Titre original : The Walking Dead – Season 5
Note:
Origine : États-Unis
Créée par : Frank Darabont, Robert Kirkman
Réalisateurs : Greg Nicotero, David Boyd, Jeffrey F. January, Michael E. Satrazemis, Ernest Dickerson, Seith Mann, Billy Gierhart, Julius Ramsay, Larysa Kondracki, Jennifer Lynch.
Distribution : Andrew Lincoln, Norman Reedus, Steven Yeun, Lauren Cohan, Chandler Riggs, Danai Gurira, Melissa McBride, Michael Cudlitz, Emily Kinney, Chad Coleman, Sonequa Martin-Green, Lawrence Gilliard Jr., Josh McDermitt, Christian Serratos, Alanna Masterson, Andrew James West, Seth Gilliam, Tyler James Williams…
Genre : Horreur/Gore/Drame/Adaptation
Diffusion en France : Orange Cine Choc
Nombre d’épisodes : 16
Le Pitch :
Prisonniers des occupants du Terminus, Rick et ses amis attendent de connaître le sort qui leur sera réservé. Tombés entre les mains de psychopathes bien plus dangereux que les morts-vivants qui peuplent désormais le monde, ils s’apprêtent à livrer une nouvelle bataille pour leur vie. À l’extérieur, pendant ce temps, Carol et Tyrese progressent quant à eux vers le Terminus, lorsqu’ils comprennent dans quelle situation se trouvent leurs compagnons d’infortune. Plus que jamais survivants, face aux rôdeurs et à des êtres humains qui ont souvent perdu tout contrôle, Rick, Michonne, Daryl, Glenn, Maggie et les autres ne sont pas au bout de leurs surprises…
La Critique :
On ne va pas se mentir : la quatrième saison de The Walking Dead avait un peu plombé l’enthousiasme. Trop de longueurs, trop de pistes sous-explorées, un éparpillement inexplicable des personnages, et des enjeux dilués, avaient rendu ce fleuron de la série horrifique beaucoup moins palpitant qu’au début. Pourtant, la conclusion du dernier acte, tendue au possible, laissait espérer un réveil salvateur et un déchaînement de violence. Prisonniers d’une bande de psychopathes au Terminus, parqués dans un container, Rick et ses potes semblaient bien mal partis pour rallier Washington et son prétendu remède à l’épidémie zombie qui ravage la planète.
Alors oui, le premier épisode est probablement un des meilleurs toutes saisons confondues. Incroyablement brutal, gore comme jamais, marqué par un désespoir prégnant, il remet le show sur des rails qu’il n’aurait jamais dû quitter. Rapidement malheureusement, la routine reprend ses droits et The Walking Dead de battre la campagne en enchaînant les passages contemplatifs aussi ennuyeux que dommageables à la rythmique…
La cinquième saison confirme une tendance que la série inspirée du comic de Robert Kirkman, semble avoir définitivement adopté. La structure est connue, et la série est fatalement, un poil plus prévisible qu’avant, même si l’intrigue se détache encore plus de la bande-dessinée, sans toujours justifier ses choix. On commence donc avec un épisode bien saignant, rempli d’action à raz la gueule et percutant comme il se doit. Le second calme un peu le jeu mais reste calé sur une rythmique nerveuse. Ensuite les choses se posent et on nous explique à quel point nos héros sont torturés. Regards dans le vide, discussions existentielles, tout l’attirail est là. Histoire de faire bonne mesure, de temps en temps, des zombies se radinent et se fond buter de diverses façons. The Walking Dead a toujours brillé grâce à ses exécutions de morts-vivants et quitte à se répéter, il faut au moins lui reconnaître une certaine inventivité sur ce plan. Zigouillage de rôdeurs, discussions, zigouillage de rôdeurs, discussions… Vient alors la fin de la première partie de la saison et son cliffhanger censé nous donner envie de revenir plusieurs mois plus tard. À son retour, pour l’épisode 9, le show reprend sa progression, studieusement : gros premier épisode puis retour au calme, aux larmes, aux interrogations existentielles et au zigouillage de zombie. En une quarantaine de minutes, l’intrigue n’a pas trop le temps d’avancer et on comprend mieux pourquoi les producteurs espèrent cumuler au final une quinzaine de saisons. Pourquoi, mais aussi comment, soit en tirant un max sur la corde, en évitant de prendre trop de risques.
Contrairement à Game of Thrones, qui a su également s’éloigner des livres pour explorer ses propres pistes, tout en restant fidèle à la vision de l’écrivain, The Walking Dead se la joue solo et s’est perdu en chemin, au rythme de rebondissements prévisibles, efficaces une fois sur deux. Pourtant formidable, le comic est laissé de côté. Tant pis pour les incroyables scènes qu’il aurait pu offrir à la série…
Autre détail qui a son importance : The Walking Dead cherche clairement à durer. Quand des shows comme Les Soprano, Oz ou encore Sons of Anarchy avaient, dès le départ, une durée de vie programmée, les zombies de Greg Nicotero et de ses potes veulent rester à la une aussi longtemps que possible. Une volonté qui se traduit à l’écran par trop d’épisodes dans lesquels il ne se passe rien ou presque. The Walking Dead exploite jusqu’à la corde ses bonnes idées au point de tuer dans l’œuf toute la flamboyance potentielle. Idem pour la plupart des personnages, sacrifiés sur l’autel d’une démarche opportuniste. Rick reste très présent c’est sûr, mais Daryl joue les intérimaires. Pareil pour Glenn ou Maggie, tandis que Carol s’impose mais pas forcement de manière très convaincante. Pour résumer et en exagérant à peine, soit les protagonistes sont scandaleusement survolés, soit ils tombent dans l’excès, soit ils sont inintéressants au possible, à l’image du Père Gabriel, l’un des personnages les plus inutiles et irritants de toute l’histoire de la télévision.
L’écriture est donc salement paresseuse mais pas seulement, puisque les scénaristes profitent de cette saison pour rendre certains personnages complètement borderline. Pas forcément dans le bon sens, comme Carol, qui devient complètement à la masse, déteignant un peu sur un Rick de plus en plus extrême lui aussi. Les réactions de ces derniers sont, surtout dans la deuxième moitié, franchement débiles, mais aussi inexplicables. Surtout quand on superpose ces réactions à des métaphores de bazar savamment disséminées dans les dialogues ou en arrière-plan, tel ce ballon rouge qui s’envole alors que s’évanouit l’innocence, pour bien souligner que ça va chier et que non, nos héros ne sont pas encore arrivés au bout du chemin.
Un chemin bien trop long, qui part dans tous les sens. Pourquoi multiplier les pistes si c’est pour les laisser en plan avant de se rattraper aux branches (voir le retour de Morgan) ? Pourquoi nous tenir le bec dans l’eau sans cesse ? Pourquoi tabler à ce point sur des épisodes transitoires inutiles, si ce n’est pour atteindre le quota d’épisodes demandés ? La mise en chantier de Fear The Walking Dead, le spin of de The Walking Dead va dans ce sens et prouve que les showrunners ont choisi d’opter pour la quantité avant de penser à la qualité. Se focaliser sur la série avant d’aller voir ailleurs aurait été préférable.
Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire pour The Walking Dead d’aller au front. D’allier ce joli jusqu’au-boutisme encore présent mais trop étouffé, à une écriture vive et audacieuse. La série se prend trop souvent les pieds dans le tapis à trop vouloir ménager ses effets. Quand on regarde attentivement le dernier épisode par exemple, pourtant deux fois plus long que les autres, cette tendance au sur-place est flagrante. De quoi dégoutter certains fans de la première heure qui se sont déjà tournés vers la concurrence. Vers des shows comme Z Nation. Des trucs peut-être plus débiles mais complètement assumés dans leur grand-guignol et non motivés par des prétentions qu’ils ne sont pas en mesure d’illustrer. C’est précisément là où se trouve The Walking Dead. Plus que jamais sur la brèche, à la croisée des chemins. Et ce n’est pas le dénouement de cette saison qui apporte de quoi envisager l’avenir de la série avec sérénité, même si, encore une fois, la qualité de la réalisation (un des épisodes est piloté par la fille de David Lynch) et des effets-spéciaux, alliée au jeu des acteurs, sauve les meubles.
@ Gilles Rolland