elle est comme le radiologue portugais, le français ne devait pas être son point fort à l’école. On rassemble nos affaires (on avait commencé à installer le campement pour la nuit, vu comme c’était parti) poussette, gâteaux, sacs divers. Dans la précipitation, j’enfile mon manteau en catastrophe et me coince le bras dans la doublure. Je suis Marichéri et Toddler 5 avec des airs de pingouin en pleine crise d’épilepsie en battant de l’aile désespérément pour me dégager la main. On attend donc toujours le docteur, mais dans la salle de consultation maintenant, que Toddler 5 qui a fini son gâteau, redécore gentiment en s’essuyant les mains légèrement maculées de chocolat sur les murs blancs. Il a raison, c’était tristounet comme décor, alors que d’un coup, il lui donne des allures de grotte préhistorique avec peintures rupestres.
Tout ça pour que le docteur nous dise que ça suit son cours, et qu’on enlèvera le plâtre de Toddler 5 dans deux semaines. Marichéri et moi étions déçus. Mais Toddler 5, qui lui n’avait rien compris des opérations précédentes et était juste terrorisé de se retrouver encore à l’hôpital, était soulagé de repartir à la maison. Rendez-vous est pris (j’ai demandé que la secrétaire nous imprime une lettre sur place), on commencera par la plaster room, non pas pour faire un buste de Toddler 5 ni un bas-relief pour finir sa déco dans la salle de consultation, mais pour tout enlever, puis encore radio et docteur. Youpidoo.